「Hunger Games - SKZ 」

1.0

↳ Cam.4.2 ; capsule focus :
District 3 ; LEE FELIX

Ça y est. Je vais mourir.

C'est tout ce qui me traverse l'esprit alors que ma capsule de verre entame sa longue montée en Enfer. Debout, paralysé par la peur, les pieds ancrés sur ma plateforme de béton, je fixe la lumière qui filtre au-dessus de moi. Autour de moi, il n'y a rien que des dizaines de mètres de terre artificielle et autant de câbles électriques.

Je n'arrive pas à me concentrer. La surface approche à toute allure, et je ne sais toujours pas quoi faire une fois que je serais en haut, devant tous les autres. Prêt à me faire poignarder par le premier fou-furieux qui passera un peu trop prêt de moi.

Merde, Felix, t'es foutu.

Je n'arrive à penser à rien d'autre. Pourtant j'essaye. J'essaye de me souvenir des derniers mots du tribut du 6, avant qu'il ne disparaisse dans sa propre prison de verre. J'essaye de revoir rapidement tout ce que mes nombreuses semaines d'entrainement m'ont apprises, mais rien. Trou noir.

Quand je rouvre les paupières, la lumière du jour m'aveugle. Vite, je porte une main tremblante à mes yeux, essayant de ne pas perdre mon équilibre. Si je tombe de ma plateforme avant le commencement des jeux, une mine m'arrachera les jambes, et c'est bien la dernière chose que je souhaite.

J'inspire longuement, gonflant douloureusement mes poumons dans leur cage avant que je ne manque d'air. Un horrible nœud m'empêche d'avaler ma salive, et j'ai l'impression de m'étouffer.

Devant moi, une immense plaine d'herbes hautes s'étend, se tordant en vagues dorées sous la force du vent. Au centre, la Corne d'abondance, immense conque de métal regorgeant de vivres, armes et ustensiles de survie. Et autour, nous.

9 garçons, perchés sur leurs ridicules petites plateformes, et qui n'attendent qu'une chose. Se jeter sur l'arme la plus proche. Ou s'enfuir.

Chacun d'entre nous le sait. Les premières minutes des jeux sont cruciales. Dans les éditions précédentes, plus de la moitié des tributs y laissaient leur peau, en essayant d'attraper un sac de camping ou une lance. Honnêtement, personne ne voudrait s'enfoncer dans ce merdier. À moins d'avoir un sérieux problème. Ou de vouloir en finir au plus vite.

Je tangue sur mes deux pieds, trépignant d'impatience.

Dans mon dos, j'entends les murmures de la forêt qui n'attend que moi. Je n'ai pas grand chose à faire. Me retourner. Courir le plus vite possible avant de me faire planter. Courir encore. Et me cacher. Le plan est simple. Efficace. Et terriblement lâche. Mais j'ai mes chances.

À ma droite, le gars du district 4 lorgne sur un sac à quelques mètres seulement de nous. À ma gauche, celui du 2 fronce les sourcils, concentré sur l'intérieur de la Corne.

Ils veulent se faire tuer. Ils sont fous.

Je secoue la tête, entendant le compte à rebours s'enclencher. 60 secondes. Pas une de plus.

Les yeux rivés en face de moi, je croise le regard du type du 6 qui m'a encouragé avant de monter. Ses mains sont crispées au fond de ses poches, et quand j'essaye de lui sourire, il tourne la tête, ses yeux disparaissant sous son épaisse masse de cheveux corbeaux.

J'espère qu'il va s'enfuir lui aussi. S'il y en a bien un qui doit vivre, c'est lui. Ou moi. Mais j'y crois pas. Je suis un homme mort. Y'a qu'à voir le regard que le tribut du 1 me lance pour en être sur. Je donne pas cher de ma peau.

Il reste 5 ridicules secondes avant le coup de feu initial.

4 secondes. Mon cœur va lâcher.

Machinalement, je bascule la tête sur le côté, enfonçant mes doigts contre ma carrotide, sentant mon sang battre furieusement sous la pulpe de mon index.