L'esprit de Noël - Lubeen (T1) [MxM]

Jour 14 - Vert et Rouge

14 décembre

* * *

Keir servait le dîner, qui mijotait depuis deux heures sur le feu, pensif. L'appartement était calme – sans doute trop. Ce qui l'alertait, d'un coup...

Il délaissa les assiettes chaudes pour retrouver Lubeen dans le salon. Celui-ci observait les chaussettes qu'ils avaient accrochées au mur la veille... Une verte avec des rayures roses et une rouge avec des pois bleus approximatifs.

Pour le moment, il n'y avait rien dedans – surtout pas de sucre d'orge ! Keir pensait qu'il hésitait à y glisser quelques petites choses pour lui faire la surprise, mais... son visage était loin d'être espiègle ou enjoué.

Non, son lutin déprimait, visiblement. Et l'humain n'aimait pas ça. Son si beau visage sans sourire, c'était difficile à voir.

– Tout va bien ?

Lubeen tenta de faire comme si, mais ses oreilles basses parlaient pour lui.

– Aller, qu'est-ce qui ne ça pas ? Les chaussettes ont un problème ?

– Non, je... Je me disais que ma maison me manquait. Mes parents surtout.

Keir inspira et se plaça derrière lui, avant de passer sa main sur son épaule. Lubeen se lova naturellement contre lui. Le manque était toujours présent, mais un peu moins virulent qu'avant.

– Je veux que ce soit Noël pour rentrer chez moi et revoir mes proches, murmure le blond, mais ça veut aussi dire que ma mission sera terminée. Et ça me rend triste aussi.

Jusqu'à présent, Keir n'avait pas réellement pensé à son départ. Au fait que Lubeen partirait. Qu'il se retrouverait seul à nouveau.

Même s'il refusait de l'admettre, le brun serait peiné de son départ. La présence de Lubeen lui manquerait, au moins autant que son sourire, ses maladresses... Le tapage qui l'accompagnait habituellement rendrait les silences encore plus mortels. Un peu angoissant, peut-être, bien qu'il refuse de l'admettre.

– Si tu veux, tu peux passer la nuit avec moi, murmura l'humain.

Lubeen se tourna vers lui, plongeant ses iris dans les siens. Le Lutin trahissait de l'incompréhension et d'interrogation, vis-à-vis de son attitude... Keir le surprenait. Il n'aurait pas imaginé que l'humain agisse de la sorte envers lui. Et cela semblait sincère.

– J'ai vraiment le droit ? Demanda-t-il, prudent.

Keir se contenta de perdre sa main dans ses cheveux, tirant avec douceur ses cheveux derrière son oreille. Celle-ci était rouge vif, tout comme ses joues.

– Si je te le dis, murmura Keir, mais si tu préfères rester dans le salon...

– Non, pas vraiment...

– C'est ce que je me disais. Viens, c'est l'heure de manger.

Keir s'éloigna, à contrecœur, laissant au Lutin quelques secondes pour retrouver ses esprits. Ses oreilles s'agitaient un peu, signe de son malaise, entre gêne et excitation... Il les plaqua contre sa tête, espérant que cela les calmerait, en vain.

Quand il retrouva Keir dans la cuisine, celui-ci avait déjà commencé à manger. Lubeen s'installa et fit de même, évitant soigneusement le regard que l'humain se bornait à garder sur lui. Il était mal à l'aise, mais incapable d'expliquer pourquoi.

– Je peux te poser une question, disons, un peu gênante ?

Lubeen le toisa, interrogatif et absolument pas méfiant. Il avait confiance en Keir et restait sûr qu'il ne lui demanderait pas de réponses obligatoires si c'était trop déplacé. Il hocha la tête :