CHAPITRE XI

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Aux alentours de sept heures du matin, de petits pas écrasaient les escaliers avec discrétion. Emerson s'avança doucement vers la cuisine, espérant que ses frères ne se soient pas réveillés et qu'il pourra partir tranquillement. Tout ses espoirs semblent s'être évaporés quand il vit Sebastian assit en face de la table, un café à la main. L'aîné se tourna lentement vers Emerson et lui afficha un sourire. Il venait quelque peu de se réveiller et semblait encore dans les vapes. 

"-Bonjour... Dit doucement Sebastian
-Tu es déjà réveillé ? Demanda Emerson étonné
-Oui, je dois travailler un peu, donc je préfère prendre de l'avance.. Et toi?

Le benjamin resta debout, sans bouger, ne sachant pas comment répondre à cette question qui était pourtant assez prévisible. Il regarda autour de lui, cherchant une excuse, mais rien ne vint.

-Je... J'ai des choses à faire aussi, répondit-il finalement un peu hésitant
-Ah bon. Pourtant avant tu faisais quand même la grasse mat' même si t'avais des choses à faire.

Emerson se sentit pris au piège. effectivement, il n'était pas vraiment réputé comme un lève-tôt, mais plutôt comme un couche-tard qui passait sa matinée à dormir et à râler quand on venait le faire sortir de sa chambre.

-J'essaye de me mettre un rythme, dit le plus jeune
-Et bien, c'est une bonne nouvelle.

Le grand brun finit son café et posa sa tasse dans l'évier. Il s'avança près d'Emerson et le regarda un peu.

-Pense à te coucher un peu plus tôt quand même, tu as des cernes incroyables.

Emerson hocha la tête et son frère aîné l'embrassa sur le front avant de monter les escaliers. Il soupira un peu, soulagé que son frère ne lui pose pas plus de questions. Il prit une bouteille d'eau rangée dans un placard et une pomme qu'il partit ranger dans son sac resté dans le salon la veille. il enfila son manteau, prit ses affaires et disparut discrètement de la maison.
Il s'avança lentement dans les rues quelques peu désertes de la ville. Aucun magasins ne semblaient ouverts pour le moment, et les gens commençaient plus ou moins à se réveiller. Emerson continua à déambuler, son esprit divaguant un peu sur différents sujets qui n'avaient à  rien avoir avec ce qu'il voyait, mais qui lui faisait du bien. Il prit la pomme dans son sac et croqua dedans, s'arrêtant de temps à autre pour observer les bâtiments. Le problèmes des grosses villes modernes, disait-il, c'était que rien n'était inspirant. Tout était en verre, en acier, en béton, gris, blanc, noir, bleu. Ce qui semblait intéressant aux yeux du jeune homme étaient détruit ou réhabilité pour correspondre au normes.
Pour se consoler, il se disait qu'il aurait le temps de voir toutes ces belles choses dans d'autres pays quand il pourra voyager ou quand il sera en tournée. Il se dit qu'il pourrait aller au Mont Saint-Michel cet été, et ça lui remit un peu de baume au cœur.

Il arriva devant un grand bâtiment. C'était le cabinet du docteur Stuarts. La devanture était loin d'être moderne, donc cela faisait plaisir et en même temps  amusait un peu Emerson qui se demandait pourquoi ce bâtiment n'avait pas été refait, comme tout les autres qui l'entourait. Les briques oranges et rouges étaient propres et bien posées. La bâtiment était tout en hauteur et était surplombé d'un toit plat dont ou devait sûrement avoir accès par un escalier. Les fenêtres rectangulaires entourées d'un cadres noir étaient alignées. L'une d'elle, tout en haut, était ouverte. Emerson releva la tête et aperçu des cheveux blonds et courts onduler dans le vent matinal. Il reconnut le garçon en fauteuil d'il y a quelques semaines. Sebastian lui avait un peu parlé de lui et lui avait dit qu'il s'appelait Victor (selon le docteur Stuarts). Emerson voyait seulement une main blanche balancée dans le vide, et il se demandait bien pourquoi un adolescent se lèverait à une heure pareil un samedi. Il haussa les épaules, et baissa un peu la tête. 
Il resta adossé au mur du bâtiment une bonne demie-heure, un livre à la main. Quand il entendit une serrure se déverrouillé à huit heures pétantes, il sursauta légèrement, un peu dérangé dans sa lecture. La tête du docteur Stuarts passa par l'encadrement de la porte. Elle sourit à Emerson qui lui dit un faible "bonjour".

-Je ne pensai pas vous voir maintenant, dit le docteur à Emerson qui rangea ses affaires
-Je suis arrivé en avance exprès, lui répondit-il 
-Je vois ça.

Elle lui sourit et se poussa de la porte.

-Je vous laisse entrer alors, lui dit-elle doucement

Emerson hocha la tête et entra dans le couloir qui semblait encore plus sombre que d'habitude.

-Alors, commença le médecin, je suppose que vous n'avait-...
-Toujours rien dit, non, finit rapidement Emerson
-Vous devriez je pense.
-Je ne veux surtout pas les inquiéter, ils ont déjà assez de problèmes comme ça, surtout Remington.
-Je comprend."

Ils avancèrent jusqu'au cabinet. Emerson inspira longuement avant d'entrer suivit par la psychologue. Pendant un bref instant, il se demanda si, effectivement, ne rien dire à ses frères par rapport à son état de santé était réellement une bonne idée ou non. Il se mordit la lèvre et s'assit dans le fauteuil en face du bureau, serrant fortement ses mains entre elles en espérant que si ses frères apprenaient un jour qu'il venait là toute les semaines en cachette ici, ils ne le prendraient pas mal. Mais cette espérance semblait pourtant très lointaine pour Emerson qui regarda par la fenêtre. Il faisait gris et il semblait que quelques gouttes tombaient doucement du ciel pour s'écraser au sol et sur les toits. Cela lui rappela quelque peu ses pensées dernièrement. 

Maladivement MortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant