7.2- Le traître.

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Ils continuèrent la visite comme si de rien était. La jeune femme suivait le mouvement, sans parler beaucoup. encore sous le choc des paroles de la chauve-souris. Son ami d'enfance était le traître qui semblait prêt à tout pour les livrer à Pirel. Et il se trouvait à leurs côtés,  plein d'enthousiasme  ! Ah il jouait bien la comédie, il était tout à fait crédible dans son interprétation.  Se sentant sur le point d'exploser et de le mettre en face de la vérité,  elle surprit le regard contrarié de l'Illusia et se força à  plaquer un sourire sur sa face. L'homme noir, la remercia d'un discret signe de tête.

- La visite se termine ici. Le reste n'est visible que pour les plus anciens. Ne soyez pas vexés mais nous vous connaissons à peine, expliqua-t-il.

- Cela semble logique, répondirent ensemble les deux rêveurs.

Tous étaient couchés, seules trois ombres se dirigeaient vers un coin isolé. Ils s'assirent sur deux banquettes naturelles, leurs trois visages étaient fermés.

- Je suis désolée, Sahona, chuchota Païsa. J'espérais que ce ne soit pas lui, mais Laori est formel.

- Souhaites-tu que j'écoute les cinq autres ? répliqua le rat dont la voix se modifiait au fur et à mesure qu'il prenait son apparence de taupe.

- Ce n'est pas utile, je te fais entièrement confiance, et puis le temps presse. Comment allons-nous faire ? Miha, tu as une idée ?

- Aucune. Est-ce une impression où tes pouvoirs sont de plus en plus performants, la Taupe ?

- Pas exactement, je ne les utilisais pas surtout. Mon côté animorphe est impressionnant et peut dans le cas présent être utile. Toutefois, il a des inconvénients sur la durée et sur la particularité de chaque animal. Je peux assez rapidement faire appel à d'autres amis aux mêmes pouvoirs.

- Ce sera peut-être utile, Laori. La question est surtout de décider ce que nous faisons pour Smar. Le suivre me semble impossible, lui faire confiance encore moins, commenta Païsa.

- Il faut le mettre hors d'état de nuire, répliqua Miha, le visage fermé.

- Et alerter Pirel ? C'est risqué, non ?

- Je pense que cette jeune femme est pleine de bon sens. Vous avez le traître, il faut en profiter. Miha, tu n'as pas un lieu où l'enfermer pour le questionner ?

- Es-tu tombé sur la tête, Laori ? Un prisonnier peut s'échapper, je refuse de prendre ce risque, riposta Miha, hors de lui.

- Tu veux le...

- Sahona, s'il donne les coordonnées de ce lieu  à Pirel, celui-ci aura de nouveaux cobayes pour ces expériences. J'ai perdu assez d'amis comme cela. Je ne mettrai pas Lybi en danger. Il doit mourir, martela-t-il d'une voix sourde.

- Et s'il avait une raison pour agir ainsi ? Si lui aussi protégeait quelqu'un ? Tu ne te poses pas de questions, Miha ? Vous non plus ? questionné-je, m'adressant aux deux autres.

- Miha, c'est toi qui a la décision finale,  mais je ne crois pas que l'on puisse se permettre de passer à côté d'informations. C'est peut-être la chance de détruire Pirel une bonne fois pour toute.

- Vous n'avez aucune idée de ce que ce salopard est capable de faire ! Aucune idée ! hurla le géant.

- Si, justement, je sais exactement ce qu'il fait, répondit une voix, sortant de l'obscurité.

Smar, un bras serrant  Lybi contre son torse, avança vers eux. En découvrant sa compagne,  un bâillon sur la bouche, les larmes inondants  ses joues, Miha prit immédiatement une position agressive, les poings serrés.

- Ce n'est pas une bonne idée, crois-moi, gronda le traître. Tu ne veux pas avoir sa mort sur ta conscience, j'en suis sûr. Mettez-vous à genoux tous les trois ! Toi, la taupe, reste où tu es et s'il te prend l'envie de te transformer, tu mourras immédiatement.

-Smar...

- Tais-toi, Sah... A genoux ! Dis-leur d'obéir!  redit-il d'une voix plus forte.

Les trois obéirent en silence. Agenouillés en arc de cercle devant l'homme, ils attendaient.

- Je disais que j'étais bien placé pour savoir comment Pirel torturait ses prisonniers. J'en ai été un pendant presque trois mois. Il dispose de beaucoup de serviles guerriers prompts à lui obéir. Je ne l'ai jamais vu  torturer lui-même, mais il sait parfaitement motiver ses troupes.

Sa voix était froide, ses yeux noircis par une haine féroce.

- Quand ses hommes m'ont embarqué, j'étais avec des amis et ma demi-sœur, Cyrielle, reprit-il. Elle avait quatorze ans. Pirel l'a croisée dans le couloir où l'avait laissée les gardiens. Son esprit tordu a fait le reste. Il a débarqué dans la cellule la traînant derrière lui, un peu comme moi avec ta demi-sœur à l'instant !

- Ôte ce sourire de ton visage ! menaça Miha.

- Crois-tu que tu sois en position de me menacer, alors que je tiens ta compagne ? Laisse-moi finir mon histoire sans m'interrompre !

Profitant de ce bref moment d'inattention du traître, Laori avait légèrement changé de place.

- La taupe, au prochain mouvement, tu seras le responsable d'une estafilade sur cette jeune personne. Viens t'allonger devant moi. TOUT DE SUITE.

Laori n'hésita pas un seul instant et obéit aux ordres. Lorsque Smar posa son pied sur lui pour le maintenir en place en représailles, il ne broncha pas plus. Le manque de réactions de Païsa surprenait Sahona, après tout il s'agissait de sa sœur.

- Vous auriez fait quoi, vous ? Aurais-tu sacrifié ta sœur ? N'es- tu pas à genoux devant moi pour la protéger ? s'énerva-t-il. Pirel voulait des infos, j'ai négocié la vie de ma sœur.

- Impossible, les autres prisonniers t'auraient grillé ! s'exclama Miha.

- Quels autres prisonniers ? A l'instant où il a accepté de me libérer pour accomplir ma mission, il les a abattus devant moi. L'un après l'autre. Il te veut, Sahona, et il fera tout pour y arriver.

En dehors du bruit des sanglots de Lybi, le silence était total.

- Et comment comptes-tu faire pour lui livrer ce qu'il veut ? lui demandé-je. Crois-tu que les résistants vont te laisser faire ? Ils connaissent le prix du sacrifice. Ta seule défense est Lybi, c'est maigre, non ?

- Je crois que j'ai compris comment il veut arriver à ses fins, déclara Païsa en sortant du silence.

- j'avais peur d'être dans l'erreur, précisa Laori.

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