Chapitre 8

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Je me stationne entre deux motos sur le trottoir devant la maison d'Alban.

À peine ai-je retiré mon casque que Damien, excité par la fête en ébullition, me saute dessus. Ignorant ses gesticulations, je prends quand même le temps de me recoiffer dans le rétroviseur de ma moto. Je n'aime pas ma tronche. Un énième bouton est apparu au milieu de mon front. Ça m'embête que ça arrive pile aujourd'hui. Je tente de le cacher avec une mèche de cheveux un peu plus longue que les autres. J'ai mis une chemise grise pour faire habillé mais j'ai gardé un jean et des baskets afin d'être plus à l'aise.

— Alors, t'arrives BG ? me lance Damien qui trépigne d'impatience.

Il a déjà un verre à la main et sachant qu'il ne tient pas l'alcool, cela ne présage rien de bon. La maison d'Alban est plutôt grande et récente, bien située dans l'un des plus beaux quartiers de la banlieue bordelaise. Damien me précède pour m'indiquer que la fête se déroule dans le garage. Ceci dit, j'aurais pu trouver tout seul, en suivant le son de la musique qui s'échappe de la pièce.

— Y a moins de monde que prévu ! m'informe-t-il. On devait être trente-cinq mais avec toi, ça fait juste quatorze...

— Margaux est là ?

Ça m'a échappé ! Il faut que je sache. Plus cette fille m'évite et me repousse, plus elle m'obsède. Je veux lui parler pour qu'on finisse notre exposé. Les jours passent et nous n'avons toujours pas avancé sur le sujet.

— Non, mais tu t'en fous de Margaux ! Baudry, laisse tomber avec elle, c'est pas une meuf pour toi ! Va voir du côté de Mila, regarde, elle attend que toi !

— N'importe quoi !

— Je t'assure... Elle t'aime bien !

En ouvrant la porte de la buanderie, nous tombons nez à nez avec cette dernière qui affiche un immense sourire étincelant à mon attention.

— Toi, le revenant, faut que je te parle, me lance-t-elle.

— Vous avez toute la nuit pour parler... lui répond Damien en me fixant, l'air entendu sur la suite des événements.

Leur échange à mon sujet me met mal à l'aise. Certes, Mila est sympa et je la connais depuis l'enfance mais je ne ressens aucun attrait pour elle. En pénétrant dans le garage où toute la bande est déjà au complet, je ne peux pas me retenir de détailler plus intensément mon amie du coin de l'œil. Je n'ai jamais envisagé quoi que ce soit avec elle. Pourtant, elle est devenue assez jolie sans ses bagues et avec ses nouvelles lentilles. Ses yeux bleus, légèrement en amande me surveillent et je plonge mes mains dans mes poches en constatant qu'elle a compris que je pensais à elle. Flattée, ses yeux se mettent à pétiller et son visage s'éclaire d'un large sourire. Je remarque alors le contraste de son rouge à lèvres avec ses dents blanches. Depuis quand Mila se maquille-t-elle autant ?

Damien me tend un verre et me propose une vodka Red Bull.

— Pas d'alcool, je conduis !

— Tu conduis que demain ! On dort ici ! me rappelle-t-il.

Je me tourne vers Mila pour évaluer sa réaction et avoir son approbation. Je ne sais pas pourquoi j'ai besoin de son avis. Étrangement, je me sens soulagé quand elle hausse les épaules pour m'indiquer que ça lui est égal. Il fait assez chaud dans le garage et la musique de fond est agréable. Les lumières tamisées donnent à la pièce un côté intime. Le cocktail à base d'alcool, un peu trop sucré à mon goût, me calme rapidement. Je suis détendu et de bonne humeur. Je gagne en aplomb et trouve même le courage de relancer la conversation avec Mila qui ne me quitte pas d'une semelle.

Bouche cousue (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant