-Des raviolis et lui-

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    Ils avaient dû marcher environ 40 minutes au bord de la route sans qu'une seule voiture ne passe. Il y avait juste eu un cycliste qui bravait le froid mais même sous les appels des trois garçons il ne s'était pas arrêté, à leur grand désespoir. Ils étaient tous gelés, les joues et le nez rougis par les -8 degrés ambiants. Hyunjin était le seul qui s'amusait du trajet, au final. Il s'amusait à expirer pour que la vapeur qui sortait d'entre ses lèvres s'écrase sur le visage de Chan, qui était d'ailleurs exaspéré. Il ne la sentait même pas, cette vapeur.

    Mais enfin, des faibles lueurs jaunâtres fendirent le rideau de flocons qui tombaient depuis longtemps. Félix arriva à distinguer des formes massives, des maisons sûrement.

Terre en vue ! s'écria Hyunjin avant de s'élancer dans une course ridicule.

Chan et Félix continuèrent de marcher à une allure normale avant de revenir au même niveau que Hyunjin qui s'était arrêté, parce que trop essoufflé de sa course de 200 mètres.

– Bon qu'est ce qu'on fait ? commença Chan.

D'abord, il faut absolument trouver un téléphone pour prévenir Woojin et tout qu'on n'arrivera pas aujourd'hui, et nos parents.

Félix a raison, admis Hyunjin, mais là, la ville est complètement morte on dirait.

Et là-bas ? fit Félix en montrant une enseigne du doigt. Ça a l'air ouvert.

    C'était une petite épicerie peu attirante, juste des néons grésillants et un panneau « ouvert 7/7 » ornaient la devanture. La minuscule vitre donnait juste une vue sur les différents étalages à l'intérieur. Mais autour d'eux rien ne semblait ouvert, hormis ça. C'était peut-être leur seule chance de trouver un téléphone utilisable et acheter des choses pour survivre ce soir.

Chan poussa la porte, faisant tinter le carillon. Il n'y avait personne à la caisse. Juste une musique classique résonnait dans la pièce.

Papa ! cria une voix grave qui semblait lointaine, ça a sonné, faut y aller.

Chan et Hyunjin attendirent donc le « papa » pendant que Félix déambula dans les rayons. Il passa devant le rayon alcool, hésita un instant entre les paquets de bières ou une bouteille de soju avant de se raviser. Dans le rayon des boites de conserve, il en attrapa trois de raviolis à la tomate, ça pourrait toujours leur servir. Derrière les étagères, il entendit une voix marmonner des choses incompréhensibles et le grincement de marches d'escalier. Ses trois boîtes de raviolis sous le bras, il s'avanca pour rejoindre Chan et Hyunjin devant la caisse. Un garçon avec une casquette et des lunettes rondes parlait avec eux.

Une tempête digne d'un film à catastrophe s'abattue sur lui. Il n'avait croisé les yeux du garçon en face de lui qu'une moitié d'un quart de seconde, mais ça avait été suffisant pour que ses battements de coeur s'accélèrent si vite qu'il en avait la tête qui tournait. Tout son corps semblait réagir à ce regard pourtant simple pour les autres, juste des pupilles brunes et une paire de lunettes posée sur le nez. Ses jambes commencèrent à trembler, ses bras ne pouvaient même plus porter quoi que ce soit. Sous les regards perdus des trois autre, il lâcha les boîtes de raviolis qui roulèrent sur le parquet. Il avait honte, il avait chaud, il avait froid. Il sentait que ses joues devenaient encore plus rouges et brûlantes qu'avant, pas à cause du froid cette fois. Des frissons lui parcouraient le corps alors que son ventre se tordait, chauffait, explosait et il ne savait même pas pourquoi. Il se baissa pour rattraper les raviolis mais ses mains tremblaient trop, ses gestes étaient trop saccadés, trop imprécis, il n'arriva à en ramasser aucune.

Félix c'est quoi cette tête? Tu vas bien ? demanda Hyunjin, paniqué.

Putain, j'crois qu'il fait un malaise.

Chan s'abaissa pour être à sa hauteur. Félix entendait ce qu'il disait. Il voyait ses lèvres bouger, distinguait les mots mais ce n'était qu'un brouhaha de phrases pour lui. Il n'arrivait même pas à comprendre le sens. Il se releva rapidement en prenant appui sur le comptoir.

Ça va, vous inquiétez pas, commença-il avec un ton peu convaincant, ça va.

    Il sentit encore son ventre se tordre lorsqu'il recroisa le regard du garçon qui le fixait. Il avait honte de ce qui venait de se passer, tellement honte de lui. Il n'imaginait même pas la tête qu'il devait avoir avec ses joues cramoisies et l'expression d'incompréhension qu'on pouvait y lire.

Qu'est-ce qui lui arrivait ?

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Yo
Je sais pas du tout si j'ai bien retranscrit comme je voulais mais bon
J'espère que ca vous plait, dites moi :)

Love

 31 | ChanglixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant