Le lendemain matin, j'attends la dernière minute pour aller faire signer ma mauvaise note. La maison est silencieuse. Mon père et mon frère ont tous les deux déserté. Seule ma mère finit de se préparer. Ma feuille et un stylo à la main, je m'engage, penaud, vers sa chambre. Je pousse lentement la porte déja entrouverte. Ma mère est assise sur son lit. Elle est dans la pénombre. Les volets sont encore fermés mais le jour passe au travers. Le lit est défait et un tas d'affaires sales attend dans un coin.
Les cheveux en bataille, elle me tourne le dos. Je déglutis en me demandant comment aborder le sujet. Je l'entends respirer fortement, emmitouflée dans son peignoir. Je ne comprends pas ce qui lui arrive. L'heure tourne et elle est loin d'être prête pour ses activités.
— Maman ?
Elle renifle puis se mouche fortement.
— Ça va pas ?
J'hésite à m'avancer. Je me sens démuni face à sa peine. Je n'ai pas l'habitude de trouver ma mère ainsi prostrée. Habituellement, elle est toujours forte et présente pour moi. Je suis déconcerté. Je m'interroge sur ce qui pourrait la blesser à ce point. J'espère que ce n'est pas la bagarre d'hier au soir.
— T'inquète pas ! On a juste des soucis avec papa. C'est des problèmes d'adultes ! Va au lycée ! Ça va aller !
Je jette un coup d'oeil à mon devoir et je n'ose pas le lui montrer. Je ne veux pas la blesser plus et la décevoir. Je le cache dans mon dos et je choisis de le signer moi-même. Je l'ai déjà fait. Les profs n'y voient que du feu.
— Ok ! À ce soir !
La journée est plutôt longue et monotone jusqu'à 17h. Lorsque je me rends vers le CDI, il se vide des lycéens. Je croise Flavien devant la porte qui me tape dans l'épaule, un sourire en coin.
— Elle t'attend !
— Parfait !
Nous travaillons l'anglais en demi-groupe, ce qui explique que la moitié de ma classe était au CDI pendant que l'autre moitié dont je fais partie était en cours. Flavien reprend son chemin puis se ravise et reviens vers moi me questionner :
— Je peux te poser une question ?
Il rentre ses mains dans les poches de son pantalon et prend un air embarrassé. Il se mord l'intérieur de la bouche en attendant ma réponse.
— Ouais, bien sûr !
Il regarde autour de lui pour vérifier que personne n'écoute puis il se lance :
— T'es en crush sur Margaux ?
Je suis surpris par sa question. Même si j'avais réellement une attirance pour l'adolescente, je ne me suis jamais considéré comme une menace pour lui. Margaux, ni d'ailleurs aucune fille, ne s'est jamais intéressée à moi. Bon, peut-être Mila ces derniers temps mais on se connaît depuis très jeunes, cela ne compte pas.
— Pas du tout ! On va travailler l'exposé. Pourquoi tu demandes ça ?
— Non, pour rien, c'est juste que vous êtes bizarres tous les deux. Laisse tomber !
— Hey, Flavien ! On est potes, je te ferai jamais ça ! En plus, cette meuf, c'est une vraie pute !
Flavien sourit à ma dernière réflexion et me tend son poing pour faire un tchèque auquel je réponds.
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Bouche cousue (Terminé)
Roman pour AdolescentsBaudry déteste Margaux depuis longtemps. Plus les années passent et plus la haine du jeune homme augmente, au point de faire de Margaux son principal souffre-douleur. Comment Baudry, un adolescent à l'apparence docile, a-t-il pu devenir un harceleur...