「Hunger Games - SKZ 」

8.0

↳ Cam.1.234; forest focus :
District 1; JEONGIN

Plic. Ploc.

Deux gouttes s'écrasent sur le plastique noir de ma veste. Deux gouttes; puis une centaine, qui explosent avec rage sur le sol saccagé de l'Arène.

Un léger sourire s'étend sur mon visage alors que je lève les yeux au ciel. Des milliers de moutons noirs courent sur la voute artificielle. Ils progressent, fous, leurs toisons se gorgeant de pleurs amers qui étourdissent la forêt.

Lentement, je rabats ma capuche sur mon visage, riant à la pluie qui fouette mes joues, la langue tirée, laissant les perles limpides s'y déposer avec bonheur.

Je tourne. Je virevolte. Tout seul. Les bras étendus, je vole et je souris, sifflotant un air doux qui me rappelle le rire de mes frères.

Je tourne. Encore et encore. Jusqu'à ce que les nuages tournent eux-aussi. Jusqu'à ce que tout se trouble autour de moi. Jusqu'à ce que mes lèvres s'assombrissent. Et que les larmes des cieux se mêlent aux miennes.

Je tourne. Et m'écroule, les genoux noyés sous les feuilles rouges, les doigts crispés dans la terre humide; profondément seul.

Mes épaules tremblent, et je ne sais plus si mon corps est secoué d'un fou rire irrepressible ou de sanglots douloureux. Je ne sais plus rien. Je ne vois plus rien; que le sang sous mes ongles que l'averse estompe.

Assommé par la fatigue et l'adrénaline, je me laisse rouler sur le dos, respirant sensiblement, savourant la vie qui parcoure mes veines, et le calme qui s'insinue dans mes poumons. D'un revers de main, j'essuie mes larmes, souriant au dome de l'Arène déprimée. Là, à travers ces faux nuages ennuyeux, il y a le visage de Chan, peint en étoiles d'or. Il sourit, lui aussi. Et il sait que j'ai bien fait. Il ne m'en veut pas.

Et ça me console.

Non. Ça me rend plus fort.

Enfin, je me relève, balayant d'un coup de pied vif les feuilles mortes, les regardant s'éveiller dans un tourbillon furieux avant de retomber sur mes traces. Comme si de rien n'était.

Remis sur pieds, je me saisis du poignard attaché à mon sac et m'enfonce dans les bois, les pas masqués par le murmure de la pluie et les hurlements du vent dans les branches.

Je sais exactement où je vais. Pour être plus exact, je sais exactement qui je suis.

Seungmin.

Pour le sauver. Comme j'ai sauvé Chan.

Motivé, je secoue la tête et jette un dernier coup d'oeil à la voute, lui souriant comme si Chan, de là où il est, pouvait me voir. Puis je me jette dans la forêt, dansant entre les troncs, esquivant les bosquets épineux, saisissant des branches que j'arrache au hasard, ça et là, dans un but unique. Précis.

Je saute au-dessus d'un massif de feuilles, et y jette le baton, entendant claquer dans les airs un filet piégé qui se referme sur le vide.

Je ris, courant avec la silhouette imaginaire de Seungmin qui m'apprend innocemment à désamorcer les pièges les plus simples sans jamais penser que nous pourrions devenir ennemis. Je continue de galoper, envoie s'écraser une pierre sur un tronc, sentant dans mon dos une volée de lances fuser dans le décor et se briser au sol. Je tournoie, slalome entre les arbres, écoutant la voix de Chan raconter les paysages de l'Australie alors que je détruit un nouveau filet, le sourire jusqu'aux oreilles.