Le Roman Erotique

Chapitre 2

C'est ainsi que je me retrouvais à embrasser Damien dans les toilettes des hommes. Rien de désagréable là dedans, seulement ses mains commençaient à parcourir dangereusement mon corps, alors il fallut que je le fasse s'arrêter.

« Non... Damien, non. »

« Je sais que t'en as autant envie que moi, j'ai vu ton regard dans l'amphi, j'ai vu tes réactions, tu me désires Thamia. »

Sa voix suave et ses paroles me mettait dans un état terrible. Comment lui dire ? Comment refuser ? Je n'eus pas le temps de rétorquer quoique se soit que quelqu'un entra dans la pièce et, Damien me poussa à l'intérieur des toilettes en posant sa main sur ma bouche pour m'empêcher de parler.

Il me chuchota au creux de mon oreille : « Qu'est-ce que tu fais dans ses toilettes là ? C'était ton plan pour que je ne te retrouves pas ? Je te trouverais partout, Thamia. »

Il mordillait le lobe de mon oreille en m'empêchant de partir à cause de ses mains de part et d'autre de moi. Sa présence, sa prestance, son assurance, tout cela me faisait tomber sous son charme. Si seulement je pouvais me laisser aller... Seulement non, pas avec ce corps.

J'attendis alors que j'entende l'homme qui était entré repartir pour me dégager de l'emprise de Damien et partir en courant. Sans explication, sans une once de compassion.

Je rentrais dans mon petit appartement et m'écroulais sur mon lit, en pleurs. C'est ridicule je sais, ce n'est pas comme si j'étais amoureuse de Damien, mais je ne peux nier que j'avais envie de lui. Pourquoi alors je ne peux pas succomber ? Ce corps de femme. Oui, je suis un homme au fond de moi. Je rêve de pouvoir changer mon corps, pouvoir jouir de ma bisexualité en tant qu'homme. Vous me direz, si j'aime les deux sexes, qu'est-ce que ça change ? Absolument tout. Je ne suis pas à l'aise en étant une femme, je ne me sens pas, comment dire... ce n'est pas pertinent. Mes réactions, ma façon de séduire... pour moi ce sont celles d'un homme, c'est ce que je veux être. Certains sont heureux en étant des hommes et des femmes même si leurs corps lui, est du sexe opposé. Mais moi non. Je respecte ses personnes bien sûr, mais ce n'est pas ce que je veux pour moi. Ma poitrine, mes cuisses... Je n'en veux pas.

Mais ce qui me contrarie, c'est qu'en attendant je ne me sens pas capable de faire quoique se soit avec Damien et que, quand le changement aura enfin eu lieu, je ne pourrais pas non plus obtenir Damien. Pourquoi ? Parce que je le dégoûterais, c'est certain.

Alors voilà, je pleurs toute seule dans ma chambre dans mon grand appartement si vide et dépourvu d'amour charnel. Quitte à ne rien faire, autant poursuivre mon roman...

Seulement cela ne s'arrête pas là. Le lendemain, Damien réitéra ses tentatives de séduction. Cette fois-ci de façon plus fourbe, car il s'était confondu en excuse suite à l'événement des toilettes et après s'être assuré que ma confiance était revenue, il me proposa de manger ensemble chez lui car c'est juste à côté de la fac et, idiote comme je suis, j'ai accepté.

« C'était délicieux Dam ! »

« Ravi que ça t'ai plût ma belle Thamia. Ça te de jouer à un jeu vidéo ? »

« Bien sûr ! »

ça, c'était un point commun qu'on avait découvert à l'improviste entre nous. Damien était persuadé qu'adorant la littérature je ne serais pas du genre à aimer les jeux vidéos, quelle sottise ! Et moi, ça ne me serait tout simplement jamais venu à l'esprit. C'est donc en entendant une conversation avec d'autres amis à Damien que j'avais découvert cela et que je lui en avais parlé.

