Le Mouton noir

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Lassé, lassé de quoi ? De ce monde, de ces gens
De la vie qui passe vite ou lentement.
L'air qu'il respire s'enfonce dans sa gorge, acide,
L'air qu'il expire ressort dans la salle, putride.

Toutes ces larmes l'assèchent, le fissurent de l'intérieur.
Mais comme d'habitude il sourit, à l'extérieur.
Tout va bien ? Oui, non, je ne sais pas, je ne sais plus,
Au milieu de ce beau monde il se sent nu.

Un puit sans fond emplit de solitude si dure,
Le malheur qui l'habitude n'a rien de pur.
Seul. Ce mot résonne comme une accusation,
Terrible sentence qui en lui tourne en rond.

La différence excuse-t-elle l'exclusion ?
La singularité empêche-t-elle d'être bon ?
Tristesse devient colère quand on est paria,
Quand on a l'étrange audace de rester soi.

Il est le crépuscule, l'aube, l'aurore à la fois,
Lueur de beauté quand les heures n'en finissent pas,
Si rare, précieux mais aussi incompris,
Alors il fait face, bien que seul, il sourit.

Parmi tous ces clones, tous ces stigmates, lui seul brille.
Tous si similaires là où un rien l'habille.
Et soudain, un sourire vrai sur son visage :
Il le sait, lui seul est beau, lui seul est sage.

Recueil de la mélancolie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant