Petite sœur

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Ma petite Lizzy,

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Ma petite Lizzy,

      Du haut de tes six ans, tu n'es pas encore en âge de comprendre ce qu'il se trame.

      Je suis sincèrement désolé de t'infliger cela dès ta plus tendre enfance, mais crois-moi, j'aurais rêvé que cela se passe autrement.

      J'aurais rêvé être un frère lambda pour toi, mais en même temps unique. J'aurais rêvé que tu sois fière de dire aux autres : "Leny ? C'est mon frangin.". J'aurais rêvé ne pas être une source de honte pour toi en sachant qui je suis. J'aurais rêvé être quelqu'un d'extraordinaire pour toi.

      J'aurais rêvé tout cela, mon Dieu, qu'est-ce que je l'aurais rêvé, si tu savais !

      Je suis désolé de ne pas être à la hauteur, de ne pas être le grand frère parfait, celui que tu admirerais. Vraiment, excuse-moi de te décevoir. Tu peux me haïr autant que tu veux, c'est pardonné. À vrai dire, je ne suis pas excusable. Toi, avoir un frère aussi peureux que moi ? Tu mérites tellement mieux que ça. Vraiment, excuse-moi.

      Je n'ai qu'une crainte, c'est que les enfants de ton école se moquent de toi vis-à-vis de moi. Qu'ils te rabaissent, t'insultent, te jugent, te frappent même !

      Lizzy, promets-moi que si jamais ça ne t'arrive, même une seule fois, cours le dire à maman. Car, moi, je ne serai plus là. Cours le lui dire, demande-lui de l'aide, et crois-moi, elle t'aidera comme moi, elle m'a aidé.

      Tu ne comprendras sûrement pas tout ce que je te raconte, et c'est probablement mieux ainsi. Tu pourras relire cette lettre quand tu seras en âge de comprendre, pour ainsi mettre des mots sur mon envol prochain.

      Je souhaite que tu continues ta vie normalement, même sans ma présence. Continue la danse, continue de travailler à l'école, continue d'aimer papa et maman, continue tout ce que tu aimes faire.

      Te souviens-tu quand, toutes les fois où tu étais triste ou en colère, c'était moi qui te consolais ? Tu sais, on écoutait sans cesse cette musique : Unsteady de X Ambassadors. Tu me disais qu'elle t'apaisait, te calmait, te faisait voyager loin de ce monde bizarroïde – comme tu aimais bien l'appeler. Nous pouvions boire ses paroles pendant des heures sans jamais s'en lasser.

      Désormais, je ne serai plus à tes côtés pour l'écouter. Il n'y aura que toi et cette mélodie harmonieuse pour ne faire qu'un.

      J'ai beaucoup de mal à te laisser, tu sais. Mais ne prends pas cela comme un abandon, prends-le comme une libération. Un jour, tu comprendras.

      N'aie pas peur pour moi, je serai bien là où je vais atterrir. Je vais simplement sauter haut, très haut, et finir dans les étoiles. Ce n'est pas douloureux ni triste, Lizzy, c'est comme une attraction. Tu sais, comme celles que tu souhaites tant faire lorsque l'on va à la foire, celles où tu as interdiction d'aller parce que "c'est pour les grands". Puis, après, tu nous dis que tu es grande, en insistant bien sur le fait que tu mesures un mètre quinze, et que c'est plus grand que certains de ta classe. Ô que ces moments passés avec toi vont me manquer.

      Je veillerai sur toi de là-haut, je prendrai soin de ta petite bouille. Chaque nuit, tu pourras passer ta minuscule tête à travers la fenêtre de ta chambre, pour ainsi me voir scintiller dans les cieux. Je te ferai coucou en brillant très fort.

      Tu pourras me confier tous tes rêves, tous tes secrets, je t'écouterai avec une oreille attentive sans jamais te juger, je te le promets.

      Tu es la meilleure des petites sœurs, Lizzy. Je t'ai vue naître, je t'ai vue grandir, je t'ai vue évoluer. Tu es devenue une magnifique petite fille, la fierté de la famille, mon plus beau trésor !

      Même si je ne suis pas toujours là, je pense tout le temps à toi. Tu es dans ma tête, tu es dans mon cœur.

      Tu as toujours eu cette fâcheuse tendance à m'appeler Nyny. Sais-tu d'où c'est parti ? Étant petite, lorsque tu réussissais enfin à aligner deux mots, tu n'arrivais pas à prononcer mon prénom correctement. Avec le temps, c'est devenu une habitude et tu m'as renommé ainsi. Ô Dieu, qu'est-ce que tu es mignonne quand tu prononces ces deux minuscules syllabes !

      Tu n'as jamais vraiment compris quel était mon secret, et je ne sais si j'aurais dû te l'avouer. Mais, après tout, je ne pense pas que tu m'aurais jugé. Tu n'es pas comme ça, plutôt du genre à accepter chaque être humain, peu importe son physique ou son caractère. Puis, tu es si petite, tu n'aurais pas compris le problème dans toute cette fichue histoire.

      Tu es une enfant modèle, toujours prête à aider les gens, toujours souriante avec la joie de vivre, tu es tout simplement rayonnante. Je ne me lasserai jamais de te regarder te trémousser sur tes musiques préférées dans ta chambre de princesse. Tu es ma princesse, ma petite protégée.

      J'aurais voulu te voir grandir pendant encore longtemps, rencontrer celui avec qui tu vas finir ta vie, et partager avec toi la naissance de mes neveux et nièces.

      Mais, même de là-haut, je vivrai tous ces moments avec toi. Car peu importe la distance qui nous séparera, je serai toujours dans ton cœur, sois-en sûre. Jamais je ne te quitterai, c'est impossible. Nous sommes liés : notre sang nous lie, nos cœurs nous lient, notre vie nous lie.

      Prends soin de toi, mon petit cœur. Souviens-toi que je t'aime très fort, et que je serai toujours là pour toi, quoi qu'il arrive.

      N'aie pas peur, rien ne peut t'arriver tant que je veille sur ma petite sœur.

      Mon trésor, n'oublie jamais qui je suis. On se reverra très bientôt, je t'aime.

Peureux mais joyeux, Nyny

Mes derniers mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant