Les barreaux dans notre tête sont plus féroces que les barreaux de prison.
— EEMM• • •
Abram
Je ne savais pas vraiment ce qui pouvait définir l'adulte, si ce n'était son âge. Mais il me semblait que même à 84 ans, l'on pouvait encore ne pas en être devenu un. Peut-être que certains enfants étaient déjà plus grands que d'autres vieux.
Dans tous les cas, ce fut grâce à cette pensée que j'eus vite compris que les gaillards à mon front étaient encore des pauvres mômes dont le cordon ombilical semblait avoir été coupé la veille.— Bah alors Batman, on est daltonien ? Le rouge c'est du noir, et le vert aussi ?
— Laisse Morticia tranquille, sinon, on va se prendre un sort voyons !
Je faisais mine de ne rien entendre. Mais sans vraiment le vouloir, mes yeux s'abaissèrent discrètement jusqu'à mes vêtements. J'avais beau chercher, je ne voyais pas ce qu'il y avait de mal à porter des fringues noires, qui plus étaient des guenilles. Enfiler cette teinte obscure était un peu ma signature. C'était simple, charmant et...bon sang, je ne savais même pourquoi est-ce que je me prenais la tête sur ce sujet. J'aimai le noir. Fin du livre.
Lassé et surtout agacé, je laissai ces deux couillons séniles se fendre la poire à mon sujet. Je n'avais jamais aimé ce fruit, c'était sûrement pour cette raison que j'avais du mal à digérer leurs propos.
Souvent, j'encaissais simplement, par pure flemmardise. Et puis aussi, j'avais un peu peur de me défendre pour rien lorsqu'on me faisait des reproches. J'étais toujours parti du principe que les autres pouvaient mieux me connaître que moi-même.
Zara m'avait dit que j'étais bizarre, de ne pas répondre; moi, je lui avais dis qu'aucune personnalité n'était étrange, parce que pour ce genre de trucs, la normalité n'existait pas. Tout était au dessus de zéro.
Ils rirent encore, en n'hésitant pas à me zieuter, jusqu'à s'en lasser et finalement s'éloigner, me laissant enfin seul dans ce petit coin de la cour de prison.
Ça ne faisait que quelques heures que j'étais ici, et pourtant, j'avais déjà l'impression d'y avoir passé cinq vies.
En prison. Encore. Et cette fois, pour me faire implanter la puce.
La puce. Contrôle mental.
Merde.
C'était vrai.
Mon coeur commença à accélérer ses battements.
C'était la troisième fois que je venais en prison dans ma vie. Mais cet espèce de truc où j'étais enfermé me faisait plus peur que toutes mes escapades.
La première fois, c'était parce que j'avais été trouvé ivre et assis sur un lampadaire dans la rue avec mes amis. Une petite garde à vue. C'était l'époque où...j'habitais encore avec ma famille, à Barcelone. Quatorze ans de bonheur et de fous rires.
Puis, la deuxième fois, un an plus tard...était la plus douloureuse et violente. On avait été fichés C — corruption du peuple — après une soirée à avoir crié au bar. Je n'avais pas pensé que ce type de fiches existaient. C'était à croire que l'Etat avait plus d'un tour dans son sac. Bizarrement, il s'attendait à tout.
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Elle était ma Muse
ActionAbram Vinz porte sur son corps les cendres de son coeur abimé. Recherché par le gouvernement d'un pays qui s'exerce à contrôler mentalement son peuple de par la pose d'une puce électronique, son quotidien se résume à survivre au sein des égouts avec...