Chapitre 6

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Reprendre le cour de sa vie après un viol c'est difficile. On se sent souillé, on se dégoûte. On se demande comment on a pu laisser cela se produire, comment le corps a t-il pu y trouver du plaisir.

Mais ce qui fut le plus dur c'est de se remettre de la mort de Thamia. Elle était tout pour moi et je ne pouvais imaginer que je ne la reverrai plus jamais. Je n'avais rien cherché à savoir, j'ai fuis, je ne voulais pas croire que ça avait pu arriver. En plus, le seul en mesure de me donner des renseignements n'était autre que mon violeur.

J'ai raté mes études, j'ai plongé dans l'alcool et je me suis isolé de tout mon entourage. Probablement la pire chose à faire n'est-ce pas ? Mais ils ne pouvaient pas comprendre tout ce qui pouvait me ronger.


Trois ans sont passés avant que je commence à guérir. Et ça aurait pu prendre encore plus de temps si je ne l'avais pas rencontré. Emilie, une jeune femme extraordinaire, ma psychologue. C'est une très mauvaise idée de s'éprendre pour la femme que l'on paye pour dire les pires choses de soi, mais c'est typique selon elle. Ce qui l'est moins en revanche c'est que la psy tombe amoureuse de son patient. Nous sommes donc ensemble, depuis 2 ans, ce qui fait donc 5 ans depuis la perte de Thamia.


Alors pourquoi je ressasse tout cela ?


Car il y a peu, alors que j'avais enfin fait un trait sur cette histoire, un phénomène inexplicable s'est produit.

« Le couple presque parfait » œuvre de Thomas Itturalde est sorti. Sauf que cette histoire, c'est le roman érotique que Thamia partageait avec moi.


Et il est hors de question que je laisse son frère s'enrichir sur son dos.


[...]


« Salut... ça m'a beaucoup surpris quand tu m'as envoyé un message... Je croyais que tu ne voudrais jamais plus me revoir. »

« C'était en effet mon intention, Thomas. »


Il avait beaucoup changé depuis la dernière fois. Ses cheveux étaient légèrement bouclés et brun et il s'habillait de façon bien plus ordinaire. Son excentricité étant l'une des seules choses qui permettait de le différencier de Thamia, j'avais à présent l'impression de la revoir sous mes yeux au masculin. J'en étais presque ému, mais il ne fallait pas que je perde de vue ce qu'il m'avait fait ni ce qu'il est en train de faire à Thamia.

« Eh bien Damien... Pourquoi m'as-tu recontacté alors ? Je dois t'avouer que de mon côté je n'ai eu de cesse de chercher un prétexte pour le faire. Mais, dans ma situation je ne me sentais pas légitime... »

« Tient donc ! On se demande pourquoi, Thomas. Dois-je te rappeler ce que tu m'as fais ? »


Il baissa la tête.

« Je ne cesserai jamais de m'en vouloir pour ça. J'ai tenté de me rassurer en me disant que je faisais ça pour laver l'honneur de Thamia, pour le viol qu'elle a subit à cause de toi... »

« Pardon ?! Mais moi je ne l'ai pas fais intentionnellement ! Elle s'est donnée à moi ! »

« Si tu l'avais écouté tu aurais compris qu'elle se donnait par dépit ! Tu n'as jamais écouté que toi et tes sentiments, sans la moindre attention pour les siens ! Tu n'as jamais compris ce qu'elle vivait ! »

« Ah oui car toi tu la comprenais peut être ? C'est pour ça que tu lui as volé ses écrits ! »

Cette exclamation créa un silence entre nous. Thomas esquissa un sourire triste l'espace d'une seconde.

« Quel imbécile je fais. »


Puis il tenta de s'en aller sans plus d'explication, ce que je ne laissa pas se produire car je l'attrapai par le bras.

« Je ne te laisserais pas partir tant que tu ne lui auras pas rendu ce qui lui appartient. »

Je le tenais fermement et le foudroyait du regard. Mais son regard m'enchantait, j'avais l'impression que Thamia me regardait. Le seul instant où je lâchai son regard fut pour regarder ses lèvres qu'il pourléchait. Sa main se posa sur ma joue tendrement et bientôt il avança mon visage vers le sien pour nous embrasser.

Un baiser intense et profond, un mélange de haine, d'amour, d'incompréhension et de nostalgie... Je ne savais plus qui j'embrassais, ni qui j'étais, ni ce que je vivais, je ne voyais que cette intensité. L'intensité de deux sentiments qui s'opposent et qui pourtant s'attirent.

Mais bientôt la rage prit le dessus, je me souvins que c'était Thomas et je me détachai de lui avant de lui asséner une violente gifle. Je pris la fuite, plein de honte et de dégoût pour l'acte qui venait de se produire entre nous.


[...]


« Bonjour mon amour ! Alors comment s'est passé ta journée ? »

J'embrassai Emilie du bout des lèvres et fuyait son regard. Mais à quoi bon faire semblant ? Elle fut ma psy avant d'être ma conjointe, je ne pourrai définitivement pas lui cacher.

« Damien... »

Je l'enlaçai fortement, sanglotant dans ses bras accueillant, déversant par torrent la tempête de rage et l'averse de tristesse qui m'accablait.

« Viens avec moi. »

Sa douce main m'emporta jusqu'à notre chambre. Depuis que nous sommes ensemble sa première méthode pour me faire extérioriser mes sentiments, c'est de coucher avec elle. Le plus surprenant étant que cela fonctionne incroyablement bien...


[...]


« Et... Saurais-tu m'expliquer ce que tu as ressenti lors de ce baiser ? »

« Du dégoût Emilie. Il m'a violé ! Comment j'ai pu embrasser mon violeur ? »

« On en a déjà parlé Damien. On réagit tous de façon très différente face à un traumatisme, tu n'as pas à te culpabiliser pour ça. »

« Ok, et le fait qu'il vole l'écrit de Thamia ? »

« Je t'ai déjà dis qu'il l'avait peut être écrit pour elle à titre posthume, telle était peut être sa volonté. »

« Non. Je connaissais Thamia, elle n'assumait pas du tout ce qu'elle écrivait. Et puis ce frère qui sort de nul part et qui fait comme si il la connaissait mieux que moi... Elle ne m'en avait même pas parlé merde ! »

« Crois-tu qu'elle te parlait de tout ? »


Cette phrase me plongea dans une profonde réflexion. Ma première impulsion aurait été de dire oui, mais dans mon cœur ça sonnait faux. Elle me confiait énormément de choses, très intimes, mais j'ai toujours eu la sensation de passer à côté de quelque chose au fond.

« Damien... ce que je vais te dire ne va pas te plaire, mais j'ai l'impression qu'on avance beaucoup mieux depuis que tu as revu Thomas. »

« Es-tu en train de suggérer que je le revois ?! »

« Si cela te mets autant en rage, c'est que tu as des choses à régler avec lui. On ne résous jamais rien par la fuite, en revanche en agissant ainsi on donne davantage d'argents au psy. »

Je poussai un long soupir. Elle avait raison, comme toujours.


« Très bien... j'irai. »

Le Roman ErotiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant