Le Temps d'6 Calcul - Partie Finale

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 Aujourd'hui, j'ai seize ans. 

Cela fait cinq jours à peine que je me trouve ici. Dans cette année, je veux dire. Que je n'avais pas encore visitée. Et j'attend, j'hésite, planté sur ce banc froid et humide. J'ai voulu essayer de revenir au commencement. Et j'y suis, à quelques détails près. Des détails qui ruinent une vie.

Au dessus de moi, la sonnerie fixée au mur se met à hurler le début des cours.

Je me lève en agrippant la lanière de mon nouveau sac glissé entre mes jambes, et l'accroche contre mon dos. J'avance en traînant les pieds, uniquement focalisé sur les dégâts que cette calculatrice a causé.

À la fin du cours de physique, la sonnerie sonne à nouveau. Je me précipite vers le professeur avant qu'il ne sorte. Je me plante devant la porte pour lui poser une seule question.

Pourquoi monsieur Auyieo ne donne-t-il plus cours de math dans cette école? Je vous demande ça parce que vous lui ressemblez beaucoup. Mais en plus jeune!

Rire nerveux. Cet instinct bizarre me picore le ventre.

Alors il me sourit. Ce même sourire énigmatique que mon professeur m'avait fait en me recommandant Le Temps d'1 Calcul. Le même que ce vieillard m'avait offert, en plus de cette calculatrice. Les joues qui remontent, le regard espiègle.

- Alain Auyieo? Cela remonte à ma rencontre avec Christine...

Christine? C'est le prénom de ma mère.

Alain? C'est le nom qu'elle m'avait sortit avant de disparaître.

Il n'y a aucun mot sur ce globe pour décrire l'ouragan qui ravage mes sens, en cet instant précis.

En fait il n'y avait pas que le sourire qui était le même, chez les trois hommes. La façon de se tenir, l'accent un peu grave, le ton énigmatique.

- Je m'appelle Alain, me dit-il. J'ai déjà été prof, vendeur, et j'ai rencontré ta mère. Je lui ai fait don d'une de mes calculatrices qu'elle voulait absolument te rapporter. Mais elle s'est perdue dans le temps. Elle ne vous a pas abandonné. Et à l'heure qu'il est elle doit sans doute être coincée dans une année de son adolescence.

Il fait une pause, me dévisageant toujours de ce sourire plié. Je tremble un peu, j'ai mal au ventre.

- Elle ne se maîtrisait pas comme moi, comme toi. Nous on a cette force qui nous vient du plus profond des tripes, cet instinct. Ce n'est pas grâce à la calculatrice que tu voyages; c'est grâce à toi. Inexplicable, fantastique.

Tu es maitre de ta propre équation.


Dans l'agitation du couloir, j'entends de loin:

- Étienne ? Étienne !

Et je reconnais cette voix, comprenant d'où me venait cette familiarité avec la jeune fille. Elle ne m'a jamais abandonné. Et il m'a fallu le temps d'un calcul pour le deviner.    

Le Temps d'un CalculOù les histoires vivent. Découvrez maintenant