L'étrange cas John Doe - PAUSE-

Prologue

-Comment allez-vous aujourd'hui John ? 
-Comme hier. 
Le médecin se rabattit sur son fauteuil et observa son patient. John était avec eux depuis 2 ans et il lui semblait toujours aussi renfrogné. Il devait le pousser pour qu'il parle un minimum. Il se souvint de leurs premières séances. Il était muet comme une carpe et regardait dehors. 
-Vous avez fait un cauchemar cette nuit ? 
-Pourquoi me posez-vous la question alors que vous savez les réponses ? 
Le médecin sourit et croisa ses mains. 
-Oui, répondit le patient au bout d'une minute. C'est toujours la même chose mais ça devient de plus en plus absurde. 
-Absurde ? 
-Oui. Je suis dans cette maison délabrée avec cet homme qui vocifère qui me frappe et il se retrouve projeté au mur.. comme par magie et je vole. La femme au sol prend une baguette et jette un sort à l'homme à terre.
Il semblait furieux et confus. Ses yeux noirs corbeaux brillaient de fureur. 
-Vous m'aviez dit que si je faisais des cauchemar, c'était mon inconscient qui essayait de me parler. Que dois-je en conclure ? Que je suis un sorcier ou que vous vous êtes trompés ? Parce que sauf preuve du contraire, la magie ça n'existe pas. 
-Je pense surtout que c'était un cauchemar. L'infirmière en chef m'a dit que vous aviez regardé un film avec les enfants du centre. 
-Je m'ennuyais et eux aussi. Vous ne pourriez pas leur proposer une activité ludique ? 
-DE quoi parlait-il ce film ? 
-De sorcellerie.
John se leva et fit les cents pas dans le bureau avant de s'arrêter devant la plante qui prenait la poussière dans un coin. 
-Que dîtes-vous John ? 
-Je me demandais pourquoi je confiais ma santé mentale à un homme qui ne sait pas prendre soin d'une plante aussi rare que l'achianti abyssala. 
-De la quoi ? Aaah.. le yucca. 
-Ce n'est pas un yuccas mais l'achianti abyssala. Ils sont de la même famille. Masi leur entretien est différent. 
John se pencha en avant et caressa la plante. 
-Si j'étais vous, je mettrais de la vase dessus, sur la terre. Dans 2 mois, elle fera des fruits. Les fruits de l'abyssala sont très utiles pour...
John s'arrêta de parler et se releva l'œil hagard. 
-Utile pour...
Il avait une certaine envie de savoir jusqu'où son patient pouvait aller. Il n'avait jamais montré un tel intérêt pour la botanique devant lui. Mais il ne dit rien. 
-Je ne savais pas que je savais ça.
-C'est une très bonne chose John. 
-Oui. Vous croyez que je vais retrouver la mémoire un jour ? Je veux dire entièrement ? 
-Je l'espère mais l'esprit et le cerveau sont des matières très complexes. 
Un bip se fit entendre. 
-et.. reprit le médecin, cette connaissance des plantes qui semble vous revenir est une bonne chose. Notre séance est terminée pour aujourd'hui. Nous nous revoyons demain à la même heure. 

Une fois le patient dehors, le médecin retira ses lunettes et les essuya. L'amnésie de son patient était impressionnante pour lui. C'était l'un de ses premiers patients après avoir fini la fac de médecine. Il venait juste de commencer son poste de psychiatre dans le prestigieux établissement sainte Lauren quand il avait eu affaire à John Doe. Cet homme ne se souvenait de rien. Ni de son année de naissance, ni de son nom, ou de ses parents. De rien du tout?. Il avait entre 35 et 40 ans. PAs plus. ET il avait perdu l'intégralité de sa vie dans un accident deux ans plus tôt. 
C'était la première fois en 2 ans que son visage s'éclairait en parlant de la plangte. Le médecin écrivit sur ses notes : attrait pour la botanique --> pharmacien ?. et referma le dossier John Doe. Des specimens comme lui, il n'y en avait qu'un seul dans toute une carrière, il devait le surveiller de très près. Vraiment très près. Il se leva et arpenta la pièce. Il vit son patient par la fenêtre. Il avait des cheveux courts noirs corbeaux et un gigantesque nez crochu. Il se demanda une seconde si son patient avait toujours eu ce teint blafard avant de secouer la tête. Ce devait être le cas.Il se souvenait de son arrivée ici avec ses cheveux mi-longs noirs et gras et ce teint.. olive/blanc à faire peur. 
-C'est vrai qu'il ressemble à une vieille sorcière, ricana le médecin. 
Il cessa de rire et ouvrit la porte à une autre patiente
-Bonjour Caroline, asseyez-vous.