Le Réveil

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Le choc de l'atterrissage fut énorme. En détresse respiratoire comme si on m'avait collé un coup de pied dans le diaphragme, je me redressais, tentant de reprendre ne serait-ce qu'une petite bouffée d'air. On me bloqua les épaules sur une surface plane.

- Calmez-vous, mademoiselle ! Tout va bien, vous êtes en sécurité.

Ma vue s'intensifia. Un homme était penché sur moi. Ce n'était plus Lucifer. Ce celui-la était en tenue de secouriste. J'étais dans une pièce blanche, de petite taille, confinée, avec des outils médicaux... Une ambulance. Mon dos me faisait terriblement souffrir... Ainsi que mes jambes... Et ma tête...

- Ah...

Je souffrais tellement que mon corps subi un violent spasme. Je n'avais qu'une envie : m'arracher la peau. Comme des milliers de fourmis qui circulaient dans mes veines, des braises me brûlaient la chair. Je me devais de les libérer, de les faire sortir de mon corps, de me lacérer...

Lorsque je commençai à me gratter frénétiquement en m'arrachant les petits morceaux de peau, l'ambulancier m'agrippa les bras et tenta de m'arrêter.

- Mademoiselle ! Calmez-vous ! Vous êtes en sécurité, tout va bien ! S'il vous plaît, veuillez rester calme, ne faites pas ça !

Mais les mots censés être réconfortants qui sortaient de cette bouche me passaient tous au dessus de la tête. Dans un nouvel élan de douleur, je me mis à hurler. Au bord de la folie je me débâtit. Ma tête parti violemment en avant, percutant celle de l'ambulancier qui tentait désespérément de m'aider. Mes mains attrapèrent malgré moi le masque à oxygène posé sur mon visage pour m'en débarrasser. Soudain, sans que je ne comprenne quoi que ce soit, la douleur s'amoindri pour disparaître. Ma vision ce troubla, et je n'eus que le temps de sentir ma tête basculer vers l'arrière avant que le trou noir ne m'atteigne. Comme quoi, l'étrange n'est jamais loin... Il y a quelques minutes je me trouvais dans un endroit un peu trop blanc à mon goût et maintenant je suis plongé dans le noir complet... Heureusement, ce dernier ne dura qu'un instant. Et a mon grand soulagement, aucun dieu ou démon ne vint me parler. Un peu de tranquillité ne fait jamais de mal. Je senti progressivement mes sensations revenir. J'étais allongée sur le dos. Mes bras et mes mains étaient posées sur une surface plane et moelleuse. Mes épaules s'enfonçaient dans ce qui me faisait penser à un lit. Quelqu'un parla :

- Lucie ?

Cette voix ..., elle éveilla en moi quelque chose de chaud. Une sensation qui en portait plusieurs. Sur un mot, une angoisse sans nom me quitta, un soulagement profond me gagna et ma peur disparut enfin. Des larmes commencèrent à couler sur mes joues. De vraies larmes. Celles qui viennent de mon corps et non de mon âme. J'ouvris la bouche avant d'ouvrir les yeux :

- Nikita ?

Je senti soudainement un poids se poser sur mon lit, et quelqu'un me serrait dans ses bras. Doucement et tendrement, comme pour ne pas me blesser. Un parfum que je connaissais bien m'envahit : Un mélange d'herbe fraîchement fauchée et de myrtille.

- Oh j'ai eu si peur...

- Tout va bien, dis-je d'une voix faible.

Elle s'écarta de moi et dit :

- Lucie ! Tu étais morte !

La violence des mots me força à ouvrir les yeux. Nikita avait des cernes qui lui tombaient jusqu'au bas des joues. Un oeil était même habillé d'un coquart digne d'une droite lors d'un combat de boxe. Elle semblait aussi épuisée que moi. Ce n'est qu'après quelques secondes que je vis son bras droit en écharpe. Elle finit par me demander inquiète :

- Comment tu te sens ?

-Aussi bien que si j'étais passée sous un camion... où suis-je ?

- À l'hôpital... Lorsque tu m'as poussé dehors j'ai pris un éclat dans le bras. Ce n'est que lorsque j'ai mis le pied hors du Bataclan que j'ai réalisé que c'était celui de la balle qui t'avait traversé la poitrine...

L'âme BlancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant