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Chapitre 7 : Je t'aime
Partie Ndeye Maguette (mère de Mati)
Je regarde encore une fois ma montre : 01 H 30 du matin. C'est l'adrénaline de la joie qui fait ça, car malgré la fatigue du déménagement, je n'ai aucune once de sommeil avec moi. J'ai tellement rêvé de vivre seul avec mes enfants et maintenant que c'est arrivé, je n'arrive pas à le croire. La solution parait quand la difficulté atteint son paroxysme. La dernière action de Rokhaya a été la goutte de trop mais je ne pensais pas que j'aurai autant de facilité à réaménager. Dieu a mis sur mon chemin ce généreux homme qu'est le père de Coumbis. Sans lui, je serais toujours dans cette maudite maison à pleurer tous les soirs des méchancetés de cette folle.
Par contre le fait qu'il me demande de taire ces actions gracieuses m'a mis la puce à l'oreille. Il a des vues sur ma fille et ma mère m'a toujours dit que quand un homme va vers les parents d'une fille et non vers elle c'est parce qu'il veut l'épouser. Cela ne me déplairait pas, au contraire mais le seul hic c'est qu'il est le père de Coumbis, la meilleure amie de ma fille. Matie est très intelligente et je suis sure et certaine qu'elle a surement dû deviner les sentiments de cet homme. Mais parce qu'elle est très pudique, je sais qu'elle va se voiler la face et devant Coumbis elle va carrément faire l'autruche. Maintenant que je l'ai retrouvé après presque deux mois de séparation, je vais d'abord tâter le terrain pour voir ce qu'elle en pense. Ensuite j'aurai une conversation sérieuse avec Abdallah parce qu'avec les hommes on ne sait jamais. Combien de femme dans le quartier, en commençant par Rokhaya, on laisser leurs filles se prostituer pour avoir une vie meilleure ? Ils sont nombreux ces hommes qui profite de la détresse et de la pauvreté des gens pour assouvir leurs vices. Abdallah a insisté pour m'aider et franchement j'en avais grandement besoin. Maintenant hors de question qu'il continue ses bienfaisances sans que je ne sache d'abord ce qui se cache derrière.
Je ne sais pas à quelle heure je me suis endormie mais j'ai eu l'impression d'avoir peu dormi quand Mati me réveilla.
- Maman, tu as vu l'heure ? Réveille toi, tu es vraiment en retard au marché.
- Shiipppp qui te dit que je vais au marché. Je ne suis pas une machine moi. Je vais rester ici au moins deux jours le temps que je finisse au moins le rangement.
- Ok, tu as raison. Tu me donnes alors de quoi faire le petit – déj et aller au marché.
- Deuxième tiroir. Prend 5 000 fr pour la journée et prépare-moi un bon repas. Dis à ton frère de ne pas me réveiller s'il te plaît.
- Oui chef dit Mati en ricanant. J'en fais de même et me recroqueville encore plus sur le drap. Ha la belle vie....
Quand je décide enfin de quitter le lit, le soleil était bien haut. Je ne me rappelle plus quant – es que j'ai fait la grâce matinée. Je m'empresse d'aller dans la douche. A la sortie, je vois ma fille au loin en train de parler au téléphone. Son attitude est bizarre, elle se tient comme une petite fille de 4 ans qui se retient de pisser. J'avance à pas de loup jusqu'à devant elle et sa réaction morbide m'a tout de suite fait comprendre qu'elle était au téléphone avec un homme.
Moi (énervée) : Avec qui tu parles ? Elle raccroche son téléphone, le fait tomber, le reprend et le fais encore tomber. Cette fois c'est moi qui me dépêche de le prendre et là c'est la panique totale.
Elle (criant) : Rend moi mon portable maman. C'est la première fois qu'elle me crie dessus. Pire elle et m'arrache le téléphone avant de me contourner et de fuir. Onzoubilah, mais qu'est – ce qui se passe ici.
Le cœur battant très fort, je me dépêche d'enfiler le premier habit qui me passe à la main. Toute sorte d'idée noire est en train de passer par ma tête. Hi Allah, j'espère que cet homme n'a pas déjà commencé à sortir avec ma fille ? Je sors de la chambre en courant presque et retrouve Mati en train de se ronger les ongles dans la cuisine en regardant la marmite bouillir.
Moi (voix dure) : Vient ici toi.
Elle (fuyant mon regard) : Je prépare le....
Moi (énervée) : Eteint moi tout de suite ce gaz et suit moi au salon. Je pars m'assoir sur le tapis qui nous serre pour l'instant de salon et croise les bras. Mati me rejoint complètement déstabilisé ne sachant pas quoi faire.
Moi (croisant les bras) : Alors je t'écoute.
Elle (toujours debout) : Il y a rien maman, c'est... c'est.... Elle se tait encore et regarde le sol.
