Chapitre 5 : Propriété

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Le réveil n'est pas agréable. Je suis le sol de ma cellule, trempé par l'eau croupie que vient de m'envoyer le geôlier. Ce dernier me regarde un instant puis disparaît dans l'encadrement de la porte. Le soleil, qui perce entre les barreaux de l'unique ouverture vers l'extérieur, me réchauffe légèrement et m'indique que la journée est déjà bien avancée. Il est midi passé très probablement, et la distribution des repas va bientôt commencer. Je regarde dans la cellule et je constate que Mina n'y est pas, sûrement en train de participer au service dans la taverne. Je m'assois dans le filet de lumière, et je regarde mon corps. Il est très différent d'hier. Les bras et les jambes ont laissé place à des griffes et des écailles, mais pas éparse comme durant les combats de la soirée. Mes avant-bras n'ont plus de peau, mes jambes et mes pieds sont couverts également. Les écailles remontent jusqu'au haut des jambes et jusqu'à la gorge pour les bras. Je touche pour la première fois ma nouvelle peau. Elle est dure et rugueuse. Elle semble noir avec quelques traces éparse rouge, mais le tout est très pâle. Comme malade ou affaiblie. Je constate que le sceau de Brain est toujours visible malgré cette peau. Pendant que je réfléchis à mon identité de monstre, j'entends le service arriver. Le même geôlier arrive avec une gamelle pleine de la merde qu'ils nous servent chaque jour et la lâche sur le sol. J'enrage et m'apprête à lui hurler dessus quand je me rends compte que je parviens plus à ouvrir la bouche. Elle est bloquée, scellée par une magie similaire a celle que Brain utilise pour me contrôler. Le gardien pousse un rire pitoyable et me toise de toute sa hauteur, puis finit par disparaître à nouveau. Je jure intérieurement et me déchaîne sur les murs et les barreaux qui tremble sous ma fureur. Je passe une heure dans cet état de rage. Puis alors que la fatigue tire sur mes muscles j'entends enfin sa voix : " C'est bon ? Tu es calmé ? " Demande Kirishima. " Je sais que c'est dur, c'est moi qui étais aux commandes, lorsque le sceau a été apposé par les sbires de Brain. Ce couard a dû être terrifié par les flammes d'hier soir." Continu-t-il. " Tu comprends maintenant ce que tu es ? Tu te souviens ou c'est toujours mort ? Parce qu'hier, tu étais tellement heureux que je n'aie pas osé trop intervenir, tu m'aurais détruit moi aussi. " Cette dernière phrase me fait tiquer, le détruire ? C'est possible ? " Bref, d'après ce que je sais, tu vas avoir de la visite aujourd'hui, Brain l'a dit. Des nobles. Je te jure que si un seul vient pour t'acheter et que tu ne résistes pas, je te tue et je prends le contrôle définitivement. Compris ? " Alors qu'il finit sa pensée, du bruit retenti dans le couloir et plusieurs silhouettes apparaissent.

Brain apparaît devant la porte de la cellule, accompagné d'une demi-douzaine de personne en capuchonné, et commence à me présenter comme si je n'étais pas là. En temps normal, j'aurai laissé passer, Brain fait parfois ça pour des nobles, mais ne conclut jamais la vente, je serai trop cher selon ces clients. Mais là, je sais pas, son manège m'écœure, m'insupporte, m'énerve. Sans m'en rendre compte, je suis debout et je frappe violemment les barreaux avec mon poing droit. Brain me jette un regard de haine, mêlé de peur. Il sort son cristal de sceau et commence à l'activer pour me forcer à me calmer, mais ça n'a pas l'effet escompté. Je reste debout face à lui, seuls les barreaux nous séparent. Je le regarde avec toute la force et la rage que je peux mettre malgré la douleur de plus en plus intense. Jamais, je ne m'inclinerai devant lui à nouveau, je le briserai puis je tuerai ce lâche qui croit me posséder, je ne suis à personne.

Alors que Brain commence à perdre patience, une voix se fait entendre : " Je ne pensais pas découvrir un dragon quand je suis venu ici. Tout au plus un esclave particulièrement fort avec un proprio arrogant. Ouvre la porte ! " Cette dernière phrase me fit réagir. Lui ?? Il prétend pouvoir entrer dans ma cage et me prendre sans que je ne le tue ? Il délire, je ne suis à personne. Je détourne le regard de Brain vers l'interlocuteur. Il est aussi grand que moi. Sa capuche et la pénombre m'empêchent de voir son visage, mais je distingue des mèches de cheveux clairs. Sa cape le recouvre de bas en haut, elle est rouge. Voyant mon regard de défi mêlé de douleur et de rage, il s'esclaffe et ajoute : " Pour qui tu te prends, chien ? Crois-tu qu'un pitoyable bâtard hybride me fait trembler, MOI ? Kastuki BAKUGO ? " Crache-t-il avant de continuer. " Je suis le prochain grand héros humain, je mettrai à genoux les monstres, les démons, les hommes. Et les dieux trembleront, lorsque je me tournerai vers leurs sièges et que je mis assoirai en tant que maître incontesté. " Toutes les personnes se sont tournées vers lui, un silence religieux suit son discours. Puis certains se mettent à rire, la tension redescend d'un cran dans la prison et Brain finit par me faire craquer et mettre un genou à terre. Je me retourne une nouvelle fois vers lui, il semble enfin satisfait. Il se retourne vers le seigneur arrogant, m'ignorant complètement

"Cher Seigneur Bakugo, si j'ai bien compris, vous souhaiteriez rentrer dans la cage de ce monstre ? " Commence Brain. " Cela est malheureusement impossible, la créature semble particulièrement sauvage aujourd'hui, je crains qu'elle ne mette votre sécurité en danger. " L'intéresse se retourne vers le propriétaire de l'arène et lui répond : " Je ne vais pas aller dans la fange de cette cellule, je vais le mater dans l'arène. C'est un monstre de combat. Je veux m'assurer qu'il tient vraiment la route et qu'il vaut la somme demandée. Je veux le combattre maintenant. " Annonce-t-il. Il se tourne vers le reste des visiteurs et leurs annonces : " L'hybride est à moi. Ce qui ne sont pas d'accord peuvent venir, je les attends. Ça me fera un petit échauffement. " Une ou deux protestations éclatent, mais elles disparaissent rapidement lorsque leurs auteurs entendent le bruit d'une lame que l'on sort de son fourreau. Il se dirige vers la sortie, suivi par les silhouettes. Je suis avec Brain dans le silence, son regard alternant entre moi et la pierre de sceau dans sa main. Je souris, ce couard n'avait pas prévu un tel individu. Il me lance : " Si jamais tu perds, je fais surcharger ton sceau et celui de Mina. " Je frémis, tout le monde sait ce qui arrive quand un sceau est surchargé. Le sceau force le corps à se déchirer, ne s'arrêtant que lorsque la vie quitte le marqué. Plus la créature est forte, plus ces souffrances sont longues. Cela force la destruction du sceau, mais ça tue toujours de manière spectaculaire. Les propriétaires de monstre font ça lorsque public le réclame après un combat qu'ils ne jugent pas assez prenant. " TU ES À MOI, À PERSONNE D'AUTRE !!!! " Finit-il par hurler sa voix résonnant dans toute la prison. Toujours en tenant le cristal de sceau, il ouvre la porte et me fait me diriger vers l'arène une nouvelle fois.


L'arène des monstresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant