8.3- La reddition.

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Le vote à main levée fut quasi-unanime. Et les rêveurs assaillis de questions auxquelles ils répondirent avec plaisir. Certains doutaient aussi de l'intérêt de ces images. Sahona dû expliquer que celles-ci redonnaient de l'espoir, stimulaient l'imagination. Sven, plus pragmatique, expliqua que cela aiderai juste, que les hommes allaient devoir se battre pour préserver leur monde. Tous ceux qui étaient là étaient des résistants, ce langage ils le connaissaient mais ils doutaient que ce soit le cas pour tous les autres.

Païsa avait envoyé un message sensoriel à Laori qui arriva avec Smar qui fut accueilli par un silence lourd de reproches. Il leva la tête et courageusement, il expliqua la même chose que la veille.

Puis il donna des détails sur les lieux qu'ils allaient investir, des plans précis qu'il dessina devant eux, et le doute sur une traîtrise préparée s'effaça. De toute façon, c'était trop tard.

Les hommes et les femmes étaient prêts à aller au combat, certains ne reviendraient sûrement pas.

Laori avait, comme prévu, rassemblé ses amis Evasoï : loup, singe, ours pour les plus impressionnants mais aussi des serpents, des oiseaux et des insectes.

***

Miha, Sahona et Païsa entouraient Smar, attentifs. Celui-ci venait de prendre contact avec Pirel et ils voulaient l'entendre.

- J'espère pour toi que tu as une bonne nouvelle, Smar.

- Elle est à mes côtés, oui. Pas vraiment de son plein gré. Que dois-je faire ? La remettre à Radji ?

Il connaissait assez l'homme pour espérer qu'il veuille montrer sa puissance à Sahona.

- Surtout pas !! Retrouve-moi dans la vieille maison, nous y serons tranquille. Tu ne l'as pas touché, n'est-ce pas ?

Smar serra les poings, le visage fermé. Un regard de Paisa l'aida à se ressaisir.

- Elle ne s'est pas laissée faire, mais une fois assommée, elle est plus facile à gérer. Je suis auprès de la ville, je ne crois pas qu'ils aient encore réalisé qu'elle a disparu.

- Sois prudent, je pars à la maison.

Smar n'avait pas menti sur le fait qu'il était près de la ville. Hier, tous les combattants s' étaient dispersés un peu partout, prêts à intervenir. Chaque groupe mêlait résistants, rêveurs et Evasoïs.

Grâce aux informations qu'il leur avait fourni,  une grande partie d'entre eux pourrait désarmer les hommes de Pirel de façon rapide. Lui serait avec la jeune femme face à celui qui était responsable de la mort de sa sœur.

.....

- Smar ! Non !

Les hurlements de Païsa le sortirent de cette espèce de transe dans laquelle il s'était volontairement plongé. Pirel était à ses pieds, et lui avait une arme dans son poing.

La main noire de l'Illusia lui prit le poignard, pendant que Miha relevait Pirel avec une certaine brusquerie.

- Lâche-moi, le gorille, répliqua l'homme à la redingote en essayant de se défaire de la poigne du géant.

- Ne me provoque pas, Pirel ! Tu n'as pas encore compris que tu avais perdu ? Regarde ! Ils sont où tes gardes ? hurla Miha en lui montrant la pièce.

- Ils sont dehors en train de massacrer tes amis, répliqua le prisonnier.

Païsa se rapprocha d'eux, faisant blêmir l'homme qui le découvrait seulement.

- J'ai peur que tu ne te trompes à ce sujet. Nous avons le contrôle de tes hommes. Certains ont préféré mourir, mais les autres se sont rangés de notre côté. Le peuple n'aime ni être affamé ni vivre dans une terreur constante.

- Comment ? On m'avait parlé d'une soixantaine de résistants ? Tu m'as donc menti tout le long, cracha-t-il de rage vers Smar. J'aurai dû jouer plus avec ta sœur !!!

Cette fois, personne n'eût le temps de l'arrêter et son poing s'écrasa sur le  nez de Pirel toujours retenu par Miha.

Quelques heures après, le géant se trouvait face aux résistants qui avaient pris intégralement possession des lieux. La population semblait plutôt satisfaite de ce changement. Les principaux soldats de Pirel étaient morts dans les combats. Hélas, certains résistants et quelques Evasois faisaient aussi partis des victimes.

- Qu'allez-vous faire de Pirel ? demanda un homme dans la foule.

Sa question provoqua des grognements de toutes parts. Miha s'y attendait. Mais que faire ?  Une sorte de procès ? Au risque de provoquer des tensions... Toute la soirée,  ils avaient discuté de l'opportunité d'installer des résistants dans l'ancien bastion de Pirel. Certaines familles y seraient mieux que dans les mines et puis cela permettraient de veiller à d'éventuelles envies de rébellion.
Lybi comme lui préféraient rester dans les mines.

- Nous n'en savons rien encore. Il nous faut le questionner. Beaucoup de personnes ont disparu, nous aimerions être capable de  dire la vérité aux familles. Pour l'instant Pirel est enfermé dans une des cellules.

....

Pirel n'avait pas eu à donner beaucoup d'informations, les fouilles dans son secteur privé avaient dévoilé le côté sombre et dérangé de l'homme. Tout y était consigné dans les moindres détails dans des dizaines de cahiers remplis de descriptions sordides, de croquis maladroits. Ces propos dignes d'un fou de pouvoir rêvant de domination avaient rendu malades Païsa.  Il y avait découvert à quel point cet homme haïssait son père, Dreamer et Papiou. Il avait été question d'un procès, désiré par une partie de la foule. L'homme ne leur en avait pas laissé le temps : un matin, il avait été retrouvé sans vie, une bave mousseuse laissait croire à un empoisonnement. Suicide ? Meurtre ? Cela importait peu tout compte fait.

Smar avait bien essayé de rester à Chimeria mais tout lui rappelait la disparition de sa sœur.  Il avait donc décidé de suivre Sven et quelques rêveurs. Ceux-ci allaient répendre leur savoir dans les autres mondes.

Miha avait construit une maison avec l'aide d'anciens résistants un peu à l'écart de la ville et très peu éloignée des anciennes mines. Lybi avait besoin de plus de contacts humains. Lui malgré une empathie naturelle avait besoin de se retrouver dans ces grottes.

Sahona se dirigeait vers la chambre de Païsa. Après plusieurs nuits à réfléchir, elle avait pris sa décision. Il lui restait le plus dur à faire : le dire à l'Illusia.

Celui-ci était en pleine discussion avec Laori, et eut l'air contrarié de la voir devant chez lui.

- Bonjour, jeune Imagienne. Je vais vous laisser tous les deux, à très bientôt,  dit la taupe en s' esquivant.

- Pourquoi est-il parti ? lui demanda-t-elle. Que me caches-tu ?

- Je voulais venir te voir ce soir... Qu'importe, tu es là. Je vais partir, Sahona. A la fin de la semaine.

- Moi aussi. C'est ce que je venais te dire. Je rentre à Chiméria. Pourras-tu m'y ramener ? Sans que cela te gêne ?

L'Illusia restait silencieux.

- Tu rentres chez toi ?demanda-t-il. Je croyais que tu resterai ici...Je n'aurai aucun mal à te reconduire, c'est aussi là que je vais. Dreamer vieillit...

Sahona n'en revenait pas. L'idée de se retrouver avec lui à Chiméria était un rêve auquel elle avait évidemment songé. Le sourire qu'elle lui offrit et celui qu'il lui rendit était plein de promesses.


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