Bizutage

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PDV Rose, Clairefontaine.

Je relève la tête, avec difficultés, et aperçois la silhouette de Didier.
Je ressers mon étreinte autour de mon frère, sachant pertinemment ce qu'il est venu m'annoncer.

_Peux-tu nous laisser un instant, Benjamin, lui demande-t-il, dénudé d'expression apparente.

Ce dernier se tourne vers moi pour avoir mon approbation.  Je souffle discrètement et hoche la tête dans sa direction.

Il se lève et sors de la pièce, après m'avoir fait un petit clin d'œil de soutien.

L'entraîneur des bleus s'approche de mon lit et j'essaye de me lever pour l'accueillir dans une tenue un peu plus présentable.

_Reste allongée, s'il te plaît, Rose, me dit-il, doucement.

Peu habituée à ce comportement, je lève un sourcil interrogateur mais exécute ses ordres. Il se dirige vers la fenêtre entrouverte, puis après quelques secondes, se tourne vers moi.

_J'ai conscience de la froideur avec laquelle je t'ai accueilli ici et je voulais venir en personne t'expliquer ce comportement.

Ces quelques mots me laisse perplexe. C'est bien la première fois qu'il s'adresse à moi sans son masque d'homme dur qu'est l'entraîneur au fond de lui. Je me tais et attend qu'il continue. Il me doit bien ces explications, après tout.

_Le foot est un sport, non un jeu. Lorsque Benjamin m'a appelé pour que j'accepte de te prendre à l'essai, j'étais très mitigé mais j'ai accepté car je lui fais confiance et pour qu'il soit aussi affolé, c'est que la raison derrière devait être importante. De plus, Guillaume était très ouvert à l'idée d'avoir une assistante. C'est la première fois que j'engage sans tester un membre de l'équipe et il était primordial pour moi de te tester. Beaucoup de photographes ou employers ici se sont vu retirer leur contrat car leur unique but en venant ici était de s'amouracher avec les footballeurs. J'ai besoin de quelqu'un qui aime son travail et qui le fais par passion et non en quête de célébrité. Il est trop tôt pour que j'ai la certitude parfaite que tu ne seras pas comme tes prédécesseurs mais ce que j'ai pu voir de toi m'a montré que tu étais une personne de caractère, déterminée et j'aime ça. J'accepte donc de te prendre en tant que stagiaire et j'espère que tu ne me décevras pas.

Sur ces mots, il m'adresse un petit sourire et se retire, me laissant me reposer.

Je suis clairement sous le choc de ce discours mais non moins contente. J'ai réussi à intégrer le staff et la perspective de vivre pendant plusieurs mois au côtés de mon frère, me réjouit plus que tout.

Ce dernier fais irruption dans ma chambre quelques temps plus tard et je lui explique la situation, tout sourire. Il me prend dans ses bras et me promet que je vais passer le meilleur été de toute ma vie. Je ne sais pas pourquoi, simple intuition, mais pour une fois, je le crois sur parole !

Un coup discret retentit alors, une seconde fois sur ma porte, et apparaît alors la petite tête de Marion. Lorsqu'elle voit mon visage illuminé, elle rentre dans la chambre.

_Je te l'avais dis que t'avais du talent ! Surtout ton petit numéro de crise c'était parfait ! Me dit-elle et voyant que je la regarde bizarrement, elle explose de rire.
_Je sais que ce n'était pas du bluff mais en tout cas tu es prise c'est le principal, j'aurais enfin quelqu'un à qui raconter mes petites histoires de fille !

Je lui fais alors un petit clin d'œil. Marion est vraiment une personne adorable et je suis très contente d'avoir pu faire sa connaissance, je me sentirai moins seule au milieu de cette marmaille.

La cloche du dîner retentit et Marion regarde sa montre en fronçant les sourcils.

_Merde, je vais être en retard.
Et elle file aussi vite qu'elle est arrivée.

En haut des gradinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant