PROLOGUE

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    D'un geste fébrile, j'effleurai le papier peint doré qui ornait les murs de l'opéra. Dans un coin de la pièce, se dressait un miroir. Je m'en approchai puis, d'un seul coup, mon cur se mit à battre d'un rythme irrégulier. Là-bas, au fond de la rue étroite qui semblait être bloquée dans cet univers parallèle, Eliza. A sa droite, un étrange personnage à la carrure impressionnante. Sa tête était cachée sous un capuchon noir mais je pouvais sentir son souffle glacial dans mon cou à chaque expiration. Au moment où il déposa sa main sur son épaule, elle tendit la main en quête de la mienne. Sur sa peau blême, des larmes de regret et des yeux pétillants de souffrance. Je tentai de la rejoindre mais en vain. Le miroir se refermait peu à peu en me laissant sur le parquet de l'opéra.
A genoux, les mains sur le miroir qui ne reflète que mon visage, j'essuie d'un revers de la main le reste de mes larmes. Je me dirige vers la pièce principale, le cur battant et la respiration saccadée. Une vaste pièce aux colonnes et aux escaliers de marbre décorée par plusieurs gargouilles aux allures macabres. Plusieurs candélabres sont allumés et un lustre de diamant descend du plafond orné de feuilles d'or et de peintures anciennes. Un siège m'attend dans une loge.
    Je suis assise à côté d'un gentilhomme élégamment habillé d'un costume de velours. Les chandeliers s'éteignent brusquement avant que le rideau ne s'ouvre sur les comédiens et que la musique emplisse la pièce. L'homme assis près de moi met son monocle et semble perdu dans la musique. L'obscurité m'envahit. Je ferme les yeux et revois la longue main squelettique de l'homme inconnu. Tout devient flou. Le son des instruments me paraît si lointain. Lorsque j'ouvre les yeux, ceux-ci m'aveugle dû aux larmes qui coulent. Même si je ne le veux pas, je ne peux m'en empêcher.

La pierre des ténèbres Où les histoires vivent. Découvrez maintenant