Ses pas saccadés martelaient le linoléum. Sa respiration haletante emplissait les murs du couloirs. Les portes bâtantes de la morgue s'ouvrirent brusquement, et le médecin légiste au nez boursouflé poussa un cri fort peu viril lorsque les poings de Komaru s'abattirent sur la surface de la table sur laquelle il s'efforçait d'examiner ce qui devait rester d'un bras. Tout tremblotant, le médecin se débarrassa de ses gants en latex, reposant son scalpel sur une petite table à roulette et recouvrit les restes d'un draps blanc. A son tour il posa ses mains sur la table et se pencha vers son visiteur.
- J'ai toujours su que tu voulais ma mort mais là...
Komaru l'interrompit d'un claquement de langue et lui jeta un regard peu avenant, il passa sa main dans ses cheveux noir de jais en s'efforçant de reprendre sa respiration que le poids sur son abdomen rendait difficile.
- Tu as du temps là? demanda-t-il d'une voix que son souffle rendait difficilement compréhensible. Le médecin gratta du bout des doigts sa barbes naissante en l'observant.
- Un cas ? fit-il en rangeant sa petite table à roulette dans un coin. Komaru parcouru la pièce des yeux, cherchant une chaise du regard, n'en trouvant pas, il décida de s'asseoir à même la table d'autopsie, sans aucune gêne.
- Quelque chose ne va pas chez moi... avoua-t-il en baissant les yeux sur ses paumes tentées de rouge. Le vacarme du médecin rangeant son matériel s'éleva dans la pièce, et Komaru eut la vague impression que l'homme de science l'ignorait royalement, ce qui l'irrita particulièrement. Il regarda le petit homme bossu s'activa à ouvrir un tiroir mortuaire et avec un soupir pivota vers l'inspecteur en s'appuyant sur la table et lui jeta un regard perplexe.
- Allons bon... fit-il en levant les yeux au ciel. Puis soudain il paru se rendre compte d'une chose, ses yeux se mirent à pétiller, remarque, je me demande si tu n'es pas anormal de naissance. Un petit rire nasillard s'éleva, faisant remonter un grondement dans la gorge de Komaru. L'inspecteur se redressa et s'avança, le regard fermé. Il agrippa le col serré du médecin et planta ses yeux dans ceux du petit bossu.
- Examine-moi, articula-t-il sévèrement. Le sourire du légiste l'abandonna immédiatement et il prit une expression professionnelle, d'un revers de la main il balaya la poigne de Komaru et posa ses poings sur ses hanches comme une mère l'aurait fait pour réprimander son enfant.
- Tu es assuré? demanda-t-il d'un air las.
- Bien sûr, fit Komaru en reprenant une posture nonchalante.
- Alors va voir un médecin ! s'écria-t-il en le contournant pour se réfugier de l'autre côté d'une table mortuaire, je te promets que si tu meurs, j'en trouverais la cause, fit-il en désignant la table devant lui avec un large sourire. Prit d'une soudaine bouffée de rage mélangée à de la frustration, Komaru abattit ses deux poings sur la table à défaut de pouvoir les abattre sur le nez du légiste, un grand bruit souligna sa fureur et sa voix haussa d'un ton.
- C'est maintenant que j'ai besoin d'aide ! gronda-t-il, les yeux assassins. Le médecin sursauta, à deux doigts de faire un bond en arrière, il fit mine de trier ses ustensiles pour garder bonne figure.
- Écoute Ko', bredouilla l'homme en contournant lentement la table, tu ferais mieux de te trouver un vrai médecin, fit-il en lui désignant les portes à battants, je ne peux rien pour toi, et si jamais je te trouvais un truc, je pourrais même pas te prescrire quoique ce soit, dit-il d'un air désolé peu convaincant. Le brun ouvrit la bouche pour répliquer, mais il se tut, il finit par s'en aller avec un claquement de langue agacé. Les portes claquèrent à sa sortie.- Merde ! gronda-t-il, merde ! Merde ! ne cessait-il de répéter alors qu'il envoyait son poing contre le mur, la frustration irradiait de son corps et il n'avait d'autres options que de l'éliminer en frappant le béton froid du couloir. Il frappa une bonne dizaine de fois, redoublant de puissance dans son coup à chaque fois, il ne s'arrêta qu'une fois ses phalanges trop douloureuses, égratignées et rougies, il ne tenait pas non plus à s'immobiliser les doigts, l'arrêt de travail, pas question. Il pivota en direction des ascenseurs, sa main ramener contre son torse, et ce ne fut que quand il leva les yeux en direction du couloir qu'il aperçu Seiso, appuyé d'une épaule contre le mur, posté à mois de deux mètre de lui, l'air las. Komaru l'observa à son tour avec une sorte d'animosité dans le regard, ils se regardèrent en chien de faïence quelques secondes à peine.
- Quoi ? lui cracha le brun avec hargne. Sursautant presque, Seiso leva ses mains à la manière d'un criminel se rendant au force de l'ordre, agacé par l'irrespect de son collègue il fronça les sourcils.
- Un problème Ko...-
- Je n'ai aucun problème! hurla-t-il de toute la puissance de sa voix provoquant un violent sursaut de son collègue. La tête lui tournait et le poids pesant sur son abdomen le rendait presque fou, il leva sur Seiso un regard confus, haletant il passa une main dans ses cheveux. Seiso avança d'un pas, mains tendues, et proféra quelques mots dans le but de l'apaiser. Komaru poussa un long soupir, mélangeant épuisement et frustration. Il leva le poing tandis que Seiso se tendait comme un arc, prêt à recevoir un coup, crispant ses doigts. Mais à la grande surprise du blond, quelque chose de rêche et de chaud se plaqua contre sa paume, il ouvrit les yeux, réticent, puis se détendit immédiatement en voyant son collègue fixant le sol, son regard se porta vers sa main tendue, et constata que c'était le poing de Komaru qui était venu se poser contre. Un petit rire gêné s'éleva et il pressa amicalement le poing de l'inspecteur, que ses phalanges douloureuses firent tressaillir légèrement.
- Je me suis laissé emporter, bredouilla le brun. Seiso s'avança vers lui et lui donna un bourrade amical sur l'épaule en partant d'un rire emplissant tout le couloir. Komaru ne pût d'empêcher de se gratter nerveusement la nuque.
- T'as pas intérêt à venir bosser dans cet état là, va plutôt passer tes nerfs dans la salle de sport du vingt-troisième étage, dit-il en pointant le plafond du doigt. Komaru leva des yeux éreintés sur lui et se contenta d'acquiescer d'un hochement de tête. Seiso Sakamura recula de quelques pas.
- Je préviendrais le chef, dit-il en pivotant, et je m'occuperais de ta charmante collègue, précisa-t-il en lui offrant un clin d'œil charmeur.
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Les deux Dragons [EN PAUSE]
ActionAvery Kasawa, jeune japonaise à moitié Américaine ayant tout juste réussie son concours d'entrée dans la police que la voici engagée par un mystérieux bienfaiteur dans la section criminelle de Tokyo par dérogation, elle n'a pas le temps de faire la...