Et puis, elle avait cette manie...de me vouvoyer.
— EEMM• • •
Abram
— J'vous jure, les gars, vous auriez vu ça ! Un pur miracle ! On allait y passer, pourtant ! Je ne sais pas ce qu'il s'est passé...il y a juste eu une coupure d'électricité et pouf ! Les cellules se sont ouvertes.
— Une coupure d'électricité ?
— Carrément ! Heureusement qu'il faisait jour, vieux !
Il n'y a pas à dire : les frères Étoiles s'étaient vraiment bien intégrés au groupe du Satellite. D'abord encore nerveux de la longue course dont nous étions revenus et emplis d'un élan d'étonnement, l'aîné avait très vite joué le jeu et fait la connaissance de tout le monde, incitant son frère plus réservé à se détacher de ses chaînes.
— Ça veut dire que tout est électrique dans cette prison ?
— Ça ne m'étonne pas. La technologie, c'est un peu devenu le prophète de notre époque.
Les jambes relevés contre le mur et le dos enfoncé au coeur de mon matelas, je me contentai de rester seul dans mon coin, à écouter malgré tout le groupe de personnes encore éveillées qui parlaient non loin.
Les cheveux de la petite Nina caressaient ma joue chaque fois que j'essayai un tant soit peu de bouger mon crâne. Son frère quant à lui m'écrasait les tripes, à ronfler ainsi sur mon bide.
Dès notre arrivée violente à une bouche d'égouts après un long périple, je n'avais guère eut le temps de descendre du dos d'un frère que les jumeaux avaient sautés par dessus tous les matelas et draps pour se jeter sur moi. Face à leurs larmes et douces insultes, je n'avais été qu'en capacité de les serrer jusqu'à n'en plus sentir mes bras.
Je ne savais pas si j'allai être papa, un jour, dans ma vie ; pour le moment, c'était très mal parti. Malgré tout, ces deux gosses me faisaient souvent glisser dans la peau d'un géniteur aimant. Et c'était magnifique, d'aimer ainsi. Mon coeur respirait et sortait de son ennui.
— Vous...vous êtes vraiment sûr de ne pas avoir été piqués ?
Un silence pesant enveloppa les nombreux mètres carrés.
— Aussi sûr que le soleil est jaune.
— Ça, on n'en sait rien.
La réplique marmonnée de Jaime me fit sourire. Depuis notre retour, il ne m'avait pas lâché d'une semelle. Ce ne fut que lorsque j'avais prétexté être tombé dans les bras de Morphée qu'il s'était permis une petite pause dans son rôle « d'infirmier », comme il s'était appelé.
En vérité, quand nos regards s'étaient croisés après des jours d'absence, j'aurai juré n'avoir jamais vu autant de délivrance et de soulagement. Des fils semblaient s'être connectés de nouveau, et puis, sans vraiment savoir pourquoi, nous avions éclatés de rire dans la seconde.
— Comment ça ?
— Daltonien, aveugle, bourré...t'as ta réponse, bichito.
— Dans tous les cas les gars, intervint une autre voix, on est super heureux de vous compter parmi nous ! Faites comme chez vous ! On fait souvent des fêtes, des jeux, on fête aussi les anniversaires et on peut regarder la TV pendant quelques minutes. C'est cool, vous verrez. Par contre, les toilettes sont publiques et vos sorties des égouts se feront très rares. Les patrouilles vont sûrement se multiplier désormais...
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Elle était ma Muse
ActionAbram Vinz porte sur son corps les cendres de son coeur abimé. Recherché par le gouvernement d'un pays qui s'exerce à contrôler mentalement son peuple de par la pose d'une puce électronique, son quotidien se résume à survivre au sein des égouts avec...