La Confession de Caen

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J'ai façonné la terre à la sueur de mon cœur.
Dans l'horizon qui pâlit.

J'ai brisé mon dos dans mon labeur
Tandis que le bétail tu conduis.

Retournant l'humus aride et décharné
De cette terre sombre et stérile.

J'ai fait germer l'orge et le blé
Dans cette prairie où tu dors tranquille

Défrichant le chiendent.
Arrachant l'ivraie.
Où d'épreuve mon corps s'abîme.

Dans ces pâturages où tu flânais
Tant de fois j'ai courbé l'échine.

Dans la besogne de mon ouvrage,
J'ai recherché SON* amour

Afin de guider mon courage
Je n'ai cessé de compter les jours.

J'ai œuvré à ma tâche dans le sursaut de l'hiver.
J'ai noyé mon chagrin, puis ma rage dans mes prières.

Mais puisqu'IL * t'a choisi, et que moi IL me laisse.

Puisque toi IL bénit, tandis que moi... IL blesse.

J'ai laissé en mon âme germer un fruit,
Celui de la détresse.

Une jalousie qui détruit l'amour, l'écorche, la blesse.
Une plaie violente, qui de grandir jamais n'avait de cesse.

Souillant le jardin d'Eden par mon crime.
Jetant ainsi nos deux vies dans l'abîme.

Mais à présent que me reste-t-il
devant l'Eternel.
Puisque de moi j'ai tué la partie la plus belle.

Toi, mon frère.

Abel.

J.M

(*Dieu)

Poèmes : Courtiser le silence Où les histoires vivent. Découvrez maintenant