Bel oiseau de feu

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Tout n'est que feu et cendre
Tout n'est que mort et désolation
Je m'apprête à descendre
Observer mon œuvre de destruction

Les hurlements des morts
Résonnent tels des cris de démence
Ricochent sur mon cœur d'or
Lacèrent mon âme et mon essence

Pourtant leurs plaintes ne peuvent m'atteindre
Moi, le Seigneur des rouges cieux
Je suis au-delà de leurs complaintes
Je suis la cause de tous leurs dieux

La peur et la crainte que j'aspire
Ravagent les cœurs de leurs êtres
M'attirent leurs méprises
Face au désarroi de leurs maîtres

Ma puissance est infini
Mais ma rage n'est pas naturelle
Ce sont eux qui l'ont mis dans mon nid
Pour qu'elle me prenne sous son aile

Toutes ces flammes de malheurs
Qui s'envolent parmi leurs sœurs éternelles
Ne sont pas la source de mon bonheur
Car ma peine est millénaire

Cependant, des pleurs me retiennent
Je ne sais si ce sont les miens
Ou ceux de la fillette que j'observe
Agoniser au milieu des siens

Ses larmes me bouleversent
Ce que je ressens en cet instant
C'est sa peine qui transperce
Mon armure de résistant

Ce feu ardant de haine
Ne peut achever sa souffrance
Mon cœur de fer et de pierre
Ne veut la voir incandescente

Sa petite voix résonne en moi
Comme un chant mélodieux
"Je t'en pris, aide-moi,
Je sais que tu as un cœur, bel oiseau de feu"

Elle tendit ses bras menus vers moi
Et pour je ne sais quelle raison
Mon museau s'approcha de son joli minois
Pour la sortir de cette déraison

Ses jambes étant brisées
Je la cala contre mon torse brûlant
Elle ne s'en plaint jamais
Car je sais qu'elle le refroidit inconsciemment

"Tu verras, me dit-elle,
On vivra ensemble jusqu'à la fin des temps
Personne ne trouvera cela réel
Mais tu n'es plus seul à présent"

Ô si tu savais mon enfant, 
Comme le dragon que je suis
T'es infiniment reconnaissant
De m'accorder enfin une vie

Le cœur est le plus beau des langagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant