- Chapitre 15 -

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Samedi soir, 9 Octobre :

- Tu n'oublies pas de laisser la veilleuse allumée le soir sinon, il ne dort pas.
- Oui, je sais.
- Et ne lui donne pas de viandes trop dures à mâcher.
- Logique.
- Ne le laisse pas devant la télévision. Avant trois ans, c'est hors de question.
- C'est noté.
- Fais attention à lui, Grey... Ou je te jure que...
- Lucy, laisse moi faire. Je vais m'en sortir.
- T'en es sûr ?
Je soufflai et passai ma main dans mes cheveux, la plongeant ensuite dans ma poche.
- Écoutes, je ferai de mon mieux. Mon père sera là et tu m'as donné toutes les directives donc, je vais y arriver.
Elle me regardait avec inquiétude. Lucy se mordillait nerveusement la lèvre. Elle se retourna pour aller chercher Tom.
   En face de lui, mon estomac me faisait un mal de chien. Je me râclai la gorge puis me baissai à sa hauteur.
- Salut, bonhomme. T'es prêt ?
Mon fils, enfin Tom accoura dans ma direction et sautilla comme un fou, surexcité. m'avait expliqué qu'elle lui avait déjà résumé la situation donc que Tom savait qui j'étais.
- Hey, Tommy, comment tu vas ?
- Mais moi c'est Tom !
- Oui, je sais bien. J'allais sûrement pas oublier ton prénom, haha. Considère Tommy comme un surnom que je te donne. À moins que tu ne l'aimes pas.
Il parut réfléchir avant de d'ancrer ses yeux dans les miens et ce fut à cet instant que je remarquai la ressemblance frappante entre lui et Lucy. Il était le résultat de notre union. Quel plus beau cadeau que de l'avoir en face de moi ? Il me sourit et acqquiesça d'un signe d'accord. Je lui rendis son sourire, ému de revoir la ferveur de mon ex copine dans ce petit. Je lui tendis par la suite ma main.
- Tu viens ?
Lucy lui fit signe d'accepter et Tom s'avança vers moi. Je le portai maladroitement et replaçai sur mon épaule l'énorme sac que mon ancien amour m'avait passé.
- Grey, je te fais confiance sur ce coup. Ne me déçois pas plus.
Je l'observai un instant et acquiesçai. Je posai mes yeux sur mon enfant qui me dévisageait et lui lançai un sourire.
- On y go ?

    À l'appart' de mon père, je déposai au sol le sac qui pesait une tonne et laissai Tom sortir de mes bras. Le petit blond fit la rencontre de son nouveau grand-père qui le détailla longuement avant de me lancer un regard, intrigué. Il masqua son air renfrogné d'un radieux sourire.
- Coucou toi ! Tom, c'est ça ? Mon fils hocha la tête. Qu'est-ce que tu es beau ! Tu ressembles à ta mère dis donc. Elle va bien Lucy justement ? Me demanda-t-il
J'haussai les épaules et sortis une canette de jus du frigo. Je me jetai sur le canapé.
- Elle vit sa vie. C'est déjà ça. Lançai-je.
Tom s'approcha, m'observant comme s'il tentait de m'analyser. Une pensée qui me fit rire. Lucy aurait fait la même chose. Pensai-je.
   Je bus une gorgée de ma boisson et portai mon fils jusqu'à moi.
- T'as envie de quelque chose en particulier, Tom ? Lui demandai-je.
- Z'ai faim.
Je regardai l'heure sur ma montre. 18h30. Lucy m'avait dit qu'il mangeait à 19h15 généralement. Pile le temps de faire quelque chose.
- Ça te dit de manger des petits pois avec un cordon bleu ?
- Tu penses qu'il mange ça à cet âge ? Me demanda mon père.
Je me tournai vers Tom.
- T'as déjà manger du cordon bleu ?
- Bah... ui. Me répondit mon fils avec évidence.
- Eh bah nickel !
   Je me levai et me rendis à la cuisine ouverte.
Je cherchai une poêle dont j'y ajoutai un filet d'huile et la mis à chauffer sur la plaque de cuisson, sous le regard du petit blond qui m'avait suivi. Je sortis le cordon bleu que je plaçai sur le plan de travail.
Je me penchai vers mon fils et lui souris.
- Tu veux que je te montre ma chambre ?
Tom accepta et je le ramenai donc à ma pièce fétiche.
Le petit blond examina mon refuge de son regard avant de se rendre jusqu'à mon lit. Je l'aidai à y monter et le laissai se faire à son nouvel environnement.
   Gêné par cette ambiance, je me râclai la gorge et essayai de trouver quelque chose à faire.
- Alors... ça se passe bien avec maman ?
- Oui. Maman est zentille, elle. Me lança-t-il sans que je ne m'y attende.
Je détournai le regard et me posai à ses côtés.
- C'est vrai que j'ai pas toujours été très gentil.
- Oui, mais môma' a dit de pas en vouloir.
Je me tournai dans se direction et l'observai.
   Il avait ses cheveux. De beaux cheveux dorés. Et il avait aussi sa petite bouille. Son adorable visage, innocent, mais qui gardait quand même un air méfiant.
- Tu parles bien pour ton âge. Enfin je crois, j'ai jamais vraiment connu d'enfants de ton âge...
- Môma' a dit plein à moi.
- Toujours aussi sérieuse et impliquée à ce que je vois. Soufflai-je, content de voir que certaines choses n'avaient pas changé. Je lui jetai un regard. Je suis désolé de faire mon apparition que maintenant... mais sache que je ferai tout pour apprendre à te connaître, mon bonhomme. Repris-je en lui ébouriffant sa touffe blonde.
   Un petit rire sortit de sa bouche. Tom me lança un regard.
- T'aimes moi ? Me demanda-t-il.
Surpris, je perdis contenance devant sa troublante question. Par la suite, un sourire prit place sur mon visage et mon cœur s'allégea doucement. Je passai ma main dans ses cheveux et, hésitant, le ramenai à moi.
- Bien sûr. Tu es mon enfant après tout. Je ne vais pas laisser une bêtise commise gâcher ma relation avec toi.
Je sentis Tom souffler et il se serra à moi.
- Alors je peux t'appôler papa ?
- Depuis le début tu peux m'appeler comme ça, Tom.
- Et chouetteuh ! J'ai un papa comme maman ! Dit-il tout content.
Je riais lorsque mon père ouvrit la porte, passant un rapide regard sur la scène qui se jouait à ce moment.
- Euh juste, t'as oublié ta poêle. Me fit-il remarquer.
- Oh non, non ! C'est vrai !

