- Chapitre 7 -

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Mardi 15 Septembre:

    Notre classe, rangée tel un troupeau de bisons, se faisait un plaisir d'explorer les fins fonds de cette forêt, illuminée par la simple clarté du jour qui filtrait du peu d'espace non couvert par le haut des arbres. Pour ma part, j'étais ravie de pouvoir porter ma nouvelle paire de chaussure spéciale randonnée que j'avais achetée quelques semaines auparavant.
    Notre professeure de sciences nous répartit en trois groupes, dont chaque élève était accompagné de son coéquipier, afin de s'aventurer plus facilement dans ce dense espace.
    Notre groupe se composait d'une dizaine d'élèves dont faisait partie Juvia, me rassurant de suite même si nous n'allions pas travailler ensemble.

    Alors que je marquais ce que me dictait Minerva, qui examinait les cernes d'un chêne au tronc coupé, mon esprit divagua au fur et à mesure que j'écrivais sur mon carnet de notes.
     Ma mine de stylo resta plantée sur ma feuille sans que plus rien ne s'écrive. Mes paupières s'abaissèrent, fermant lentement mes yeux. Une vision prit le contrôle de ma mémoire, laissant un souvenir perturber le calme qui régnait en moi.

    Assise au bord de mon lit, je versais en abondance les larmes que contenaient mon corps, me provoquant d'insupportables maux de têtes. En main, une sorte de thermomètre ne possédant malheureusement pas la même fonction.
    Mes yeux repassaient en boucle le résultat. Je relisais, de manière incessante, le verdict qui venait de tomber tel le poids de tout l'avenir s'étant tracé sans mon consentement.    Mon monde, d'habitude si stable, s'écroulait sous mes yeux. En cinq minutes, ma vie entière venait d'être foutue en l'air. Mille et une questions me traversèrent l'esprit sans que je ne puisse trouver une quelconque réponse.
     J'aurais aimé que ce soit un mauvais rêve. Oui, un mauvais rêve dont j'allais bientôt me réveiller.   J'aurais été effrayée, perdue mais au moins, ça n'aurait été qu'un mauvais rêve. Le fruit de mon absurde imagination.

     Une sensation de suffoquer m'extirpa de mes pensées. Ma respiration prit une irrégularité presque effrayante et se fit plus profonde. L'impression que des mains me pressaient douloureusement les poumons à m'en couper le souffle s'était manifestée.
    Je me penchai en avant, lâchant le carnet et le stylo tandis que mes mains se placèrent sur le haut de la poitrine. Ma mâchoire se crispa.
Minerva paniqua. Elle se leva et me rejoignit en quelques pas. Elle posa doucement sa main sur mon dos et me demanda d'essayer de me calmer, de me concentrer sur ma respiration.      Je grimaçai, dérangée par les bourdonnements incessants qui se jouaient dans mes oreilles.

     Je me dégageai de son emprise, plaçant un pied devant l'autre dans un contrôle de mon corps qui s'était vu devenir faible. Je me tournai vers Minerva qui m'observait, soucieuse.    Elle me proposa son aide, qu'on retourne auprès d'un adulte responsable qui pourrait me prendre en charge. Je refusai d'un geste de la tête et m'aventurai seule dans les bois inconnus.

    Dans un élan d'adrénaline sûrement, mes jambes proclamèrent leur indépendance.
    Je courais à en perdre haleine, alors que ma respiration n'avait toujours pas repris une certaine régularité. Je déglutis, ressentant le désert aride qui venait de faire place dans ma bouche, tandis qu'une boule se formait dans mon ventre, le tordant sans discontinuité.
    L'affaiblissement de ma cadence intervint peu à peu lors de ma fuite contre mes démons.

    La marche m'était devenue difficile. Les larmes qui perlaient au coin de mes yeux, représentant la douleur qui m'avait submergée, furent couvertes par la fermeture de mes yeux. Mes pas se ralentirent. Ma tête tournait sans me laisser un temps de répit.
    Un vertige plus puissant donna le dernier coup et, vascillante, je me laissai alors m'effondrer au sol. Mes tremblements m'empêchaient de me relever. Ma force s'était dissipée au point de disparaître.

Un cœur apaisé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant