Recueil de la mélancolie

Les yeux fermés

Les yeux grands fermés je contemple le monde
Des larmes, où se reflètent les champs et le ciel
On peut y voir des bâtisses, des fleurs, des tombes
Jusqu'aux montagnes, volcans, aux mers et leur sel.

Impossible de les ouvrir, enfin, je ne veux pas
Pourquoi ? Car on est aveugle lorsqu'on regarde.
Moi je vois, j'imagine et j'entends le moindre pas,
Plutôt que de contempler cette image blafarde.

Triste réalité, où l'on préfère le virtuel
Monde en devenir, monde des rêves
J'en rêve, que ces mondes deviennent réels
Que notre univers m'offre une trêve.

Pourquoi se tuer à la tâche ?
Pourquoi observer une image morte ?
Pourquoi ne pas être lâche,
Et fermer la porte ?

Ferme les yeux et vois
Ferme les yeux et ne dis rien
Contemple le vide devant toi
Pas de temps ici, pas de fin.

Vers bancals de mes pensées divergentes
On m'ouvre un œil de force, blessant ma paupière
Laissant des séquelles sur ma pente glissante
Je tombe en arrière.

J'ai les yeux grands ouverts par le monde
Je suis aveugle, aveuglé par l'horreur :
Entrainée dans cette infernale ronde
Mon âme pleure.