-Des vinyles et une chambre-

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    Ils avaient fini par tous monter à l'étage, là où habitaient Changbin et son père. La pièce principale était jolie, elle plaisait à Félix. Le sol était en bois, les murs blancs immaculés et au milieu de la pièce se trouvaient deux canapés plutôt vieillots posés sur un tapis vert tout aussi vieillot. Il avait posé sa valise dans la chambre de Changbin, qui dormirait dans le salon. Chan et Hyunjin eux avaient déposé les leurs dans la chambre de son père, c'était la seule avec un lit double.

   À présent, ils étaient tous les cinq assis autour de la table et des nombreux plats posés dessus. Gimpap, kimchi, bibimbap, japchae et les raviolis de Félix. Les raviolis de la honte, les appelait-il maintenant.
Chan et Hyunjin, à leur habitude, discutaient avec plus d'aisance que Félix n'en aurait dans sa vie.

Et du coup, vous deviez rejoindre des amis, c'est bien ça ? demanda le père de Changbin.

Oui, à Jeonju, répondit Chan.

Mais c'est pas si loin ! Vous allez pouvoir rester avec nous demain et après demain alors, affirma-t-il. Si vous partez en fin d'après-midi, vous y serez vers 19 heures ou 19 heures 30.

Oui c'est parfait, il faut juste aller chez un garagiste.

Pas de problèmes les garçons, je vous amènerai à celui du village.

   Les garçons remercièrent monsieur Seo une bonne dizaine de fois. Il leur avait proposé de payer la visite chez le garagiste, ce qu'ils avaient au final accepté après les dizaines d'arguments qu'il avait donné. Ils n'osaient pas se faire payer quelque chose de cher pour eux, mais bon, ils ne pourraient jamais rejoindre Woojin et les autres sinon.

Et toi Changbin ? Tu vas où pour le nouvel an ? reprit Hyunjin.

Nulle part, je garde le magasin ouvert.

Mais non ! C'est dommage ça, s'exclama-t-il. Tu ne veux pas venir avec nous plutôt?

Non merci. L'épicerie fait souvent beaucoup de recettes le 31 avec les fêtes de dernières minutes, les achats express tout ça quoi..

C'est dommage, répondit Hyunjin en faisant la moue, si tu changes d'avis, dis le nous ! T'inquiètes, on t'accepte, termina-t-il avec un clin d'oeil qui fît sourire Changbin mais pas Félix.

  Après la dernière bouchée de dessert, ils aidèrent à débarrasser. Chan s'amusait à faire la vaisselle, Hyunjin rangeait les coussins et Félix... Félix il ne faisait rien. Monsieur Seo lui avait ordonné de rester dans la chambre de Changbin, à cause de son état de tout à l'heure. Il était donc dans cette petite pièce, seul, sans Changbin à l'intérieur.

   Il observait tout. Elle ressemblait à la sienne, cette chambre. Il s'avança doucement, de peur de faire un quelconque bruit ou d'abîmer quelque chose. Il passa ses doigts sur le bord des étagères toutes pleines de poussière. Doigts qui devinrent poussiéreux à leur tour. Il y avait des livres, plein de livres, une petite centaine de livres sur cette étagère. De la poésie classique étrangère comme Les fleurs du mal ( inconnue aux yeux de Félix, mais il aimait le titre) ou de la littérature, que ce soit coréenne ou japonaise ou même allemande. Il y avait de tout, plein de tout. Il regarda les disques vinyles, dont les pochettes étaient accrochées au mur, au contraire de sa chambre, où elles gisaient sur le sol comme des cadavres musicaux. Il ne pouvait pas s'empêcher de toucher les choses qu'il trouvait belles, alors il effleura du bout des doigts poussiéreux le carton usé et les couleurs passées de ces pochettes. Il sentit passer sur sa peau les fines crevasses, les bosses de Thriller, les irrégularités de Boys don't cry.

Boys don't cry, quel bon choix Félix, t'aimes ?

Encore une fois, le coeur de Félix fît un bon, ou deux peut-être. Il se retourna et fit face à Changbin, ses yeux le dévisageant.

En même temps Changbin, The Cure, qui n'aime pas ? répondit-il avec une fausse assurance, juste là pour masquer sa panique éminente.

Mon père. Mais c'est pas un problème, je mets leurs musiques à fond, ricana Changbin. Tu veux venir ? On a fini de ranger, plus de danger pour toi.

Tu sais c'était juste passager, ça va mieux maintenant.

Parfait alors, viens avec moi on rejoint les autres, fit-il en attrapant le bras de Félix.

Et il tira un Félix aux émotions « justes passagères », qui n'étaient pourtant toujours pas parties, hors de la chambre. Un Félix encore trop secoué par ses touchers.

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Hello ! J'ai pas relu désolé pour les éventuelles fautes

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 31 | ChanglixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant