VII

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Elle s'est retournée, son doux visage avait laissé apparaitre des larmes. Elle a réessayer de partir, mais je l'ai rammené contre moi. Elle a pleuré encore et encore dans mes bras. Quand elle s'est décollée de moi, j'ai pris son visage dans mes mains et lui ai embrassé le front.

"Merci,..."m'as t'elle dis, en chuchotant
"..."
"Je vais rentrer chez moi..."
"Non. Tu dors ici. Je vais dormir sur le canapé."
"Merci,... Mais je vais rentrer."
"Non. Tu ne rentres pas. J'ai peur pour toi."
"T'inquiètes pas... Ça me le fait souvent, c'est pas grave."
"Peu importe, reste la."
"Merci,..."

Je l'ai emmené dans ma chambre, lui ai passé un tee shirt pour la nuit puis, je l'ai laissé seule, dormir.

Je me suis doucement réveillé, Mathilde était déjà là, assise à côté de moi.

"Pourquoi tu m'as pas dis que tu rappait ?" m'a-t-elle demandé
"Quoi ? De quoi tu parles ?"
"J'ai vu un logo un peu partout dans ta chambre, alors j'ai fait des recherches..."
"Ah, oui..."
"Columbine, c'est beau. J'ai tout de suite reconnu ta voix."
"..."
"Je la reconnaitrais entre mille. Même avec de l'autotune."
"..."
"Tu écris si bien, tu es si... incroyable."
"Merci..." ai je dis un peu honteux
"Et les autres c'est qui ?"
"Les autres ?"
"Lucas chante aussi, non ? Et j'ai cru entendre Sully et Jérémie dans un morceau."
"Oui, on est tous dedans..."
"Parle moi de toi, parle moi de ça, parle moi de tout."
"Si tu veux..."
"Parle moi."

Alors, je lui ai parlé, de mon groupe de rap, de mes potes, de la musique en général... J'aurais pu lui parler de n'importe quoi, elle m'aurais écouté. Elle était spéciale. Une blonde aux cheveux lisses et aux yeux bleus-verts aurait pu paraître superficielle, mais pas elle, non.

"À ton tour." lui ai-je-dis
"De quoi ?"
"Parle moi."
"De quoi ?"
"De toi."
"J'ai pas grand chose a dire, tu sais, je suis pas incroyable."
"Moi non plus."
"Non, mais tu es particulier, différent."
"Et toi aussi."
"Je ne crois pas..."
"Si, et en plus tu le sais mais tu ne me le dis pas."
"..."
"On est pareil, je sais quand tu vas pas bien."
"Oui, t'as raison."

Alors, elle m'a parlé, de son passé, de ses faux amis,de sa solitude et de la différence qu'elle ressentais. Elle aurait pu me parler de n'importe quoi, je l'aurais écouté. On était spéciaux. Elle et moi, si différents de la société, si proches et si isolés à la fois, si mystérieux et énigmatiques.

"Mathilde..."
"Oui ?"
"Tu sais que..."
"Quoi ?"
"Tu es..."
"..."
"Tu es différente, tu ne seras jamais comme les autres et heureusement."
"Je suis pas, où du moins plus, du genre a faire comme tout le monde."
"Je sais."

Elle a allumé une cigarette et l'a fumé en silence. Elle m'a tendu le paquet et je me suis servi.

Les jours, je dirais même les semaines, sont passés. On se voit souvent avec Mathilde. Quand elle sort des cours [qu'elle déteste mais qu'elle fait "au cas où"] elle vient chez moi. Souvent elle rentre chez elle mais ça lui arrive de s'endormir dans ma chambre ou mon salon. Le matin, elle m'envoit un message pour me souhaiter une bonne journée, je lui réponds qu'elle me manque. Le weekend, on sort tout les deux, ja vais même faire les magasins avec elle. On va à la fête forraine, au restaurant, au cinéma... Et le mercredi après-midi, je vais chez elle, regarder quelques séries en fumant quelques joints.

ne fuis pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant