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↳ Cam.7.001; land focus:
District7; MINHO

Immobile, les yeux perdus dans le néant, j'inspire. L'air humide de la nuit s'engouffre dans ma gorge, imprègne ma langue de rosée, et s'étale dans mes poumons douloureux. Irrités par le poison qu'ils ont trop longtemps insufflés, il se contorsionnent dans ma cage thoracique et me poussent dans des quintes de toux insoutenables. Le corps secoué de soubresauts, j'essuie un regard mauvais de Hyunjin, recroquevillé à quelques mètres devant moi.

Aucun de nous n'a bougé depuis qu'il s'est extirpé de la brume. La tension électrique qui explose sur la terre qui nous sépare s'amenuise progressivement. Sans un mot, nous apprenons à nous apprivoiser, regardant la lueur de nos regards changer dans le chaos. Le monstre, autrefois si menaçant à l'air d'une bête meurtrie, effrayée au moindre murmure de la forêt.

Soudain, le gémissement d'une fusée qui s'élance dans le ciel retentit dans l'Arène. Lorsqu'elle touche le dôme artificiel, elle éclate dans les étoiles et répand autour d'elle le portrait mordoré de Seungmin.

Je le regarde un instant, vite irrité par les hurlements étouffés du garçon brûlé. Les mains accrochées à son visage, il plante ses doigts dans ses yeux comme s'il allait les arracher à leurs orbites. Sa carcasse maigre sursaute, se bat contre elle-même, jusqu'à ce qu'elle se paralyse en voyant les paillettes d'or s'évanouir dans le ciel.

—  Je devrais le tuer.

La voix qui me parvient est dure et déterminée. Surpris, je relève les yeux, tombant dans ceux brillants de haine de l'animal tapis dans la broussaille.

—  Je devrais tuer Jeongin, reprend-t-il, plus sur de lui.

—  Et ensuite, je devrai te tuer toi, je marmonne, sentant malgré-moi un sourire tordu s'étendre sur mon visage.

—  J'peux m'en occuper moi-même, ricane-t-il, son dos frémissant dans le soir. Ça me fera du bien, un peu de repos, tu ne crois pas ?

—  Fais comme tu veux, je soupire, dissimulant difficilement les tremblements d'excitations qui parcourent mes membres engourdis. Je serai quitte de me nettoyer les mains quand tu seras mort.

Son rire explose dans sa gorge et renverse son immense corps dans l'herbe, le faisant rouler sur lui-même, comme une sorte de félin décharné. D'un seul coup, animé d'une force nouvelle, il se redresse, les genoux plantés dans la terre, et les bras tendus :

—  T'y as cru ? Demande-t-il, en penchant la tête sur le côté, les yeux exorbités, sa langue pendant sur sa joue. T'as vraiment cru que j'me suiciderais et que j'te laisserais gagner ? J'y crois pas ! Tes parents ont vraiment tout mis dans la plastique, mais y'a rien là-haut !

Ses mots l'amusent et emporté par son fou-rire, il s'ébroue en sautillant sur place, sa grosse langue de clébard éclaboussant son menton, ballottée par ses mouvements trop vifs.

—  Ta gueule, j'aboie. Si tu veux te reposer, t'as qu'à dormir au lieu d'hurler comme un demeuré.

—  Pour que tu m'tues dans mon sommeil ?

—  J'vois pas avec quoi, je grogne en secouant mes mains vides sous son nez.

Il se renfrogne, brutalement silencieux et rampe péniblement jusqu'à moi, venant écraser son crâne dans l'herbe à côté de ma cuisse. Il à l'air misérable. À travers ses insupportables tirades, il souffre. Il souffre comme n'importe quel humain doté d'un minimum de connexions nerveuses; et ça me fait pitié.

「Hunger Games - SKZ 」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant