Chap 5. Le bal des poupées

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Peintures, fresques mouvantes, nobles poudrés à la pelle et des murmures à la voix précieuse. Tout le monde avait effectué un "oh !" de stupeur, en voyant les portes de l'Antichambre s'ouvrir sur l'ambassadrice et une étrangère très attendue.

Hyacinthe se déplaçait avec lenteur et regardait chaque visage, chaque maquillage, chaque domestique, les éventails, quelques jeunes filles avec un air un peu perdu.

Hyacinthe savait qu'à partir d'ici, les nobles pouvaient avoir une chance d'accéder à la cour et donc à leur esprit de famille, Farouk.

Les aristocrates s'inclinèrent devant les deux femmes. Hyacinthe fit un sourire mielleux presque terrorisant, qui éloigna même le journaliste de presse, qui la fixait dans le coin de son regard. Tant mieux, elle n'avait pas le temps pour cela. Elle avait un petit plan en tête, pendant que Patience croyait lui jeter de la poudre aux yeux, avec son bal.

Il ne fallait pas s'y méprendre, Hyacinthe adorait les bals, mais elle était sûre, qu'ils n'auraient rien avoir avec ceux organisés sur Plombor. Et pour cause, leur culture était très différente.

Un petit homme, assez mince et silencieux, récupérait toutes les requêtes des nobles, qui s'approchaient un peu trop près de l'ambassadrice. Sûrement un majordome.

Hyacinthe espérait que Calypso soit au prochain passage de l'Antichambre, elle avait, après tout, une nouvelle mission à lui confier. De la plus haute importance. En espérant qu'Archibald ne vienne pas fouiner de nouveau. Après tout, elle devait repartir en fin d'après-midi du lendemain.

Et, elle savait qu'une piste, ici, au Clairdelune, mènerait à Dieu. À au moins, une parcelle de son existence.
Hyacinthe connaissait les déplacements de ce scolopendre : si les événements s'étaient déroulés, l'année passée, Dieu n'était déjà plus intéressé par le Pôle. Il ne cessait de bouger au travers les arches.

Hyacinthe fit la moue et inquiéta une vieille dame avec son chien énorme. Elle rectifia son visage aussitôt et passa une mèche lapiz-lazuli, derrière son oreille.

  -Nous y sommes. Annonça Patience.

Elles étaient devant une porte, gardée par deux hommes, habillés de la même façon que celui qui escortait Archibald. Sûrement des gendarmes.

  - J'ai hâte de voir cela.

  - René, appela l'ambassadrice, prenez les fourrures de Lady Hyacinthe, c'est intolérable qu'elle ne puisse pas regarder où elle marche, avec des bras aussi chargés.

Aussitôt, le petit homme mince, au regard clair et aux cheveux noisettes, se dépêcha de prendre le manteau, le manchon et la toque blanche. Le sac aussi. Il s'apprêtait à partir, mais Hyacinthe, le rattrapa par l'épaule et murmura à son oreille, pendant que Patience demandait aux gardes d'ouvrir les portes.

  - Vous restez à côté de moi, vous ne me lâchez pas d'une semelle, je veux avoir mes affaires dans mon champs de vision, est-ce clair ? Lâcha-t-elle d'une voix suave.

René ouvrit et ferma la bouche avant d'acquiescer rapidement.

  - Bien, ma Lady.

  - René vous pose-t-il un problème, Lady Hyacinthe ?

Hyacinthe releva la tête, avec un grand sourire.

  -Pas du tout. C'est parfait, allons-y.

Patience fronça légèrement les sourcils, mais hocha la tête. Elles rentrèrent donc, par la porte gardée. Aussitôt, une nuit d'été épaulait le ciel d'illusions. Une roseraie aux senteurs exquises, se dévoila sous des arcades de cristal.

LADY HYACINTHE ━゙LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant