Écrire est une histoire bien difficile, aussi difficile que de tenir en équilibre sur un câble...
Dans les deux cas, nous avons besoin d'une tension ; seule elle nous tient, nous maintient dans le suspens d'un air sur lequel nous n'avons aucune prise.
Cet air siffle dans les poumons, il siffle encore dans la tête tel une petite rengaine. Il restaure l'énergie du corps dépensée dans les mouvements récupérant sans cesse notre équilibre. De même, il confère encore et et encore un nouveau souffle aux mouvements de la plume fatiguée à force de rattraper sans fin le fil de notre pensée.
Plus encore, on fait face au vide dans lequel l'équilibriste sur le fil verse le plus équitablement de chaque côté de la ligne qu'il garde sous ses pieds. S'engager sur le fil, c'est venir au contact du vide comme une plume au contact d'une page blanche, toute blanche.
Dès cet instant, toute action laissera une trace ; toute rature amènera une menace. Il est un danger pour le gaucher que de sa plume, il transperce et déchire la surface de sa page...
De même, il est un danger pour le funambule qu'il ne traverse le vide pour rencontrer ce qui se trouve au-delà.Écrire et marcher sur le fil constituent maintenant les deux extrémités de notre existence. Notre vie quelle qu'elle soit se trouve suspendue entre ces deux extrêmes, tantôt en équilibre autour d'une plume, tantôt en équilibre autour d'une sangle tendue. L'une comme l'autre nous permet de rejoindre la prochaine.
La traversée reste une aventure. Le suspens nous confronte à l'inconnu. Qu'allons-nous y découvrir ?
L'exploration des mystères, un temps suspendu au cours d'une vie. Comme une histoire suspendue au tracé d'une plume.
Qu'importe ces considérations... Lorsque l'aventure n'est plus sous-tendue par le fil de l'écriture et l'équilibre de la plume, elle tombe dans le néant. De notre vie il ne restera rien, et sinon, demeureront les marques d'une vie de rien, vide de sens — page blanche.
Tout de même, une vie en suspens est un art bien difficile à maîtriser, une histoire bien difficile à rédiger !
Au-delà (de nos limitations) se promène Pascal... Il nous attend, à sa façon !
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Anecdotes pascales
SpiritualComment dire ? Comment faire ? Comment expliquer à un poisson des profondeurs ce que c'est de marcher sur le sol, lui qui est porté - pris par l'eau - depuis toujours ? L'homme immergé dans le temps depuis toujours ne perçoit pas qu'il y une lim...