Die Easy

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Une heure que je me trouvais sur cette falaise, faisant face à la lune aussi pleine que moi. Je fixais l'horizon avec intérêt, je ne pouvais rien faire d'autre. De là où je me tenais j'entendais le doux remous des vagues s'écrasant sur la minuscule plage de sable rendu frai par l'air diffusé par la nuit. Je me souvenais encore de ces doux souvenirs qui me paraissaient à des années lumières, mais qui ne l'étaient pourtant pas...

Je ressentais encore la matière minuscule et granuleuse s'infiltrer entre mes orteils, me chatouillant chaleureusement. Je me souvenais de la douce brise d'été venant m'effleurer délicatement de sa main, faisant virevolter avec volupté mes cheveux et des fins rayons de soleil baignant mon visage d'une chaleur des plus agréable. Je conservais le souvenir du tendre sourire de ma maman face à mes gloussements de joie. Toutes ces journées durant une risette étirait mes lèvres traduisant sans peine mon contentement. A cette époque, à ces moments précis je me disais que jamais rien ne pourrait entacher l'extase dans laquelle je me trouvais. Je le pensais réellement.

Mais aujourd'hui une véritable Révolution se mettait en place intérieurement. Je savais les minutes s'écouler et pourtant je ne bougeais pas d'un pouce, comme paralysée. Pas une étoile n'était présente pour m'accueillir et m'étreindre confortablement, une nuit des plus sombre; aussi sombre que mon âme. Finie cette gaieté et cette joie de vivre, le temps avait peu à peu tout effacé pour laisser place à une noirceur aussi profonde que terrifiante. J'avais essayé de tourner la page sur toutes ces années d'immondices qui avaient été faites, commises et prononcées.

En vain... J'avais toujours réussi à passer au dessus de tout et d'enfiler mon armure si chère à mes yeux. Et ce jusqu'au jour où ''il'' était parvenue à me la briser de toutes parts. Il avait toujours eu un comportement déplacé envers moi mais jamais suffisamment pour que cela ne puisse m'inquiéter. Jusqu'à ce jour d'été un peu trop chaud au bord de la piscine familiale où les mains s'étaient faites plus traînantes et les paroles plus immorales pour un père à sa fille. Cet événement avait été pour moi un moment déclencheur, comme si la lumière en moi s'était éteinte petit à petit.

Durant une longue période de ma vie je m'étais tenue responsable de ce dérapage, puis ce dernier s'était reproduit à nouveau. Une fois. Deux fois. Cinq fois... Et je savais alors que je n'y étais pour rien. Mais c'était bien trop tard, j'étais déjà tombé dans un puits sans fin et j'avais beau me convaincre de tout et rien à la fois, la lumière au bout du tunnel ne se montrait jamais. Ma flamme s'était éteinte à jamais et aujourd'hui je n'avais plus la force de me relever.

Mais j'étais à présent déterminée et personne ne pouvait me faire changer d'avis. J'allais tout changer, mettre en marche cette révolution qui était la seule chose susceptible de me tenter. Je ne voyais tout simplement plus d'autres solutions. Qu'aurais-je pu faire d'autre alors qu'une douleur constante et sans fin m'assaillait de toute part ? J'observais donc toute cette nuit la lune décliner au fur et à mesure pour laisser place à une douce lueur orangée marquant à jamais le début de mon renouveau. Je prenais alors une forte inspiration , m'imprégnant de cette odeur iodée qui avait bercé mon enfance.

Je me levais ensuite, laissant l'air matinal caresser ma chevelure de sa douce main et je regardais cette mer à la robe bleue translucide, offrant à chacun la vue de ses moindres petits secrets. Et je savais que j'allais bientôt m'ajouter à cette liste. Je pris finalement le pas manquant tout en fermant les yeux me laissant chuter vers mon renouveau personnel. Je me sentais libre, enfin.

L'imagination sans frontièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant