Chapitre 19

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Ce matin, je me réveille plus déterminée que jamais... ou plus angoissée que jamais. Aujourd'hui, ça passe ou ça casse. Les matchs éliminatoires sont stressants au plus possible : personne n'a envie de partir.

J'ai vu circuler sur les réseaux sociaux des messages semblables à : « gagner svp j'ai réservé l'hôtel jusqu'au seize » ou encore « j'ai envie de vivre ce que mes parents ont vécus en 98 ». Vous ne savez pas à quel point ils ont la pression, c'est incroyable. Déjà, Didier n'a fait que leur rabâcher les points techniques, même s'il a répété une centaine de fois qu'il leur faisait confiance, depuis qu'on est arrivés à Kazan. Moi, j'ai l'impression que je vais aller jouer le match avec eux sur la pelouse alors que je vais simplement le regarder du banc de touche. Je vais me sentir tellement impuissante si ça se passe mal.

Nous arrivons au stade quelques heures avant le match. J'aide à préparer les vestiaire avec le staff pendant que les garçons commencent leur entraînement. Quand je pense que le pauvre Adil s'échauffe à chaque fois pour rester sur le banc... ça me fait rire. Le stade commence déjà à se remplir et je reçois un message d'Adriana qui me dit qu'elle vient d'arriver.

Je monte alors dans les tribunes familiales où se trouvent déjà les femmes des joueurs. Je vais voir Adriana et Erika nous rejoint quelques minutes plus tard. J'ai fait la connaissance de Jennifer, la femme d'Olivier, et de Marine, la femme du capitaine, et de leurs magnifiques enfants. C'est dingue comme j'aime les enfants.

- J'aime bien la musique qu'ils passent en ce moment, dit Erika. Quelqu'un sait laquelle c'est ?

- Humm... Non, répond Marine. Essaie avec Shazam.

Marine sort son téléphone et lance l'application qui lui trouve la musique en deux temps, trois mouvements.

- C'est I like it de Cardi B, je réponds en même temps qu'Erika lit le résultat. Désolée je lisais mon message, j'arrive pas à faire deux choses en même temps.

Je regarde l'heure et m'aperçois qu'il faut que j'aille dans les vestiaires.

- Je dois y aller les filles, désolée de vous laisser.

- Transmet leur notre soutient ! Me dit Jennifer.

Dans les vestiaires, les gars sont déterminés, concentrés. Ils ont envie de gagner et ça se sent. Moi, je suis un peu stressée je dois dire, beaucoup même.

- Les gars, vous me regardez, demande Didier. Tous, deux minutes.

Didier prend le tableau sur lequel les magnets des joueurs sont collés. J'aime beaucoup ces magnets d'ailleurs, c'est très pratique un tableau aimanté comme celui-là. Le coach explique des choses aux joueurs, des notions que je ne saisis pas bien mais ils parlent de techniques et d'anticipation. Didier avait tout prévu. Cet homme est incroyable. Quand il a fini, des cris d'encouragements s'élèvent alors qu'ils terminent de s'habiller.

- Ça c'est juste des détails les gars, dit Paul en se levant, la mine et le ton déterminé. On veut voir des guerriers sur le terrain aujourd'hui. Eh ! Moi je veux pas rentrer ce soir. Moi ce soir, je rentre pas. Demain, je veux pas rentrer, on reste encore à l'hôtel. On va encore bouffer ses putains de pâtes là, sautées. On s'en bat les couilles ! Eh ! J'en ai rien à foutre aujourd'hui on rentre pas chez nous. On va finir content. Je veux qu'on fasse la fête ce soir. Je veux que tout le monde, aujourd'hui, on soit mort sur le terrain. Personne va lâcher l'autre, personne se lâche. Sur le terrain on est tous ensemble. Des bonhommes et des guerriers. Des soldats. Aujourd'hui on va les tuer aujourd'hui, les argentins là. Messi ou pas Messi on s'en bat les couilles. On vient pour gagner cette putain de coupe du monde. Faut passer par là. Et là j'veux voir des bonhommes. Ce soir, je veux voir le même sourire qu'elle porte Lesly là tout de suite sur les visages de soixante-six millions de français. Allez les gars !

Never Stop Dreaming ~ Equipe de FranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant