Retour à Whitewood [Terminé]

Retour à Whitewood

Le son du réveil résonna dans toute la petite maison de Mila. Comme tous les matins, elle se réveilla d'un coup. C'était le matin du premier décembre 1980. Pour Mila, c'était aussi sa première journée à Whitewood. C'est sûr que cela faisait maintenant une semaine qu'elle était là, mais c'était des journées de déménagement. Sortir les boîtes, les mettre dans la maison et tout installer. Cette journée était différente. Mila allait rencontrer son supérieur au poste de police et souper chez ses parents, qu'elle n'avait pas vus depuis longtemps.

Elle se leva et enfila une tenue simple pour sa rencontre. Dans ce village perdu du Texas, pas besoin de s'habiller comme si on allait dîner avec la reine d'Angleterre ou rencontrer les Beatles. Mila se dirigea ensuite vers la salle de bain. C'était une petite pièce avec une simple ampoule en guise d'éclairage, rien de majestueux. Même s'il faisait encore noir dehors, la pluie abondante était facile à remarquer. En effet, le son des gouttes contre l'unique petite fenêtre pouvait rivaliser avec le son des coups de fusil.

Après s'être coiffée, la jeune femme mit deux tranches de pain dans le grille-pain et se prépara un café. Envle buvant, elle lut les journaux. Mila n'avait jamais aimé les journaux. Toujours des informations négatives comme des guerres, des attentats et d'autres événements du genre, mais c'était dans son devoir de citoyenne de rester au courant des actualités dans le monde.

Elle mangea ses rôties et se brossa les dents. Son rendez-vous était 15min plus tard. Habitant à 2min du poste, la jeune femme s'habilla et marcha jusque là. C'était un bâtiment assez grand, plutôt austère, qui n'avait rien de chaleureux. À l'intérieur, il y avait un long couloir, des chaises étaient  installés à l'entrée et une secrétaire était assise au comptoir de service.  Mila se rapprocha et attendit que la dame lui manifeste un peu d'attention. C'était une petite dame avec des cheveux bouclés. Elle portait de grosses lunettes et une chemise bleue assortie. La dame avait un regard sérieux et regardait ses documents avec les sourcils froncés. Mila songea que c'ette femme ne semblait pas très accomodante.

-Mademoiselle Williams? questionna la secrétaire.
-Oui, c'est moi. Je suis venue rencontrer Monsieur Johnson, répondit Mila.
-3e bureau à droite, lança la femme.

Mila l'a remercia et s'avança dans le couloir aux couleurs mornes. Arrivée devant la porte, elle cogna avec appréhension. Un homme grand et costaud vint lui ouvrir. L'homme semblait hostile et inquiétant, mais, malgré cela, Mila ne pouvait s'empêcher de le trouver terriblement élégant. Il avait 27 ans et ses yeux verts et bruns rappelaient une toile de peinture représentant une forêt canadienne en plein été.

Ils se saluèrent et se présentèrent. Les deux jeunes gens commencèrent à discuter. Mila lui parla de son parcours. La jeune femme lui raconta qu'à 18 ans, elle avait déménagé dans l'ouest canadien, plus précisément à Calgary.

C'est là-bas qu'elle avait fait ses études policières. Un an et demi plus tard, elle avait décidé de revenir dans son village natal. Mila avait alors été demandée comme policière à Whitewood. Ils discutèrent ensuite de ses capacités et talents particuliers. Mila était quelqu'un d'assez spécial. Aux premiers abords, elle semblait être une personne curieuse, discrète et fragile. Par contre, la femme avait une "personnalité cachée", car elle était une personne forte et habile. La policière savait très bien se battre et n'avait peur de personne.

Elle avait également appris plusieurs langues depuis son enfance. La jeune femme était anglophone de naissance et parlait un excellent français comme langue seconde. Mila avait aussi apprit l'italien. Monsieur Johnson semblait impressionné par ce cheminement.

-Votre parcours est très impressionnant, dit-il.
-Merci beaucoup, Monsieur Johnson, répondit la jeune femme.
-David, je vous pris.
-Appelé-moi Mila.
-D 'accord, alors suis-moi, je vais te montrer ton bureau et te donner ton uniforme.

Mila et David marchèrent jusqu'au bout du couloir. Ils arrivèrent dans une salle avec un comptoir en dessous de la fenêtre du fond et trois bureaux collés ensemble pour former une sorte de demi-cercle. Un des bureaux était occupé par un homme aux cheveux blonds qui ressemblait étrangement à l'un de ses deux meilleurs amis du collège. Le jeune homme qui occupait le bureau d'à côté ressemblait à son 2e meilleur ami de la même époque. Il avait les cheveux noirs et un grand sourire. Le troisième bureau était vide.

-Mila? interrogèrent les deux hommes stupéfaits.
-Matt? Jonathan? murmura Mila, n'en croyant pas ses yeux.

C'était bien eux. Matt Robinson et Jonathan Matthews, ses deux amis d'enfance. Ils discutèrent avec David en même temps que Mila installait le peu de choses qu'elle avait apportés et son supérieur lui tendit son uniforme. La femme ne savait pas pourquoi, mais elle avait un mauvais presentiment. Son coeur battait aussi vite qu'un oiseau affolé en plein vol. Son sang se glaça dans ses veines, mais personne ne s'en aperçu. Il fallait maintenant qu'elle parte. La jeune femme salua tout le monde et s'en alla.

Mila marcha jusqu'à la maison de ses parents. Elle cogna à la porte et Sarah vint lui ouvrir. Sa soeur avait 16 ans et était un copié-collé de Mila: le même physique et la même personnalité. C'était la première fois que les deux soeurs se voyaient depuis que Mila était partie, il y a 2 ans. Sarah semblait sous le choc. Lauren, sa mère, se demanda se qui se passait. Elle alla voir à la porte et vit sa fille ainée qui regardait sa version miniature, stupéfaite.

Mila rentra dans la maison et salua ses parents. Elle expliqua en détails son aventure au Canada. La jeune femme passa la soirée avec eux. Ses parents étaient heureux de la voir. L'ancienne complicité entre elle et sa soeur refit également surface comme si elles n'avaient jamais été séparées. Un peu après 9h, Mila jugea qu'il était l'heure de partir. Elle ramassa ses affaires et dit au revoir à sa famille.

À ce moment-là, Mila Williams ne savait pas ce qui l'attendait dans sa propre maison. Son presentiment de tout à l'heure n'était pas inexpliqué.