La voiture de service entama sa descente dans le parking humide à l'allure du pas. La grande surface de béton était étonnamment silencieuse et pas un chat ne traînait là. Seuls les néons au plafond diffusaient une lueur blafarde qui permettait au conducteur de se guider, les deux occupants du véhicule restaient muet, comme pour respecter le silence de l'endroit. Quelques bruits d'au dehors filtraient à travers les murs, des sirènes, des cris dans un haut-parleur, la panique. Il gara l'automobile un étage plus haut, dans le silence le plus complet, le grondement du moteur se tut, les portières s'ouvrirent avec lenteur, précision et se refermèrent avec précaution. L'homme au cheveux de jais capta le regard de la jeune femme, et, en apposant son index sur ses lèvres, lui intima le silence, elle hocha la tête. Tous deux portèrent leurs mains à leurs armes, défaisant l'étui, prêts à dégainer. À pas de loup, l'inspecteur vint se poster, dos contre le pilier soutenant le plafond du parking, d'un geste de la main il désigna, la colonne en face de lui, intimant des yeux à l'inspectrice d'y aller. Celle-ci s'y dirigea, à grands pas, le plus silencieusement possible. L'un en face de l'autre il se fixèrent dans le mutisme le plus total. Attendant leurs ordres.
Genoux ramenés contre son torse, il ne pouvait s'empêcher de fixer le corps inerte de la jeune femme abattue froidement quelques minutes plus tôt par leur geôlier. L'expression de terreur gravée sur ses traits lui glaçait le sang, il n'avait qu'une seule envie, détourner le regard, pourtant quelque chose l'en empêchait quelque chose d'incompréhensible, ses yeux refusaient de lui obéir, il était condamné à scruter la mort dans les yeux, ses yeux, terrifiés, mouillés de larmes, et vidés de toutes étincelles, sa bouche entre-ouverte dans un dernier cri, figée dans le temps, ses joues creuses, sa peau blafarde, elle ne cessait de le fixer, comme pour le prévenir, ou bien se moquer.
« C'est toi le prochain ! C'est toi le prochain ! » criait-elle. Chaque membre de son corps tremblait, les sanglots de la petite semblaient lui vriller les oreilles et il lui était incapable de penser, son cerveau était comme brouillé, la panique le gagnait peu à peu, sa cage thoracique se soulevait et s'abaissait à une vitesse ahurissante, l'air sifflait dans ses poumons, sa gorge, sa bouche. Tout semblait l'oppresser, l'oxygène devenait soudain lourd, le compressant contre le sol. « Je ne veux pas mourir! Arrêtez le! Je ne veux pas! » étaient les seuls mots qu'il était capable de penser. Ses yeux embués de larmes, son visage crispé de douleur, d'anxiété, de tétanie. Le ravisseur glissa son regard fou sur lui, et soudain, chaque parcelles de sa peau se mirent à le picoter tout devînt néant. Il l'avait vu. Il allait mourir, c'était sur. Il était mort, il le sentait, peut-être pointait-il déjà son arme sur lui ? Qu'attendait-il pour tirer ? Son supplice allait prendre fin, ça y est, il allait mourir. Un mouvement presque imperceptible dans le fond de la salle attira son regard, les tremblements de sa lèvres inférieur se calmèrent superficiellement, il plissa les yeux, incertain. Il lui semblait avoir aperçu quelque chose, une tache noire se déplacer en ligne droite d'un pilier à un autre, un mouvement vif, tellement qu'il en vint à se dire que ce devait être un oiseau et ses tremblements reprirent de plus belles. Il entendit le cliquetis d'une arme, et il ne pût se retenir, son hurlement emplit tout le parking du premier au dernier étage, il hurlait, expulsant tout l'air disponible dans son thorax, comme par réflexe il s'était levé, et s'était précipité vers la sortie la plus proche. Il ne sentait plus rien, seulement ses pieds marteler le sol, ses chaussures torturant le béton.La détonation fût longue, si longue, ricochant sur chaque parois de l'immeuble, l'écho ne cessait de narguer les prisonniers. Son corps s'écroula lourdement sur le sol, son cri cessa dans un gargouillis, et un liquide carmin et poisseux s'écoula tranquillement sur sa chemise. Des exclamations de stupéfaction s'élevèrent, quelques bruits de régurgitation accompagnèrent le tout.
Terrorisée, elle porta sa main à sa bouche pour réprimer un hurlement. Sa main tenant son arme ne cessait de trembler et elle menaçait dangereusement de la faire tomber et de hurler une fois pour toute. Le cri, la course, la détonation, le son produit par le corps lorsqu'il s'était écroulé, tout ne cessait de se ressasser dans son cerveau, elle se sentait au bord de la panique, la nausée aux portes de ses lèvres. Son corps secoué de tremblements comme une feuille ballotée par le vent. Elle laissa échapper un petit geignement plaintif, qu'elle étouffa du mieux qu'elle pût. Ses yeux trempés ses levèrent vers son collègue. Elle ne pût capter son regard, son visage étant orienté de l'autre côté, mais elle perçut très nettement la blancheur de ses phalanges crispées sur la crosse de son arme. Elle ouvrit la bouche dans l'intention de dire quelque chose et tendit le bras vers lui. Elle voulut l'appeler mais sans succès, elle ne réussit qu'à geindre une nouvelle fois, geignement qu'elle ne put réprimer cette fois.
Alerté par le gémissement d'Avery, il lui avait dédié un regard noir, lui intimant de se taire, plusieurs petits sons incontrôlables, des sanglots, ne cessaient de s'échapper d'entre ses lèvres. Percevant le mouvement du criminel dans leurs directions, il prit la décision qui s'imposait.
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Les deux Dragons [EN PAUSE]
ActionAvery Kasawa, jeune japonaise à moitié Américaine ayant tout juste réussie son concours d'entrée dans la police que la voici engagée par un mystérieux bienfaiteur dans la section criminelle de Tokyo par dérogation, elle n'a pas le temps de faire la...