« J'ai gagné ! Tu dois donc enlever une couche de vêtement ! »

« Pardon ?! On avait pas du tout parler de ce genre de gage. On avait même pas parlé de gage du tout. »

« Roh t'es pas drôle Thamia... Bon pour la prochaine alors... »

Si il croit que je vais me laisser faire comme ça. Au moment où il faillit gagner une nouvelle fois, je me mis à le chatouiller à fond pour le déconcentrer et ça réussit incroyablement bien.

« Putain Thamia c'est de la triche ! T'as de la chance que j't'aime bien ! » Il enleva donc son t-shirt, sauf qu'il ne portait rien d'autre en dessous donc je pu voir son torse et rien que ça, c'était déjà trop par rapport à l'amplitude de l'envie que j'ai de lui.

« Non mais on va arrêter là de toute façon, va falloir retourner en cours. »

Il attrapa mon bras quand j'essayais de me lever et il me tira à lui. Je finis à genoux sur lui qui était assis sur le canapé.

« Damien qu'est-ce que tu fais... » Il commença à poser mes mains sur son torse. Il est pas con le mec, il a bien comprit que ce qui me gênait c'était qu'il me touche, et qu'en faisant l'inverse il allait suffisamment m'allumer pour que j'ai envie de poursuivre.

C'est ainsi que je me retrouvais à embrasser Damien à nouveau, et que cette fois je menais la danse en le déshabillant et en le caressant...

Je ne retrouvais la raison qu'au moment où, juste vêtu d'un caleçon, il réitéra ses tentatives de me dévêtir également. Je le repoussa avec une violence proportionnelle au dégoût de mon corps.

« Pourquoi tu fais ça bordel ?! »

Il me regardait avec des yeux de merlan fris.

« Mais... Thamia tu me plaît, c'est tout. »

« Qu'est-ce qui te plaît chez moi ? »

« Pardon ? »

« Tu as très bien compris. Qu'est-ce qui te plaît en moi. »

« Bah... t'es comme un bon pote sauf que t'es plutôt pas mal en plus quoi. »

« Un bon pote ? »

« Bah ouais... 'fin j'veux dire t'es une meuf je sais mais t'es cool comme des potes mecs que j'ai. »

« Et si j'étais un mec ? »

Il éclata de rire : « Ben je serais pas en caleçon en train d'essayer de te baiser ! »

Le coup parti tout seul. Je venais de le gifler.

A quoi je m'attendais ? Je savais très bien qu'il ne m'aimait pas, et que tout ce qu'il voulait c'était un plan cul. Sauf que je veux pas être son plan cul en tant que femme, et à aucun moment il n'envisagera de me voir en tant qu'homme avec ce corps. Parce que tout rentre dans des cases de nos jours, parce que l'on pense au physique avant l'esprit, parce qu'on oublie la passion pour des choses futiles.

Cette réflexion, je me l'a faisais chez moi, en pleurant dans mon lit. Et tout en pleurant, je me disais que, si j'étais un mec, on me dirait que je suis un gros fragile. Encore un cliché de merde tient.

J'avais quitté Damien après l'avoir frappé, parce que je ne voulais pas qu'il me voit comme ça plus longtemps. Je m'en veux terriblement, ce n'est pas de sa faute si il est comme ça, c'est la société qui veut ça. Et, il est adorable en temps normal. Et puis surtout, il ne m'a forcé à rien...

Et puis je réfléchissais. Et au fur et à mesure de cette réflexion je me disais, après tout, pourquoi pas ? Je hais mon corps oui. Mais il changera. Et je n'obtiendrais plus jamais Damien dès lors. Alors qu'actuellement il me plaît terriblement et que j'adorerais coucher avec. Dans ce cas, peut-être qu'en prenant sur moi, je pourrais essayer ? Qu'est-ce que cela me coûte ? Mon amitié avec Damien. C'est cela que j'ai le plus peur de perdre. Mais, je le perdrais en continuant d'être aussi contradictoire dans mes envies et dans mes gestes.

Oui, c'est décidé, je vais essayer.