Tout commence lorsque Jungkook tombe amoureux d'une mélodie qui émane d'une vielle maison. Quand il trouve la porte de la demeure ouverte, il ne manque pas une seconde pour y entrer
- jιĸooĸ [지국]. ⚣
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Ce matin, il pleut. Comme si la météo avait décidée de refléter ce que l'adolescent ressent depuis tant d'années. Quel sentiment me demanderez-vous ?
Jungkook est triste, mais ce n'est pas nouveau ; cela est récurrent comme une habitude. Il n'y a pas vraiment de raison à cela ; c'est comme son être était devenu triste de vivre une vie monotone sans sentiments particuliers. Ses yeux semblent fermés aux pastels des couleurs pour ne plus s'entrouvrir qu'à l'obscurité de la nuit. Il avance, il recule, mais ce n'est qu'un mirage car il ne bouge pas, il ne change pas ; tout reste pareil.
D'un pas lent et las, il entre dans son établissement scolaire, les yeux fatigués et le moral à plat. Encore une journée comme les autres, vide de toutes émotions et aussi terne que le temps qu'il fait. Comment aller mieux si la routine nous colle à la peau ? Se lever le matin, faire le petit-déjeuner pour sa tante et son mari, aller en cours, entendre les professeurs déblatérer des paroles que les lycéens vont probablement oublier d'ici la fin de l'heure - enfin s'ils entendent -, et pour finir, retourner à la maison pour rejouer la bonne à tout faire. Est-ce mal de vouloir changer ? Changer d'air, de ville, de vie. Changer tout. Mais comment faire si on n'a pas de rêves ? C'est donc pour échapper à ces jours gris qu'il lit ; parce que c'est justement dans la poussière des mots que naissent les rêves.
Le noiraud se dirige calmement vers sa chaise, contrairement à ses camarades qui, eux, restent debout ou prennent tout naturellement place sur leurs tables. Le professeur fait son entrée et le vacarme se tait aussitôt. Les adolescents s'assoient convenablement, non sans râler. Le journée de cours commence et Jungkook sens d'ores et déjà ses paupières s'alourdir petit à petit.
À quoi bon étudier ces choses ? Chaque seconde que nous vivons est un moment nouveau et unique, un moment qui ne reviendra plus jamais.. Et qu'enseignent les professeurs aux élèves ? Ils leur enseignent que deux plus deux font quatre, et que Paris est la capitale de la France. Quand vont-ils leur enseigner à savoir qui ils sont vraiment ? Ils devraient dire à chaque élèves : Sais-tu qui tu es ? Tu es une merveille. Tu est unique. Depuis le début des temps, il n'y a jamais eu une personne comme toi. Tes jambes, tes bras, jusqu'à l'agilité de tes doigts. Tu pourrais être un Baudelaire, un Beethoven, un Michel Ange, un Pablo Picasso ou encore un Albert Einstein. Tu peux faire tout et n'importe quoi. Ton intelligence n'est guère définie par une simple note marquée avec un stylo rouge sur ta copie. Ces choses sont tellement plus importantes pour la construction d'un être humain que d'écouter les enseignants étaler un programme qui n'a ni queue ni tête sur la pollution. Mais cela, personne ne semble vouloir le comprendre.
La cloche de midi sonne enfin et tous les camarades de classe du brun se précipitent vers la sortie, un peu comme s'il y avait le feu dans la classe, tandis que le noiraud prend son temps et sort de la pièce sans se presser. Après tout, il ne vas pas manger. Il monte d'un pas las les escaliers afin de se retrouver dans le toit de son école ; le seul endroit calme et reposant selon Jungkook. Lorsqu'il ouvre la porte, il est surpris de voir un élève de terminal, qu'il connait vite fait assit à sa place habituelle. Kim Seokjin est l'un des garçons les plus populaire, et cela se comprend rien qu'en voyant son visage parfait.
- Seokjin ? Qu'est ce que tu fais ici ?
- oh, Jungkook. Lâche le blond, se rendant compte de la présence de son cadet. Je venais juste reproduire le paysage pour mon cours de dessin. Le ciel est étonnement ensoleillé ; ce matin, il pleuvait des cordes. C'est super joli.
- ouais.. dit-il d'un ton détaché. Le ciel est beau tout le temps.
-J'ai remarqué depuis le collège que tu étais un garçon bizarre, et ça me rend curieux. Parle-moi un peu de toi.
- de quoi veux-tu que je parle ? Je suis une personne banale.
- pas la moindre idée, rit il. Par exemple, à quoi tu penses, maintenant ?
- À quoi je pense ? Répète le brun en regardant le ciel. Je ne sais pas, c'est difficile à expliquer.
- et si tu devais te décrire en un mot, lequel serait-ce ?
- je ne sais pas.. je ne me connais pas encore assez bien pour pouvoir me décrire.
- je vois.. tu n'as pas d'amis qui pourraient le faire ?
- non, je n'en ai pas. Pardon, mais je trouve cette discussion un peu gênante, est ce que...
- mes excuses, je vais arrêter de poser des questions étranges.
Après avoir discuté un peu plus avec son aîné, les deux jeunes hommes sont maintenant obligés de repartir en cours pour d'autres heures de torture d'esprit. La journée se termine lentement, comme une bougie consumée par le feu, et Jungkook peu désormais repartir chez lui. Il s'est remit à pleuvoir entre temps et heureusement qu'il n'a pas laissé son parapluie dans son casier. Lorsque l'adolescent passe devant une maison en particulier, il ne peut s'empêcher de s'arrêter en pleine route afin de tendre l'oreille vers la douce mélodie qui le charme tant. Cette mélodie qui donne une âme à son cœur et des ailes à sa pensée. Rare sont les gens qui savent apprécier une bonne musique, parce qu'ils ne prennent pas le temps d'aller plus loin que le bruit que produit l'instrument.
Depuis son arrivée dans cette ville, après la mort de son défunt grand-père, Jungkook a pris l'habitude d'entendre ces notes de piano si belles sortir d'une vielle maison. Il passe d'ailleurs par ce raccourci exclusivement pour cela. Les gens racontent que cette demeure est hantée, mais cela reste de simples rumeurs. C'est vrai que c'est étrange d'entendre de la musique sortir d'une maison abandonnée depuis maintenant vingt-cinq ans et dans un sens, c'est cela qui fait la beauté des choses. En plus, cette personne joue tellement aisément que s'en est effrayant, en passant par Fantaisie interrompu au Vol Du Bourdon, sans compter quelques morceaux que Jungkook devine composer par ce mystérieux inconnu.
Ce qu'il aimerait entrer dans cette maison pour voir de qui il s'agit. Il imagine déjà la bouille concentrée d'un garçon aux allures d'ange avec un fin rayon de soleil qui traverse la pièce et qui s'échoue au niveau de son visage ou de ses yeux, assis en face de son vieux piano tout en faisant glisser ses doigts habiles sur les touches blanches. Mais ce n'est qu'une envie ; il n'oserait jamais.
