"La Guilde des Ombres" coming soon...

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"Nous sommes tous destinés au baiser de la Mort

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"Nous sommes tous destinés au baiser de la Mort. Seuls les dieux sont immortels."

La Guilde des Ombres règne sur les rues misérables de Clepsydre, alias la Cité des Vices. Ces assassins elfides sont les bras armés de la Mort depuis cinq siècles. Pour accomplir leur œuvre ténébreuse, ils se servent de leurs lames affûtées et de leurs Dons surnaturels.

En ce jour, la Guilde des Ombres accueille une nouvelle recrue dans ses souterrains. Pour la première fois de l'histoire de Terreflamme, une enfant humaine est pressentie pour devenir une Ombre. Il s'avère que le Don de Panama ne ressemble à aucun autre : elle tue ses cibles par simple contact. Un élément prometteur aux yeux de Faucheur, le maître impitoyable chargé de sa formation. Lui est le meilleur assassin de la Guilde. Il est la glace et le calme incarnés. Sa jeune apprentie devra perpétrer trois assassinats avant de gagner son titre et son nom d'Ombre : le Tir à la Mouche, la Morsure Dorsale et le Baptême de Sang. Si l'orpheline ne parvient pas à contrôler son redoutable pouvoir, elle sombrera dans une folie insidieuse. Si elle échoue à son apprentissage, elle embrassera la déesse de la Mort. 

Mais Faucheur est bien déterminé à transformer son minerai de fer brut en une parfaite arme meurtrière. 


*****


Extrait Chapitre I : Un foyer de ténèbres


"Un piaillement perçant attira l'attention de la sauvageonne, l'arrachant à ses réflexions. Un moineau au plumage marron-roux gigotait sur le sol de la cour tout près d'elle. Il venait de heurter le mur de la vieille bâtisse délabrée et s'était cassé une aile sous la violence de l'impact. Rongée de curiosité, Panama se rapprocha subrepticement du volatile éclopé en penchant la tête sur le côté. Le moineau aurait aimé reprendre son envol. Il paraissait implorer son aide par ses petits cris plaintifs. La fillette rousse le prit doucement entre ses paumes. Presque aussitôt, l'oiseau mourut dans ses mains, ébranlé par une dernière convulsion. Elle analysa longuement la petite dépouille à plumes au creux de ses mains sales.

Un sourire se gribouilla sur ses lèvres pâles. Le bienheureux. Il ne souffre plus. Il est libre.

La sauvageonne releva tout à coup la tête, tressaillit de stupeur et recula précipitamment contre le mur.

Il était accroupi devant elle, un coude appuyé sur la cuisse. Sa cape traînait sur le sol autour de lui, pareille à des ailes de démon. Panama n'avait même pas entendu le bruit de ses bottes en cuir sur les pavés, à croire que ses semelles étaient rembourrées ! Instantanément, elle fut captivée par ses fines oreilles en pointe et la profonde nuance anthracite de sa peau – c'était donc un elfide ! – et, surtout, aspirée par ses incroyables yeux vairons.

Le droit était noir pailleté d'argent. Ciel de nuit constellé d'étoiles.

Le gauche était bleu glacier. Lac gelé au plus fort de l'hiver.

Le grand elfide ténébreux étudiait la fillette comme elle avait étudié les autres enfants, c'est-à-dire avec une sorte de détachement scientifique. Il finit par enlever ses gants en cuir et les glissa à l'avant de sa ceinture. Puis il tendit ses paumes ouvertes en coupe vers elle.

– Un tour de magie ? proposa-t-il dans un murmure en adoptant le dialecte de son île natale avec un accent infime.

Panama jaugea un long moment le modelé froid et parfait de ses traits. Cet être n'était pas juste attirant : il était beau à couper le souffle. Du fait de sa proximité, elle avait l'impression que la cour était devenue déserte. Elle ne remarquait plus personne autour d'eux, ni orphelins, ni hyènes, ni faucon. Non, ce n'est pas une panthère, se dit-elle en avisant son visage fauve vibrant de puissance contrôlée. C'est un tigre, un tigre des neiges.

La donnienne lui remit la dépouille du moineau. Il referma ses longues mains grises sur sa petite offrande morte, lui communiquant la chaleur de sa peau.

– Regarde, dit-il tout bas.

La sauvageonne obtempéra et cligna des paupières, croyant qu'elle hallucinait.

Les plumes du moineau venaient de trembler entre les doigts entremêlés de l'elfide.

Il écarta subitement les mains pour libérer l'oiseau au plumage roux qui déploya ses petites ailes et s'envola à toute vitesse, plein de vigueur. Il fendit les airs comme une flèche en s'élevant vers le toit de l'orphelinat. Bouche bée, Panama reporta ses yeux arrondis sur l'étranger qui ne bronchait pas. Il est comme moi ! cria une voix hystérique dans son cerveau, son cœur battant à tout rompre.

C'était la première fois qu'elle rencontrait quelqu'un qui détenait un tel pouvoir.

Le tigre des neiges abaissa sa main gauche, son autre main demeurant tendue vers la fillette pour l'inviter à le suivre.

– Panama Carswell, tu as un talent exceptionnel à cultiver.

Un talent exceptionnel. Personne ne lui avait jamais fait un tel compliment.

Malgré son extraordinaire apparence qui aurait inquiété plus d'une enfant ordinaire...

Malgré les avertissements de sa défunte mère sur le fait de se méfier des inconnus...

Malgré le regard intensément calculateur et le visage inexpressif du tigre...

Cet elfide inspirait spontanément à la sauvageonne une confiance abyssale, qui défiait toute logique, toute raison. Un lien obscur et indicible les unissait par-delà l'espace et le temps.

Il connaissait son nom. Il était venu pour elle.

Sans hésiter, Panama Carswell glissa sa petite main blanche et froide dans celle de Faucheur, le Haut-Maître de la Guilde des Ombres."

La Reine Courtisane (publié chez Black Ink éditions)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant