-1° L'anecdote de Pascal

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                                           Ou La vie en plusieurs temps

Pascal était célibataire, âgé d'une trentaine d'année. Plutôt solitaire, le jeune homme s'ennuyait quelque peu en province. De temps en temps, il scrutait les annonces pour un travail en ville. Mais ce matin, l'envie d'une ballade dans les champs l'avait détourné de ses recherches.

Il marchait tranquillement le long d'une route bordée par deux pâturages. Ces derniers étaient cernés de piquets de bois entre lesquels étaient tendus des fils barbelés. À environ une centaine de mètres sur la gauche, un bosquet fermait l'horizon. A droite, les vaches grattaient le ciel de leurs petites silhouettes.
La route de campagne continuait tout droit sur plusieurs centaines de mètres. Pascal n'était pas pressé, il se donnait le temps d'observer le défilé des nuages dans le ciel bleu pendant qu'il marchait. Le promeneur tenait aussi un café chaud à la main.

Soudain le promeneur remarque la carrefour auquel il faisait face : de la route partait sur la gauche un cheminen direction du bosquet. Devant le dilemme Pascal hésita, et s'arrêta. Continuer tout droit ou bien s'en aller en forêt ?
Le temps qu'il interroge ses envies, un 4x4 le dépassa pour s'engager sur ce nouveau chemin. Le conducteur s'en allait sûrement couper du bois, songea Pascal surpris par cette venue intempestive.

Enfin soit, il continua sa ballade le long de la petite route.

Le café était bon comme d'habitude mais qu'est-ce qu'il était chaud ! On était samedi, Pascal n'allait pas au travail. Il en fut soudain intrigué... Comment ce bon café chaud lui était parvenu entre les mains ? Troublé, il s'avoua ne pas s'en souvenir. Sans se retourner pour si peu, il continua son chemin le regard sur l'horizon, avide de réponses.

                § Qu'est-ce que vivre quand il est impossible d'oublier la mort ?

L'esprit en alerte, Pascal regarda sa montre. Il était 8h90 du matin ;  très matinal, il avait quitté son domicile vers 7h40. Logiquement il n'avait pas pu emporter son café avec lui, conclut-il. Comment celui-ci aurait-il pu demeurer dans sa tasse aussi chaud, aussi longtemps ?
Pascal réfléchissait beaucoup, il se savait tout autant lunatique en d'autres moments ! La mémoire lui revint d'un coup d'éclair : il avait repéré la tasse pleine, posée sur un piquet de clôture quelque part sur cette route. Et sans s'arrêter, Pascal l'avait saisie —comme d'une évidence— une fois parvenu à son niveau.

Le mystère levé, cette anecdote lui déplut. L'histoire n'avait  rien de fantastique. Néanmoins, la présence fortunée du café égaré en ce lieu lui était fort agréable ! Pascal retrouva aussitôt le sourire, sa journée était gagnée. Refait, il dégusta lentement les saveurs de ce moment en pleine nature.

Plus tard, une fois rentré de sa balade, tracassé par la préparation de son repas, le jeune célibataire repansa le souvenir autour de son café... En effet, il ne trouvait plus son Thermo pour conserver le café qu'il souhaitait faire couler en vue de l'après-midi. Il se dit alors qu'il avait dû l'oublier au pied du piquet de clôture où il s'était servi de café !
En colère contre lui-même  d'avoir eu cette idée, il devrait se passer de Thermo et attendre le lendemain pour aller le récupérer. Comme son manque de vigilance pouvait le mettre de mauvaise humeur ! Pour autant, Pascal fit un effort afin ne pas laisser son samedi être gâché par cette anecdote.

Le lendemain donc, Pascal se réveilla à 6h du matin, comme d'habitude. C'était le début d'une nouvelle semaine. Le pas lourd, il se leva et commença machinalement sa routine matinale. À 8h, il prit la route en voiture pour se rendre au travail dans la bourgade d'à côté. Il se souvint de justesse de la péripétie qu'il avait connue la veille.

Anecdotes pascalesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant