M'effondrer

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Éventuellement, au moins une fois dans ta vie tu te sens misérable, minable...tu t'effondres petit à petit sans même le savoir.
Ce matin, ces monsieur étaient là, ceux habillés tout en blanc, visage pâle...ceux qui me sont tellement familiers.
Mon grand-père est à terre, je le vois trembler, une substance blanchâtre dégouline de sa bouche. Je suis paralysée, horrifiée...
Maman me voit, debout face à cet horreur. Elle court vers moi, me prends dans ses bras et essaye de m'éloigner. Je lutte de toutes mes forces, je ne veux pas qu'il parte. Pas encore...
Ils l'emmènent et partent. Je ne vois plus rien.
Je cache ma tête avec mes bras. Je cours vers l'extérieur. Je suis sur le trottoir où l'ambulance y était quelques minutes plutôt. Je me laisse tomber sur les genoux, je tape les mains sur le sol, rigide et froid. Je crie de toutes mes forces jusqu'à ce que ma voix devienne rauque, fatiguée et que je n'en puisse plus.
Ma mère m'enlace, je me laisse faire.
Elle m'entraîne dans la voiture, je sais très bien où on va, néanmoins je ne suis pas mécontentante ou écœurée par cet endroit, je sens le besoin de le voir, même dans son état.
À notre arrivée on nous demande nos noms et maman demande tout de suite des nouvelles.
On nous dit d'attendre et de patienter.
Après plusieurs heures de cela, un médecin se dirige vers nous.
Médecin- Monsieur Martin est en coma, on ne sait pas combien de temps cela peut durer...mais pourrais-je vous parler en privé madame ?
Maman acquiesce de la tête, et part loin de moi. Quand elle revient, je lui demande si je peux le voir. Après des discours interminables elle me laisse enfin le voir.
Il est relié aux machines, des fils partout, une espèce de tuyau d'oxygène dans sa bouche, visage pâle,très pâle. Je m'assois sur la chaise à ses côtés.
Moi- je...je ne comprends rien à ce qui se passe! Parle moi...
...
Moi- stp! DIS QUELQUE CHOSE! Je t'en prie...NE TE SOUVIENS DONC PAS DE TA PROMESSE?!TU M'AS PROMIS!! Stp... juste ne m'abandonne pas encore une fois de plus...
Les larmes prennent le dessus, et je me laisse abattre. Je prends sa main, elle est morne. Je ne l'ai jamais vu aussi terne, son visage si triste...
Moi-pourquoi...?! D'abord mamie puis TOI?!
Les infirmières me mettent dehors, disant que je devrais me reposer.
Ma mère me ramène chez nous et me dit de rester sage. Je m'enferme dans ma chambre étouffant mes cris dans mon oreiller.
Finalement après tant de fatigue, j'arrive à me calmer. Je joue quelques notes au piano,c'est comme une thérapie. Elles me calment, les notes témoignent de ma tristesse, de ma rage, ma colère...
La nuit arrive, ma mère n'est toujours pas rentrée. Je descends boire du lait froid et naturel comme je l'aime. Je retourne dans ma chambre, je m'étale parterre, pieds en l'air se balançant au rythme des murmures sortant de ma bouche.
Je laisse tomber mon verre. Des débris s'étalent partout dans la pièce, je saigne, je me suis coupé au bras. Je ne ressens même pas de souffrance. J'observe le sang dans son parcours. Ma colère prend possession et je casse tout qui soit cassable, je me heurte au fer de ma table, je ressens une douleur immonde, mais cette douleur remplace l'autre, elle cache mes pensées. Je pense que c'est dans ce but que les gens se font du mal, pour que le mal physique les empêche du mal mental.
Cela me rend dingue...ma tête commence à tourner, je commence à voir flou, je n'ai que le temps de voir le visage horrifiée de ma mère s'approcher vivement de moi, avant de tomber minablement.

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