L'esprit de Noël - Lubeen (T1) [MxM]

Jour 8 - Maison en pain d'épices

8 décembre

* * *

Keir se préparait pour sortir. C'était son rituel ; tous les samedis soirs, il se déhanchait dans les boîtes de nuit à la mode, ramenait une – parfois deux – fille chez lui et partageait sa couche avec elle jusqu'au petit matin... Le reste du dimanche s'enchaînait, jusqu'au soir où, la plupart du temps, il dormait seul.

Ce schéma n'avait pas changé depuis ses études et il s'en satisfaisait grandement.

Oh, il avait essayé de se caser, d'avoir une copine, ce genre de choses, mais il trouvait cela trop contraignant... Et ennuyant à souhait. Aussi préférait-il papillonner le samedi soir – c'était un peu comme déguster un chocolat d'une boîte ; on se laissait surprendre par les saveurs de chacun...

Une autre chose qui le surprenait, actuellement, c'était son colocataire improvisé – le Lutin. Celui-ci était assis sur son lit, pendant qu'il se préparait, l'interrogeant pour comprendre le schéma qui rythmait son week-end.

Au Pôle, les boîtes de nuit n'existaient pas – il y avait, tout au plus, une salle des fêtes qui servait de bar le week-end, et l'on n'y buvait que de la bière artisanale. Keir trouvait cela aberrant – comment diable les Lutins faisaient-ils pour décompresser, faire des rencontres, s'amuser, s'enivrer ?

– Je rentrerais sans doute dans la nuit, peut-être demain matin, annonça l'humain. Sans doute en bonne compagnie, tu vois ce que ça veut dire ?

– Je ne suis pas de bonne compagnie ? S'outra le blond.

Keir inspira profondément, avant de soupirer.

– Ça veut dire que je vais ramener une fille et coucher avec. Donc, tu te fais discret, tu vas passer la nuit ailleurs, tu surveilles Ruddy – et surtout, pas de Magie ! Compris ?

Lubeen hocha la tête, agacé. Ne pas utiliser de Magie, il en avait de bonnes, lui ! C'était un réflexe, pour lui !

– Tu devrais passer la nuit ailleurs, si tu ne t'en sens pas capable.

– Et où veux-tu que j'aille ? Je n'ai que toi et Ruddy ici !

Keir délaissa son reflet pour croiser les iris du Lutin. Souvent, Lubeen lâchait ce genre de phrase, disons, gênante... Enfin, Keir se sentait plutôt flatté, mais il lui arrivait de le prendre en pitié. Pauvre petit Lutin perdu dans le monde humain !

– Bon, d'accord, lâcha-t-il alors, j'irais chez elle, t'es content ? Je rentrerais dans la journée de demain.

– Quoi ! Mais tu as dit « dans la nuit » !

– Avec la fille ! Si je vais chez elle, je ne vais pas rentrer avant un moment !

– Mais pourquoi tu dois être avec cette fille ? C'est si important que ça ?

Keir s'arma de patience, toujours agacé quand on parlait de sa vie nocturne et sexuelle. Ce n'était pas de la faute de Lubeen s'il ne comprenait pas les aboutissants de ses sorties.

– Écoute, Lubeen, reprit-il sérieusement. Je travaille dur toute la semaine, je ne compte pas mes heures, je subis de la pression de partout et je suis un homme. J'ai besoin de sortir pour décompresser, de coucher pour évacuer ! Est-ce que tu peux le comprendre ?

Lubeen fronça les sourcils sans répondre, ce qui agaça son humain. Le blond n'était pas tranquille. C'était sa nature de Lutin de veiller sur un foyer et ses habitants... Et de savoir Keir dehors en pleine nuit, ce n'était pas du tout tranquillisant pour lui.