Le prix du déclic (Chap. 4 - Part 1)

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- IV -

Part 1

Peu de temps après, Marc est de retour chez lui, ou plutôt au rez-de-chaussée de son immeuble qui lui sert de petite boutique, ainsi que de studio et de labo photo.

Avec sa femme, leur principale activité est centrée autour des cérémonies telles que les mariages, les baptêmes et autres fêtes religieuses, même s'ils font tout de même les photos classiques, comme les portraits posés devant un décor pour la famille ou les clichés pour les papiers officiels.

En plus de lui et de sa femme, Marc gère également deux employés qui sont aujourd'hui en extérieur pour couvrir un mariage.

— Bon, je vais quand même ouvrir un peu le magasin, se dit Marc pour se persuader de trouver le courage de se remettre en selle et pour que les clients puissent quand même venir récupérer leurs tirages.

Il ouvre le rideau mécanique et à peine la porte déverrouillée, une dame d'un certain âge entre dans le magasin.

— Bonjour mamie, lui dit Marc.

Cette femme, c'est un peu la grand-mère de tout le quartier.

Presque tout le monde la connaît, que ce soit les commerçants ou les habitants.

Veuve depuis plusieurs décennies et sans descendance, elle ne manque pourtant jamais de présence autour d'elle tellement elle est appréciée, même par les plus jeunes. C'est d'ailleurs elle qui tient à ce qu'on l'appelle grand-mère ou mamie, considérant son voisinage comme sa famille de cœur.

— J'ai appris pour votre accident, dit-elle d'un air attristé. Comment allez-vous ?

— Vous êtes déjà au courant, dit Marc tout étonné. Les nouvelles vont vraiment vite par ici on dirait.

— Vous savez jeune homme, à part me mêler de la vie de tout le monde, à mon grand âge je n'ai plus grand-chose à faire et puis en plus ça m'occupe, dit-elle en souriant. Plus sérieusement, comment va votre femme mon petit ?

En un instant, Marc perd son sourire.

— Mal ! Son état est stable mais elle va très mal. Elle est dans le coma et on n'est même pas sûr qu'elle n'aura pas de séquelles si elle se réveille.

— J'en suis sincèrement navrée, dit-elle d'un air vraiment compatissant. Si vous avez besoin de quoique ce soit que je puisse faire, n'hésitez pas.

— Je vous remercie, mais à part attendre on ne peut vraiment rien faire.

— Mais ce n'est pas un peu tôt pour reprendre le travail ? Ce n'est pas trop dur pour vous ?

— Je n'ai pas vraiment le choix. Malgré notre malheur, la vie ne s'arrête pas pour autant. Il ne faut pas oublier de payer les impôts, les taxes, les salaires, les charges, les loyers et j'en passe.

— C'est sûr, on a vraiment l'impression de travailler uniquement pour payer nos factures de nos jours. Heureusement pour moi cette époque est révolue, j'ai payé ma dette depuis bien longtemps, dit-elle d'un air amusée, en espérant détendre un peu l'atmosphère.

— C'est un peu ça, mais j'ai besoin de travailler aussi, il faut que je m'occupe l'esprit. Je dois absolument me changer les idées, ça n'apporterait rien que je m'apitoie sur mon sort.

— C'est normal, dit-elle avant de remarquer l'objet posé sur le comptoir.

Elle s'en approche pour le regarder de plus près.

— Mais c'est un bel appareil que vous avez là, dit la grand-mère en montrant l'antiquité.

— Haha ! S'esclaffe Marc. Oui, enfin c'est un bel objet pour un collectionneur peut-être.

— Il fonctionne encore ?

— Je n'en sais rien, on vient de me le donner.

— Vous ne voulez pas le tester ? Cela me ferait plaisir, d'avoir une photo prise avec un vieil appareil me rappellerait mon enfance et ça vous changerait les idées.

— Je ne sais pas ce que vaut cette machine, dit Marc en hésitant légèrement.

Mais il est tellement sous le charme de cette gentille femme qui fait tout pour le divertir, qu'il se laisse emporter.

— Et puis tant pis, on va l'essayer, on verra bien ce que ça donne, dit-il en lâchant enfin ce qui pourrait être les prémices d'un sourire.

Il fait signe à la dame âgée de passer dans la partie studio, situé à l'arrière-boutique du magasin.

— Quel décor voulez-vous grand-mère ?

— Mettez-moi celui de la falaise aux emprises de la tempête, cela me donnera l'impression de respirer le bon air de ma Bretagne natale.

Il sélectionne le bon arrière-plan sur son ordinateur et le rouleau correspondant défile derrière la femme.

Il fixe l'appareil photo sur un pied, avant de se mettre en position pour prendre le cliché.

— Souriez ! Dit Marc avant que le flash éclaire violemment toute la pièce en émettant un bruit sourd tel le crépitement électrique de l'orage.

A ce moment-là, la vieille dame s'écroule brutalement, comme si son corps venait de se délester de toute vie d'un seul coup.

LIVED with DEVIL {Thriller Fantastique Psychologique} [Recueil de nouvelles]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant