Chapitre 5

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Mon coeur se serre, ma respiration s'accélère. Je suis figée, je n'arrive plus à bouger, impossible de faire n'importe quels mouvements. Je n'arrive plus à entendre quoi que se soit. Il commence son discours mais je n'entends rien, je vois juste ses lèvres qui bougent. Il est là devant moi, avec son jolie costard bleu marine qui lui va à merveille. Je le fixe, impossible de détacher mon regard. 6 ans...mon coeur se serre encore plus, mes yeux commencent à me piquer. Non je refuse de verser une seule larme pour lui, 6 ans que je n'ai pas pleuré et il suffit qu'il refasse surface, pour que les larmes me montent aux yeux. Il en est hors de question, je ne suis plus cette petite fille qui croit à l'amour, j'ai changé, j'ai mûri, je suis devenue une femme. Une femme d'affaire qui sait ce qu'elle veut dans sa vie et je ne veux certainement plus de lui. Je vois qu'il regarde tout le monde dans la salle, mais quand son regard se pose sur le mien... J'en ai froid dans le dos, il me fixe et s'arrête de parler. Oui, lui aussi ne pensait pas me voir ici. Surprise ! Son regard est insoutenable, je veux m'enfuir, du passé qui me reviens de plein fouet, ou même m'enterrée dans un trou. Je vois qu'il secoue sa tête comme si il voulait reprendre ses esprits.

- Heu oui, donc je disais ...

Je ne l'écoute déjà plus, il reprend son spitch comme si de rien était. Merci pour cette délicate attention, c'est si généreux de ta part. Non mais à croire que je veux quelque chose de plus, n'importe quoi. Je ne supporte plus, je veux sortir, m'en aller, n'importe où. Mais tous ce que je vois c'est ce bar qui m'appelle. L'alcool, oh oui, allons nous chercher un verre. Je pars vers le bar, en laissant Isaac écouter ce discours qui ne m'intéresse pas le moins du monde. Je fais signe au barman et demande un shot de tequilla. Autant y aller franc jeu, nan ? Il me sert et en a rien de temps, le shot a disparu pour finir sa course dans ma bouche, le liquide me brûle la gorge même si cela me fait un bien fou. Malheureusement cela est de courte durée, trop même. Je me commande cette fois-ci un cocktail, autant en profité. Assise, j'attend la fin de ce discours pitoyable. Les gens applaudissent, je suppose que c'est la fin. Isaac ne perd pas de temps  pour me rejoindre. Il se place en face de moi et me sourit, un sourire que je lui rend. Il n'a pas besoin de savoir que c'est le chaos dans ma tête.

- Ça ne va pas Ivy ? Me demande t'il, un peu inquiet.

J'ai envie de rire mais je me retiens. Bien sûr que tout va bien, j'ai juste revue le démon de mon passé mais sinon, en soit, je passe une bonne soirée. Je garde gentiment mes pensées avant de lui répondre:

- Oh je n'avais juste pas envie d'écouter, c'était un peu ennuyant.

- Tu as raison. Dit-il en rigolant. Je serre les dents, si il savait que ce n'est absolument pas pour ça que je suis parti. Mais bien parce que la carapace de Ivy Millers a une petite fissure.

Je sens une présence s'approcher de nous. Oh non si c'est pour encore parler de ma vie, je vais craquer. Je respire un bon coup et me fige. Son parfum, celui que je connais trop bien. Je sais que c'est lui, il n'y a que lui, qui a cette odeur que je pourrais reconnaître entre milles. Faites qu'il ne vienne pas. Malheureusement Dieu est contre moi. Isaac se met à côté de moi pour laisser passer l'homme qui m'est inconnue après 6 ans d'absence.

- Liz...? Me demande t'il. Oh ce con, c'est pas vrai. J'ai envie de claquer ma tête contre le bar. Je prend la parole avant qu'il ne puisse finir sa pharse.

- Enchanté, Ivy Millers. Je lui tend ma main, il a l'air dubitatif avant de serrer ma main plus gentiment que je ne le pensais. Je regarde Isaac et sans savoir ce qui me passe par la tête, je continue en disant.

- Et voici mon mari, Isaac Millers.
Mais qu'est ce qui me prend, putain. Isaac ne dit rien et j'ai l'impression qu'il comprend. Il serre la main de Anderson avant de se rapprocher de moi et passe sa main autour de ma taille. Oui je sais, il a une femme. Et ce que nous faisons est totalement inapproprié. Sa femme est tellement gentille avec lui, qu'elle accepte tout ceci parce qu'elle sait ce que je subis
aux galas, dans lesquels j'ai l'habitude d'aller. Je me rends compte que les yeux de l'homme qui se tient devant moi sont électriques, il a l'air en colère. Contre qui ? Moi ? Tu croyais que j'allais t'attendre ? Bon, en soit je ne suis pas prise mais ça, il n'a pas besoin de le savoir.

- Wesley Anderson, PDG de Anderson industrie. Il le dit d'un ton ferme, plus dur. Il me lâche plus du regard. Tu as un problème mon grand ? Isaac prend la parole avant que je ne puisse sortir un mot de ma bouche.

- Ivy est la fondatrice d'Antares. Dit-il d'une traite comme si il voulait lui ferme son bec. J'ai envie de rire mais je préfères me mordre la lèvre pour éviter de sortir un son.

- Antares, whaou, je suis honoré de votre présence ! S'exclame t'il un peu trop faussement à mon goût.
Cependant tu n'as pas tort, tu peux me remercier,  c'est grâce à moi si l'économie du marché va aussi bien. Oui monsieur je suis supérieur à toi.

- Oui, c'est mon entreprise, cela vous étonnes monsieur Anderson ? Vous ne pensez pas qu'une femme peut être à la tête d'une aussi grande entreprise qu'est Antares.
Je ne sais pas pourquoi je m'emporte mais je veux lui fermer sa bouche et qu'il s'en aille.

- Je n'ai jamais dit ça madame Millers, je suis juste surpris de voir que vous avez accepté mon invitation.
Si je savais que c'était toi derrière cette invitation, crois moi je ne saurais pas ici. Loin de la.

- Et bien, je suis la, comme vous pouvez le voir.

Je suis froide et hautaine mais j'en ai rien à foutre.
Oh, vous êtes surpris de mon vocabulaire ? Vous n'êtes pas encore habitués, ne vous inquiétez pas, vous vous y ferez très vite. Madame parfaite n'existe pas après tout. Je me rapproche d'Isaac et lui chuchote dans son oreille si il peut me laisser seule avec cet homme. Je veux vite remettre les choses au clair avec lui. Il acquiesce en déposant un tendre baiser sur ma tempe, avant de s'éclipser. Je sais qu'il a fais exprès pour approfondir mon mensonge.

Je regarde Wesley, il a changé, ses yeux sont plus foncé qu'avant, ses yeux marrons ont viré à un noir plus profond, avec cette ligne jaune qui traverse sa pupille. Il l'a toujours eu mais cette fois ci elle est plus intense. Sa mâchoire est plus carré, mais ses faussettes sont toujours bien là. Ses cheveux chataing sont un peu plus long que ce que j'ai connu. Il a une petite barbe qu'il lui donne pas mal de charme. Je sais que je le fixe en le détaillant. Mais que voulez vous, après 6 ans, les gens changent. Je remarque qu'il m'observe de la même façon que moi. On dirait deux inconnus. J'ai envie de hurler, je veux que ce cauchemar s'arrête. Achevez moi, je vous en prie. Il prend la parole, après ce bref moment de silence.

- Tu peux m'expliquer ? C'est quoi ce délire Liz ? Dit-il dans l'incompréhension la plus totale.
Comment ça, ce délire ? J'ai envie de le gifler. À croire que c'est moi qui ai voulu de tout ce bazar dans ma vie. Je n'ai rien demandé. Si je n'ai pas repris contact avec lui, depuis 6 ans, c'est pour une bonne raison nan ?

- Tu te fous de moi ? Je lui ris au nez avant de continuer. Mon prénom c'est Ivy maintenant, si j'avais su que Monsieur Anderson, c'était toi. Tu peux me croire, je ne serais pas ici. Je m'arrête pour boire une gorgée de mon cocktail, avant de reprendre.
D'ailleurs, depuis quand Anderson est ton nom de famille ?

- Comme toi, je voulais changer. Je ne voulais plus être l'homme que j'étais, il y a 6 ans. Affirme t'il.

- Je ne veux rien avoir avec toi, je ne t'ai jamais vu, tu ne m'as jamais vu. Nous sommes des inconnus, je vis très bien sans toi.

- Oh, mais moi aussi je vis ma meilleure vie. C'est une bonne idée, restons des inconnus. Je ne te reconnais plus... finit-t'il par dire dans un souffle.

Il me regarde maintenant comme une inconnue, comme si rien n'avait jamais existé. Bizarrement, mon coeur se serre, je n'arrive plus à penser correctement. Je pris alors un ton froid pour lui annoncer :

- Bien Monsieur Anderson, si vous voulez bien m'excuser. Je m'en vais rejoindre mon mari.

Je le vouvois pour mettre plus de distance entre nous, c'est mieux ainsi. Je passe à autre chose. Je vais pour partir, mais il se rapproche dangereusement de moi. Comme un félin qui va attaquer sa proie. Il est trop prêt, beaucoup trop prêt. Je sens son souffle chaud s'écraser sur mon visage, sa bouche se rapprocher de mon oreille et sa main se pose délicatement sur ma cuisse. J'ai chaud, il y a une tension entre nous, cette tension, je la connais bien. Je pensais qu'elle serait partie avec le temps mais j'avais tort. Son contact me brûle la peau, je veux vite en finir. Mais pourtant j'aime ça, je ne comprend plus. Et dans un murmure il me dit.

- Vous êtes resplendissante, Ivy.

Je te veux !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant