Maladivement Mortel

CHAPITRE IX

Alors qu'un souffle glacial frappait sur une bonne partie des États-Unis et que d'immenses vagues de froid gelaient ses habitants, les frères Kropp restaient emmitouflés dans leurs pulls assis près de leurs radiateurs.
Emerson partageait une grosse couverture avec Remington, qui était toujours malade. Sebastian les regardait de loin tout en gardant un œil attentif sur la cuisson de son repas. Daniel devait venir se soir, mais à cause du temps, il préférait rester chez lui. Sebastian ne lui en voulut pas. Il essaiera de se reposer pour compenser, après la discussion qu'il devra avoir avec Remington et qu'il appréhendait beaucoup. Son frère étant d'un tempérament explosif et impatient, il savait que lui demander d'être plus coopératif avec le docteur Stuarts allait vite l'agacer et qu'il allait l'envoyer bouler assez rapidement. Mais Sebastian n'avait pas vraiment le choix.
Il appela ses frères à table et ne fut pas étonné de voir Emerson traîner le cadet derrière lui en soupirant. Le repas fut rapide et silencieux. Emerson regardait tour à tour Sebastian qui semblait fatigué et stressé, puis de l'autre Remington sachant presque ce qui l'attendait. Le benjamin ne dit rien, gardant pour lui la tristesse qui commençait à monter.
Une fois le repas terminé, Remington monta directement dans sa chambre, bientôt suivit de Sebastian qui lança un regard complice à Emerson avant de disparaître dans les escaliers. Il marcha lentement dans le couloir, frappa à la porte, l'ouvrit et se posta devant Remington qui le regardait froidement.

"-Qu'est-ce que tu me veux encore ? Demanda sèchement le brun à son aîné
-Juste te parler.

Sebastian s'approcha de son frère et s'assit à côté de lui sur le lit. Il déglutit et commença:

-Par rapport à tes séances chez le psy, je voulais savoir comment ça se passait.
-Bien.
-Il n'y a aucuns problèmes alors ?
-Non.

Remington ne regardait même pas son frère et sa voix commençait à être très ferme, rendant son ton de parole presque violent.
Sebastian déglutit.

-Vu que ça se passait bien justement, dit-il en jouant nerveusement avec ses mains, je voulais savoir si tu-...
-Si c'est pour me demander de faire quoi que ce soit pendant mes séances, laisse tomber, c'est mort.
-Mais Rem écoute-...
-Mais j'ai pas envie de t'écouter, fermes-là.

Remington avait presque craché ses paroles devant Sebastian qui avait reculé de quelques centimètres. Le guitariste déglutit.

-T'es pas obligé de t'agacer comme ça et de me gueuler à moitié dessus, lui dit son frère aîné d'une voix qui se voulait être calme
-Et si j'en ai envie parce que tu me saoules ?
-Parce que je te saoule ? S'étrangla-t-il à moitié
-Parfaitement. Tu me gonfles.

Les yeux de Sebastian s'écarquillèrent d'étonnement. Il sentait qu'il commençait à perdre patience.

-Parce que tu crois que tu es mieux toi ? Lui Demanda-t-il d'un ton sec, tu crois que t'es parfait ?
-Non, mais moi au moins je ne donne pas d'ordres aux autres, fais la morale à tout le monde ou je ne sais quoi ! Tu gonfles les gens Seb, tu t'en rends même pas compte à quel point t'es chiant ! Alors, excuse-moi si je ne te plaît pas et que je ne t'obéis pas comme tu le souhaite, mais j'ai d'autre chose à penser, d'autre chose à faire pour essayer de me sentir mieux. Alors avant de me donner des ordres stupides, descends de ton petit nuage et essayes de te mettre à ma place ! Mais bien sûr, tu en es incapable parce que tu ne veux pas savoir ce que ça fait parce que tu es égoïste !

Les mots frappèrent Sebastian comme des couteaux. Il se mordit la lèvre inférieur, tentant de se contrôler.
Remington se leva et partit s'enfermer dans la salle de bain en claquant la porte le plus fort possible pour faire comprendre à son frère qu'il devait partir. Ce qu'il fit.
Sebastian dévala les escaliers et s'assit devant la table de la cuisine, la tête dans les mains. Emerson apparut dans l'encadrement de l'entrée. Il semblait apeuré.

-Ça va aller Seb ? Demanda-t-il d'une petite voix
-Oui, t'en fais pas.
-Et Rem ?
-On va le laisser pour le moment.

Sebastian releva la tête vers Emerson qui n'avait pas bougé.

-Tu peux partir s'il-te-plaît, j'ai envie d'être seul, lui dit son frère aîné

Emerson semblait hésiter quelques secondes, puis finit par disparaître en traînant des pieds. Sebastian semblait entendre des sanglots. Il s'en voulut. Il s'en voulut pour tout.
Il laissa sa tête tomber contre la table et ses larmes rouler le long de son visage. Il ne pensait pas que la situation allait lui échapper des mains de cette façon. Remington allait le détester, et Emerson aussi. C'est tout ce qu'il avait gagné dans cette soirée. "Parce que t'es trop égoïste !". Maintenant il ne faisait que tourner ces paroles dans son esprit. La main et les jambes tremblantes, il s'était décalé près d'un placard où il sortit une bouteille de vodka à moitié vide. "T'es égoïste Seb !"

-Oui, je suis égoïste...

Il déboucha la bouteille et apporta le goulot à ses lèvres sèches. Il but deux gorgées avant que de lointains sanglots viennent se mêler avec les paroles se baladant dans son esprit.
De nouvelles larmes perlèrent aux yeux de Sebastian.

-Je suis désolé mes petits frères..." Sanglota-t-il entre deux gorgées de vodka