Chapitre 3 : Une folie écarlate

329 28 4
                                    


La perception de la réalité est très différente lorsque l'on plonge dans la conscience d'un autre. Le son, les images, toutes mes pensées arrivent au ralenti, comme distordu par un filtre. Je perçois les choses, elles sont là, mais rien, pas de réaction. Mon corps n'est plus sous mon contrôle et mon esprit ne semble pas sans inquiéter. Je suis dans un espace sans forme, encore différent de l'endroit précédent. Je n'existe que pour percevoir la réalité par le filtre de l'hôte de mon corps. Il me bloque le contrôle de mon corps, il restreint mon esprit au plus simple, il est le maître à bord et je regarde, impuissant, la réalité de son identité. Je suis l'observateur intérieur de Kirishima.

De ma cage de chair, j'ai le temps pour observer en détaille mon corps et son esprit. Chaque pensée, chaque réflexion est accompagnées de sa réponse. Une réponse automatique comme si pensé est la solution pour comprendre mon corps. Corps que Kirishima semble maîtriser bien mieux que moi. Il bouge, malgré la douleur de la rune avec une facilitée déconcertante. Même plonger dans ma prison, les sensations fortes, je les ressens, mais il y résiste. Il ne montre à personne que Brain a le contrôle sur lui. Mais plus que la douleur, d'autre émotion me parviennent. D'abord la rage, puis une faim insatiable sauvage comme lorsqu'il m'a aboyé dessus. Et enfin, du plaisir, un profond plaisir. Pas humain plus intense, plus naturel que ce que j'ai jamais pus ressentir. Un plaisir qui se mut en désire, celui de liberté, celui d'être aux commandes et de pouvoir en profiter. Il se laisse dominer par ce plaisir. La première cible va arriver et il ne lui laissera aucune chance.

Il arrive, il est armé d'une petite épée et vêtu d'un heaume trop grand pour lui. Il est terrifié, il tremble, regarde de droite à gauche, cherchant dans le public un quelconque soutien qui ne vient jamais. Kirishima porte sur lui toute son attention.  Il dévisage sa cible et commence à  s'approcher. Lentement mais sûrement, la peur envahie l'esprit du pauvre esclave. Pris de panique, alors que Kirishima est encore à dix pas de lui, l'adversaire lâche son arme, tourne les talons et s'enfuit vers l'endroit d'où il est sorti. Il s'accroche aux barreaux et hurlent de terreur qu'on lui ouvre. Il ne reçoit comme réponse que les rires des gardiens et du public, hilare de voir l'homme paniqué à la vue de son bourreau. Pendant ce temps, Kirishima a continué a avancer vers sa cible. Plus rien ne parviens a mon esprit, juste un besoin, celui de tuer. Tuer celui devant lui pour avancer, pour continuer a vivre, pour pouvoir le revoir. Et pour revoir cette être de ces souvenirs, il faut qu'il tue.

Arrivé à porter de main de l'esclave, Kirishima le saisit par le cou et le projette vers le centre de l'arène. La folie semble de plus en plus gagner la foule. Le début des festivités allé commencer. Le pauvre hère est à genoux, devant Kirishima, les yeux humides, il l'implore : "Je vous en pris, épargnez moi, je ferais ce que vous voulez. Je vous en pris, laissez moi en vie." Il pose son visage au sol en soumission totale devant son bourreau. Alors que je pense à regarder Brain pour avoir son avis sur la décision à prendre contre ce faux première adversaire. Je vois mon corps bouger, ma jambe se lever et venir s'écraser sur le sommet du crâne de l'esclave au sol. Le mouvement fut si rapide, si violent, si puissant que la tête se fracassa contre la surface de l'arène, le sang giclant de part et d'autre du corps désormais sans vie de ce qui fut l'adversaire de mon corps. Un instant, je contemple le corps. Les restes de son crâne, le sang écarlate partout sur le sol et mes jambes, son odeur si particulier qui infiltre toutes les parties de mon esprit. Cette douce sensation, mêlée à mon dégoût pour la mort, fait saturer mon esprit. Je n'arrive plus à penser. Je dois évacuer toutes, ces sentiments, toutes cette haine, ce plaisir, ce dégoût, cet amusement d'être en vie et lui non. Cette folie, elle m'habite désormais complètement. Je lâche prise et je le rejoins dans son combat. Un hurlant retenti dans l'arène, un hurlement à faire trembler des armées, ce n'est pas la foule qui hurle, c'est moi, c'est mon corps, c'est Kirishima, c'est nous qui hurlons, pour rappeler qui nous sommes, que nous sommes en vie et que nous tuerons tout ce qui se mettrons sur notre route. Faible ou fort, tous mourront.






L'arène des monstresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant