Prologue - un Flocon de Diamants

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Diplomatie et revers de politique.


Depuis un an, Patience a reprit les rennes du Clairdelune après que leur ex-frère, ai été rayé de la Toile. En vérité, tout le monde faisait comme si de rien était, après la mort de la vieille architecte, des cinq représentants Mirages, la disparition de Philibert, la coupure du lien d'Archi... Tous, se mentaient à eux-mêmes et retournaient à leurs activités, avec une mine hypocrite.

Le seigneur Farouk aussi a changé, il faisait plus attention à son arche et ses affaires familiales. La chambre de la Roulette, n'était plus livrée au hasard. D'ailleurs les ministres essayaient de trouver un nouveau nom, pour ce tribunal judiciaire. Berenilde a quitté la cour pour élever sa fille, prénommée Victoire, par la petite *liseuse* d'Anima, qui était repartie rapidement chez elle.

Après tout, l'Intendant s'était volatilisé, même après s'être fait gracié et avoir eu un titre nobilitaire. Mme Thorn, n'avait donc personne pour l'accueillir, ici. Et puis, *elle* suspectait autre chose. Elle était sûrement rapatriée par l'autorité animiste, parce qu'après tout, Archi s'entendait bien avec elle. Il l'aurait bien hébergé.

Enfin, le passé restait le passé. Un an s'est écoulé. Les domestiques commençaient à réclamer des droits et franchement, elle les comprenait. Mais, elle n'avait pas son mot à dire et toutes ses soeurs la regarderaient de travers ou avec mépris.

En fait, elle ne se sentait pas à sa place, depuis que tout est chamboulé ici-haut. Même le Clairdelune, semblait moins beau, moins lumineux. À vrai dire, elle ne se sentait pas à sa place, depuis lui semblait-elle, être une éternité.

Toutes ses soeurs voulaient devenir les futures favorites de Farouk... sauf Patience, bien évidemment. Personnellement, *elle* s'en fichait comme de son premier biberon. De Farouk. Des hommes, en général.

Clairement, les femmes étaient beaucoup plus attirantes à ses yeux. Enfin, elle n'avait pas son mot à dire, encore une fois.

Aujourd'hui, Patience avait appelé tout le monde dans le boudoir du printemps. Des ottomanes, des canapés ensevelis sous des tonnes de coussins ont été installé, ce jour-là. Quelques ministres, politiciens, étaient venus s'avachir sur les larges sièges, leur embonpoint plus large que des ballons. Patience, sérieuse, s'était assise en bout de table, présidant, dans une robe de taffetas noir. Évidemment, Archi n'était pas convié et ne serait de toute manière, pas venu.

-Nous avons un sérieux problème, messieurs. Lança Patience, d'une voix sèche.

Les hommes se relevèrent avec difficulté, pour prêter attention à l'ambassadrice. Nous, ses soeurs, étions assises dans un coin, entre chouquettes et gâteaux au chocolat. Elle, était plutôt attentive. Ce qui allait être annoncé, était important. Elle le sentait et puis, elle percevait les pensées angoissées de Patience.

-Mme l'ambassadrice ? Demanda un ministre ventripotent, aux paupières tatouées.

-Le seigneur Farouk, pour son nouveau départ, a décidé de réapprovisionner la cour et les favorites de véritables pierres précieuses.

Douce se curait délicatement les ongles. Un homme de la Toile demanda.

-Nous le savons. Il va falloir communiquer avec les Alchimistes de Plombor, mais il reste un *soucis*, ces Arcadiens ont fermé la Rose des Vents interfamiliale.

Patience hocha la tête, les mains croisées devant elle.

-Exactement, messieurs. Comme l'a stipulé l'intendant aux derniers États Familiaux, notre taux de monnaie n'est pas assez élevé pour payer le déplacement des gemmes et d'un Alchimiste, en plus des autres problèmes de ravitaillements que nous traversons, en ce moment. Elle prit une longue inspiration. J'ai pris la liberté de prendre une audience, avec le Seigneur Farouk pour faire avancer la question.

-Sans nous consulter ? Cria un Mirage, poudré et outré.

-Déjà que les Déchus vont revenir à la cour dans un mois et en plus vous nous faites plus confiance, Mme l'ambassadrice ? S'insurgea un autre dégoûté.

Un brouhaha s'éleva dans le boudoir du printemps. Ne pouvaient-ils pas la laisser finir ?

-Silence. Claqua Patience, offrant une pièce calme de nouveau. J'ai donc parlé au seigneur Farouk, qui a validé mon idée. Les Alchimistes ont accepté de payer eux-mêmes le déplacement par dirigeable en échange d'un contrat, écrit et signé par Farouk et Midas, dans une correspondance secrète.

-Une correspondance secrète ? Mais de quoi parlez-vous, donc ?

Les bruits des tasses de porcelaine et des cuillères étaient tout ce qui restaient de perceptible, après le regard glacial de Patience.

-La décision est déjà prise. Le contrat stipule, que l'Alchimiste qui viendra sur la Citacielle, pourra épouser une de mes soeurs et accoupler son pouvoir au sien.

Douce lâcha sa lime à ongle, avec un faciès atterré.

-Vous nous amenez encore des étrangers ? Cracha l'un.

-Taisez-vous, où vous allez disparaître derrière un sablier, vous !

-Messieurs, gifla Patience, une de mes soeurs sera choisie et elle partira avec cette personne sur Plombor. Cette alliance devrait payer sur deux siècles, les déplacements des Alchimistes.

Puis elle se leva, les Ministres la suivirent dans un tintamarre de pas énergiques. Le Clairdelune était dans tout ses états.

Pour elle, c'était une opportunité : celle de s'échapper de la cour, de l'ambassade, de la Citacielle et du Pôle. Vivre sa vie, ailleurs. Être coupée de cette famille, de ce clan, qu'elle ne voulait plus vraiment. Prendre un nouveau départ.

-Clairemonde ? Vous venez ? Demanda Grâce, distraite.

Elle releva la tête, quittant ses pensées.

-Juste un instant, je vais passer à ma chambre, je vous rejoins de suite.

Elle était Clairemonde, celle qui disait des choses avisées. Celle qu'on oubliait. Mais, si elle se faisait choisir, elle serait libre d'être quelqu'un, de repartir de zéro. Elle était même prête à briser son fil.

Elle le souhaitait, de tout son coeur.

LADY HYACINTHE ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant