2.0

2.5K 339 525
                                    


↳ Cam.8.0 ; forest focus :
District 8; BANG CHAN

Impossible de trouver le sommeil. Tout me garde éveillé. La faim. La soif. Le froid de la nuit glaciale, et la fausse lueur de la lune de l'Arène, montée trop haut dans un ciel sans étoiles.

Les yeux grands ouverts, je sonde l'obscurité, lançant de petits regards discrets à l'œil globuleux d'une caméra coincée dans la branche sur laquelle j'ai trouvé refuge. Blottit sous ma veste, comprimé entre mon carquois et la courbe massive de mon arc, j'attends que le jour se lève, à l'abri de la bise.

J'écoute, attentif. J'écoute, immobile, essayant de conserver le peu de chaleur que mon corps continue de produire pour me tenir en vie. J'écoute, mais je n'entends rien que le battement sourd de mon cœur qui s'écrase lentement dans ma poitrine.

Nous sommes tous en vie.

Ça me semble impossible, et pourtant, aucun coup de canon n'a retentit cette nuit. Aucun portrait ne s'est affiché sur la voûte artificielle. Aucun hymne endeuillé n'a éclaté dans la forêt. Rien. Il ne s'est rien passé, et tout est calme.

Les trois tributs qui se sont battus à sang dans la Corne d'Abondance sont bel et bien vivants.

Tous les autres vont bientôt commencer à traquer les plus faibles, et chercher les corps affaiblis, terrés pour se remettre de leurs blessures. La machine va se mettre en route, et comme tous les autres avant moi, je devrais me tâcher les mains. Je devrais le faire.. mais je ne peux pas. Je ne peux pas tuer ceux avec qui j'ai passé des semaines à m'entraîner pour survivre. Je ne peux pas tuer ceux avec qui j'ai ri, sué et pleuré.

Mais eux- Eux peuvent le faire. Alors je dois me tenir prêt.

Soudain, les buis qui encerclent mon arbre se mettent à trembler.

Je n'entends pas de voix, mais je reconnais sans mal le pas léger d'une silhouette svelte qui progresse un peu trop rapidement. J'inspire lentement, retenant mon souffle pour ne pas révéler ma position, avant de basculer mon crâne contre le tronc, essayant d'identifier le garçon en bas.

Il s'arrête, et tourne sur lui-même.

Doucement, je tire mon arc, et le passe à mon bras. Si je fais un geste brusque, ce mec peut me finir, avec n'importe quelle arme. En quelques secondes.

Il finit par lever les yeux, cherchant sans doute sa direction dans le ciel. Mais la seule chose qu'il trouve n'est autre que mon regard. Une vague de peur panique écrase mes muscles, et il ne m'en faut pas plus pour encocher une flèche meurtrière à la corde de mon arc que je bande, menaçant.

Bouge pas, ou je tire, je marmonne.

Mensonge. J'en suis incapable.

Mais je le vois lever les mains au ciel en reculant, les paumes vides, illuminées de rayons livides.

Oi, Chan, murmure une voix grave que je reconnais aussitôt. C'est moi.

Je ne bouge pas, gardant le corde tendue, alors que la pointe de ma flèche oscille sous la pression de mes doigts.

Tire pas.. T-Tire pas, je t'en prie.

Dans la pénombre, je vois ses doigts trembler, et sa voix se brise.

Il est totalement démuni. Je ne vois aucun sac à son épaule. Sa veste est déchirée, et il a le visage d'un gars qui a passé sa journée à courir après une rivière qu'il n'a même pas trouvé.

Finalement, je secoue la tête, une masse de cheveux gris me tombant dans les yeux, alors que je baisse mon arme, la rangeant dans mon dos, avant de me suspendre à ma branche, descendant quelques mètres plus bas, pour tendre une main amicale au rouquin.

「Hunger Games - SKZ 」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant