« Quand on ne sait pas ce qu'est la vie,
comment pourrait-on connaître la mort ? »
Confucius
Un jour ordinaire, dans une ville ordinaire. Une journée comme les autres dont la seule originalité se résume à la présence d'un soleil persistant en dépit des conditions climatiques habituelles. Là où on s'attend à un air froid déjà saisissant, un ciel maussade sans oublier les bruines sournoises aussi discrètes qu'humides, on se retrouve avec des températures presque agréables bien qu'encore timides. On se croirait davantage au printemps qu'au commencement de l'hiver. En dehors de ça, rien d'exceptionnel à Salisbury, mélange de ville et de village dans lequel rien ne se passe.
Ah si ! J'oubliais un petit détail : je suis morte.
Oh pas longtemps, à peine une minute ! Mais apparemment, ces soixante secondes ont suffi à attirer l'attention...
Mais revenons-en au début. Un jour ordinaire donc. L'après-midi est à peine entamé et les rues sont plutôt calmes. En ce début de semaine, la plupart des gens sont soit au boulot, soit en cours. Seuls quelques enfants se baladent avec leurs parents, des couples déambulent main dans la main ou profitent d'un café chaud sur la terrasse d'un bar, des filles pas plus âgées que moi égrènent les boutiques de vêtements à la recherche de la perle rare et attirent l'attention avec leurs rires aigus. Pour ma part, j'ai la chance de ne pas devoir aller au lycée le mercredi après-midi. Moi aussi je déambule donc dans cette rue, sans but précis, juste celui de marcher au gré de mes pas, perdue dans mes pensées, le casque vissé sur les oreilles. Une de mes habitudes.
Peut-être celle qui m'a perdue, d'ailleurs... Oui parce qu'en fait, je ne me rappelle pas de l'accident en lui-même. Le seul souvenir qu'il m'a laissé, c'est celui de la douleur. Une douleur d'abord brutale, imprévisible et sournoise, qui paralyse tout votre corps. Puis une fois que vous êtes remis, si tenté que vous puissiez vraiment guérir, elle demeure, atténuée mais pourtant bien présente. Et gare à vous si vous avez le malheur de l'oublier ne serait-ce qu'un instant ! Elle se fera une joie de se rappeler à vous, à coup de décharges électriques éclair.
Cette douleur, je crois qu'elle ne me quittera jamais. Elle et le bruit affreux des os qui craquent. Mes os ! J'entends encore ce craquement horrible comme si je le revivais au travers du peu de souvenirs qu'il me reste. A y bien réfléchir, tant mieux ! Je préfère ne pas me souvenir de cette partie de l'histoire. D'après les médecins, j'ai subi un tel choc au moment de l'accident, que mon cerveau a tout éteint, pour éviter à mon corps une douleur qu'il n'aurait pas supportée. Si c'est ça réussir à supporter la douleur, je n'ose imaginer ce qu'éprouvent ceux qui, justement, ne la supportent pas !
Quand on m'a raconté ce qui c'était passé, je ne l'ai d'abord pas cru. En gros, une voiture m'avait percutée de plein fouet alors que je traversais la rue. D'après les rares témoins présents ce jour-là, j'avais traversé sans regarder.
Le truc carrément stupide !
Pourquoi a-t-il fallu que je meurs d'une façon aussi bête ! Bonjour la réputation ! Oui bon, c'est vrai que les répercussions de cet accident stupide sur ma vie sociale auraient dû être le dernier de mes soucis. D'autant que je ne suis pas du genre à m'en soucier. Déjà, pour commencer, il faudrait que j'ai une vie sociale ! Ce qui n'est pas vraiment le cas. Dans le rôle de la fille tellement banale qu'elle passe totalement inaperçue, on pourrait me décerner la palme d'or. Non pas que ça me dérange ! Au contraire ! Je ne suis pas du genre à me pavaner et à me déhancher outrageusement comme le font tout le temps les pom-pom girls toute en blondeur de mon lycée, trop préoccupées par leur maquillage et l'effet qu'elles ont sur les garçons pour penser que ce ne sont pas leurs boucles parfaites ou leurs dents parfaites qui vont faire leur vie. Quoique... Bon, comme vous l'aurez compris, je ne suis pas très fan du monde trop clinquant et hypocrite des agiteuses de pompons. Ce n'est pas faute d'avoir essayé ! Au début, quand j'étais nouvelle et fraîchement débarquée au lycée du coin, j'étais persuadée de devoir en passer par là pour m'intégrer. Comme toute ado normalement constituée, je ne voulais pas passer toute ma scolarité à l'écart des autres groupes, éternelle nouvelle refoulée par tous les groupes et destinée à rester seule à sa table comme une pauvre malheureuse. Pleine d'illusions, je pensais que le clan des cheerleaders m'apporterait la popularité et une amitié certaine. Ces filles tellement populaires, toujours souriantes, me paraissaient tellement intelligentes et sûres d'elles. Finalement, ma naïveté m'a coûtée cher quand j'ai vu combien ces filles pouvaient se révéler être de sacrées garces, n'hésitant pas à se tirer dans les pattes quand l'une d'elle osait avoir l'audace de faire de l'ombre aux cheftaines de groupe. C'était ce dont j'avais été accusée avant que les filles ne décident de me virer du club. Avant cela, elles avaient fait preuve d'une telle cruauté envers moi que j'ai maintes fois voulu rester cloîtrée chez moi et ne plus revenir dans ce maudit lycée. Combien de matins j'ai vécu, la peur au ventre à l'idée de ce qu'elles me réservaient encore ! Entre les humiliations publiques et les insultes bien salées qu'on ne penserait jamais entendre de leurs bouches glossifiées, elles ne m'ont rien épargné. Elles prenaient un tel plaisir à m'infliger mille et un tourments qu'à la fin, je ne suis pas sûre qu'elles ne le faisaient pas juste par pur plaisir sadique. Jusqu'à ce qu'elles aient jugé que j'avais assez dégusté et m'assènent le coup de grâce en me virant officiellement de leur groupe horrible. Ce jour-là, je m'étais gardée de leur dire que c'était une véritable délivrance.
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Corps et Âme [Suite de "Au prix de mon âme"]
ParanormalCaroline et Adrian. Lucy et Vincent. 2 histoires dans lesquelles se déchaînent des sentiments passionnés. Les démons sont-ils capables d'aimer ? Toute la question est là. Corps et Âme est la suite de Au prix de mon âme.