5.2- Résistances.

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Cela faisait presque deux ans que j'étais arrivé sur Chimeria. j'étais connu de tous.  Cela n’avait pas été de tout repos au début, les hommes de Miha soupçonnaient tout le monde. J’essayais d'avoir tous les sens en alerte. C'était une chose que j'avais  appris il y a longtemps. Toute conversation peut être utile, à un moment ou à  un autre.

Ce jour-là, tout à fait par hasard, je surpris une conversation entre le géant et sa copine. Ils avaient  une relation cachée mais cela faisait  un moment que je l'avais découvert. Miha était une personne importante, mais sa copine encore plus : Lybie était  la demi-soeur de Paīsa. Je n’avais pas encore découvert quel était réellement son rôle dans l’organisation mais ce n’était juste qu'une question de temps. Bref, Miha lui parlait de la conversation qu'il avait eu avec Paisa. Celui-ci était à Imagia, avec Dreamer. Évidemment, j’y vis immédiatement un moyen de me rapprocher d’eux.

Tous les jours, nous nous entraînions des heures durant et souvent les nerfs lâchaient. Assis dehors, un peu à l'écart mais visible malgré tout, je simulais une crise de larmes, juste au moment où passait le géant. Sa gentillesse naturelle n’était pas usurpée, il s’arrêta auprès de moi.

- Que se passe-t-il ? Puis-je être d'une aide quelconque ?

- Oh non ! Veuillez m’excuser. Un petit instant de blues...mon monde me manque parfois, dis-je en reniflant.

-Tous vivent cet instant à un moment ou à un autre. Ne vous excusez pas. Vous venez duquel des sept mondes ? s'inquiéta, comme je l'espérai, le géant.

Exactement ce que j’attendais pour placer ma botte magique. Celle qui allait me permettre de pouvoir accomplir mon travail. Mon coeur battait la chamade.

-  Imagia, je répondis dans un souffle. J’ai l’impression d’avoir tout abandonné... Elle surtout.

- J’avais cru comprendre que sur ce monde le voyage n'était possible que chez les jeunes pubères.

- C’est le cas. Elle n’en a jamais rien su. Sahona est ...différente.

Je vis immédiatement que j’avais fait mouche. Son regard était différent . Il me confia ce qu'autrement il n’aurait jamais avoué.

Sahona était l’élément important. La pièce maîtresse de leur réseau.

Aller dire bonjour à Laori n’était qu’un prétexte. Il me fallait le prévenir.  Je ne pourrais pas agir seul. Un soutien était indispensable, sans tuer qui que ce soit. Il fallait interroger tout le monde. Dreamer et les autres en avaient envoyés un peu partout. Et ce que j’avais vu ce soir m'effrayait. Son pouvoir combiné à celui des rêveurs stopperait net notre but.

J’avais entendu Paīsa tout à l'heure. Il était très loin de la vérité.  A aucun moment, nous avions envisager de détruire l'imagination. Nous voulions tout au contraire en prendre le contrôle.

-J’avais précisé, pas d’appel. Cela s’adressait aussi à toi, m'agressa-t-il d’entrée de jeu  Les communicateurs ne sont pas infaillibles.

-Je n’avais pas le choix, répliquai-je. Elle est là.

- C’est vrai ? Tu es sûr que c’est elle ? Tu sais comment je réagis quand on me déçoit, n’est ce pas ? précisa-t-il menaçant.

-Je sais, oui, soupirai-je. J’ai vécu à ses côtés.  Même si son corps a changé, je suis certain qu'il s'agit bien d’elle. Et vu ses capacités, le doute n'est pas possible.

-Tu te débrouilles pour l’isoler, et je me ferai un plaisir de lui parler en privé

- Justement, c’est pour cela que j’appelle. Elle ne dira rien, même en la torturant. Elle me fait confiance, elle me connaît. Une fois que je saurais comment faire, il n’y aura plus de résistance, Monsieur.

Il me fallait obtenir sa confiance une fois encore. Dans sa garde rapprochée, j'étais le seul à utiliser les rêves. Il avait besoin de moi, et moi de lui.

- Combien de temps te faut-il ? s'impatienta-t-il .

- Aucune idée. Je crois que personne ne se doute de quoi que ce soit. Paīsa est peut être celui qui est le plus méfiant, mais il s’agit plus de son côté protecteur. Un mois devrait suffire. De toute façon, nous partons vers leur cachette, ce ne sera donc pas en vain. Il  faut que j'y retourne pour n'inquièter personne de cette absence. Je laisserai un message par le moyen classique.

Tapi dans l’ombre, un rat trottina vers le fond de la place. Au fur et à mesure de sa progression, sa forme se modifiait. Il grandit, s'épaissit . Ses pattes fines se transformèrent en deux grosses  de taupe. Laori s’enfonça dans une galerie. Il devait contacter Paīsa le plus vite possible.

A l'intérieur, celui ci  justement en pleine discussion avec Sahona, se troubla brusquement. Des murmures franchissaient ses barrières mentales. Tout en s’efforçant de garder l’apparence la plus naturelle possible, il entrouvrit un bref instant son esprit.

Mon ami, elle est en danger. Viens me rejoindre. Miha doit rester près d’elle.

Seul un Ivasoï était capable de transmettre ce genre de message et il avait pleine confiance en Laori. Sa mâchoire lui faisait mal à force de maintenir ce sourire. Sahona lui tournait le dos, Miha par contre avait repéré un problème.

-Que se passe-t-il, chuchota-t-il en simulant une accolade amicale entre deux amis.

- Je dois sortir. Ne la laisse pas seule une seconde. Laori veut me voir.

- La taupe te parle dans ta tête ? murmura-t-il, ébahi. Compte sur moi.

Il se détacha de cette accolade amicale et se retournant vers le petit groupe autour de la jeune femme il s'écria d'une voix de stentor.

- Sven ! Il est largement temps de montrer les installations à Sahona, non ?

-Tu as raison, Miha. Allons y, jeune talentueuse. Tu vas voir, certains d’entre nous sont très inventifs.

Miha, d'une enjambée était déjà auprès d’elle, tout sourire et Paīsa, rassuré,  s'éclipsa.





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