Moi (me calmant pour ne pas qu'elle se braque) : Assis toi ma fille s'il te plait. Je ne vais rien te faire, je veux juste que tu me racontes ce qui s'est passé. Depuis quand tu sors avec Abdallah....Là elle sursaute et me regarde les yeux grandement ouvert avant d'éclate de rire.
Elle : Tonton Abdallah ? Je ne sors pas avec lui astahfiroulah, maradeitané (malédiction).
Moi (surprise) : Ah bon donc s'était qui au téléphone ? Là mon cœur commence vraiment à augmenter de cadence.
Elle se tait et retrouve sa timidité.
Moi (criant) : Ne n'énerve surtout pas Matie, c'est quoi cette histoire, je sors de ta vie une minute et tu commences déjà à batifoler.
Elle (yeux plissés) : Je ne ferais jamais rien de telle maman et tu le sais très bien.
Moi (honteuse) : Excuse-moi, c'est juste que ça m'a surpris et donc je suis inquiète.
Mati (sourire) : Moi aussi je suis autant surprise que toi surtout que c'est un homme dont je croyais inaccessible. Il s'appelle Ibou Diop, on sait rencontrer........
Plus elle parlait plus je voyais à quel point elle était éprise de cet homme dont je ne connais que de nom. Mon Dieu, j'espère que c'est quelqu'un de bien sinon ma fille est foutue. Quand elle eut fini, je prends un grand bol d'air avant de parler.
Moi : Je ne veux pas que vous vous voyez en dehors de la maison. Une femme qui se respecte ne fait pas ça.
Elle : Moo maman on est au 21 siècle toi aussi. Il n'y a rien de mal à aller au restaurant ou autre...
Moi (sévère) : Autre ou ? Je ne veux pas que ma fille suive homme comme s'il était son brebis. Si tu veux qu'il te respecte et qu'il t'épouse, il.....
Elle (applaudissant les mains et se tenant le cœur) : Li ngaye wakhe nèkhe na, wouye.... (Ce que tu dis là c'est trop bon).
Moi (là je suis vraiment inquiète) : Mati, je te préviens. Il est hors de question que tu te maries avant d'être à ton deuxième année de fac. Je ne veux pas que tu sois comme moi dans 10 ans. Sache que l'amour est un rêve et la réalité fini toujours par nous rattraper. La vie est cruelle et ingrate quand on ne se donne pas la peine de se battre pour elle. Je n'ai même pas 40 ans et regarde-moi, on dirait que j'en ai 60 tellement je travaille. Je me réveille tous les jours à 5 h du matin, passe toute la journée dehors et ce que je gagne serve à peine à vous nourrir. Maintenant il va falloir que je travaille aussi le soir en vendant de la bouillie de mil pour payer ce studio. Tu.....Je pleurs sans le faire exprès car j'ai le cœur en miette. Elle vient de me rappeler moi il y a de cela 20 ans. Belle, brillante mais amoureuse.
Matie (s'assoie à côté de moi) : Maman, tu es mon exemple et ma raison de réussir. Jamais je ne laisserais tomber les études pour qui que ce soit. Doudou ne t'a pas dit ? Je fais non de la tête et elle continue. Tes fils vont cotiser pour le loyer, l'électricité et l'eau. Moi je vais à l'université avec une belle bourse vu mes bonnes notes. Donc tu n'auras pas à travailler le soir. Moi Mati Sonko, je le jure devant Dieu que bientôt cette vie sera derrière toi. Je serais la plus grande chirurgienne au Sénégal et en Afrique et je t'achèterais une belle maison, une belle voiture. Tu iras à la Mecque, au Maroc... Tout ce que tu veux.
J'essuie mes larmes et lui sourit mais j'ai toujours cette boule d'angoisse au ventre. Je sais ce que l'amour peut provoquer.
Moi (essuyant mes larmes) : Et pour Abdallah ?
Matie (regard curieux) : Quoi encore pour Oncle Abdallah.
Moi : Arrête de faire semblant, tu sais très bien que cet homme s'intéresse à toi.
Matie (sortant de ces gongs) : Il t'a dit quelque chose ou quoi ? Si jamais il ose me faire la cour je vais lui remettre bien à sa place shiiippp. Ki hamoule bopame dé (il a vraiment du toupet). Pire il risque de gâcher mon amitié avec Coumbis shiiiipppp. Elle se lève en ronchonnant et en continuant de faire ses shipps.
Je regarde ma fille entrer dans la cuisine, pauvre Abdallah. Je me rends compte que nous n'avons même pas fini de parler de ce fameux Ibou. J'espère juste que c'est un homme bien. Plus tôt je le verrais et mieux se sera.
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Ma vie, mes choix.
RomanceCette histoire reflète la vie sociétale Africaine dans toute sa splendeur mais aussi dans toutes ses décadences. Je l'ai écrit tout en pensant à ces milliers de personnes surtout les femmes qui sont dans des situations alarmantes sans avoir personne...