   J'avalais une bouchée de cordon bleu alors que j'expliquais en même temps à mon fils comment j'avais réussi à m'ouvrir le front à cause d'une crotte de chien. Tom m'écoutait attentivement.
- C'est ça, ton bobo ? Me demanda mon mini moi en me pointant ma cicatrice du doigt.
- C'est ça. Une blessure de guerrier ! Dis-je, fier de moi.
- Un guerrier de caca ! Ajouta Tom, impressionné.
Je ravalai ma fierté et ris de son involontaire blague.
Je débarrassai la table sous le regard persistant de mon père. Il me dévisageait.
- Quoi ?
- Bah rien. Tu fais jamais ça normalement, c'est tout.
- Les choses changent écoute. Soufflai-je.
Il haussa les épaules et bus une gorgée de sa bière.
   Il ne comprenait pas pourquoi je m'entêtais à faire ça. Mon père me trouvait trop jeune pour gérer l'éducation d'un gosse. S'il avait pu choisir à ma place, j'aurais dû fuir plus que je n'avais pu avoir le temps de protester. Ah j'suis con. Il avait vraiment choisi à ma place.
    L'agence pour laquelle il bossait lui avait proposé une mutation dans le Nord Est du pays et en fin de compte, lui qui aurait préféré rester, à profiter de cette opportunité pour m'éloigner de mon devoir, de mon avenir. Il ne m'avait pas laissé le temps de dire quoique ce soit et m'avait formellement interdit de reprendre contact avec Lucy.
   Quant à moi, je m'étais senti impuissant. Aller à l'encontre des choix de mon père, sans retour en arrière, pour un futur incertain... en réalité, je m'étais voilé la face en rejetant l'entière faute à mon père mais je n'étais pas mieux. Je n'avais jamais été mieux. Ce fut seulement lors d'un surplus, d'une goutte en trop, d'une journée à subir la honte et la culpabilité en trop que j'eusse posé un ultimatum à mon père. Dans le désordre total, nous étions revenus à Magnolia. Moi pour recoller les morceaux et mon père car il avait tout simplement été obligé.
   Et pour cette raison, je restais loin de lui et évitais de faire attention à ses regards réprobateurs.
   Je me tournai vers mon fils et lui adressai un sourire.
- Tu veux bien me montrer comment tu te brosses les dents, Tom ?
- Ui !
Le petit blond courut jusqu'à la salle de bain où j'avais laissé un tabouret avant son arrivée. Je l'aidai à y monter et lui tendis le matériel adéquat. Il me montra fièrement sa brosse à dent Batman et força sur le dentifrice.
- On met de l'eau ! Dit Tom en se penchant vers l'eau.
- Tu sais ce qui serait encore plus cool ? De la musique !
- Oh ui ! Maman aime la muziqueuh !
- C'est vrai. Par exemple... j'attrapai mon téléphone et tapai sur la barre de recherche, maman adore... cette musique !
Je cliquai sur " Jailhouse Rock " et Tom sautilla sur place.
- Oui !! Maman elle aime trop cette muziqueuh ! Confirma mon fils.
Une confirmation qui me lâcha un sourire. La musique me rappelait les jours heureux quand Lucy se déhanchait comme une folle sur son canapé.
Tom frottait ses dents de haut en bas. Il dansait sur le son de la musique.
- Aï auve rock rool ! Chantonna-t-il.
- So put another dime in the jukebox, baby !
- Baïbiiii !
Je lâchai un rire, amusé par ce concert improvisé.

Je le couvrai de la couette de mon lit et Tom s'enfonça dans les coussins. Je retirai mon haut et le rejoignis.
- Tu veux que je te raconte quelque chose ?
- Histoire ! Oui !!
Une idée me traversa et je me baissai vers le grand sac, cherchant des jouets qui feraient l'affaire. J'attrapai quelques figurines et revins sur mes pas jusqu'à mon enfant.
Je me posai à ses côtés et réfléchis à une histoire.
- Alors... mmh... un honnête et courageux chevalier, je lui montrai le playmobil d'un paladin, travaillait pour la sécurité de la princesse du Royaume d'Avomar... La figurine féminine fit son apparition, elle aussi. En vérité, il aimait la belle jeune femme. Il ne voyait qu'elle... Il était capable de donner sa vie pour son amour. Le chevalier va donc demander sa main au grand roi.
- Mais... et la princesse ? Me coupa Tom, intrigué.
- Eh bien la princesse... elle donnera sa décision et si elle ne veut pas alors, le chevalier ne peut pas la forcer. Du coup... le roi lui répondit que s'il mettait à terre le dragon que le Royaume craignait alors, le vieil homme lui donnerait sa bénédiction.
- Mais si la princesse veut pas... il va tuer le dragon pour rien... c'est méchant.
- Peut-être mais le roi lui sera extrêmement reconnaissant, mais attends de voir la suite, Tom ! Alors... euh... oh ! Tomy, le grand chevalier, accepta et alla donc jusqu'à la cachette de la créature. Tomy n'avait pas peur. Il avait beaucoup de courage et de détermination. Pour sa bien-aimée, il était capable de tout, même du plus repoussant. Parce qu'il l'aimait et que rien ni personne ne pouvait l'arrêter... Quand il arriva à la grotte... un ronflement me coupa dans mon histoire.
Je me tournai vers mon fils qui dormait déjà à point fermé. Je souris et ramenai un peu plus la couverture à lui.
Je rangeais le bazar lorsque je reçus un appel.

Un cœur apaisé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant